Placeholder

Rubrique Les choses de la vie

Mezghenna, avril 280 après la bombe (2306)...

«L’agression de l’Irak en 2003 rappelait l’invasion de la Pologne par l’Allemagne de Hitler. Les motifs existent toujours, même s'ils passent par la fabrication de preuves totalement farfelues. L'Amérique envoya Collin Powell au Conseil de sécurité d'une société mondiale qui avait pour nom ONU afin d'y présenter des témoignages (faux) sur la présence d'armes de destruction massive en Irak. Un président français du nom de Chirac s'opposa certes à l'invasion mais ne put rien faire...
« Après l’Irak et les règnes mi-figue, mi-déraison d'Obama et Trump, l'Amérique s'intéressa à la Syrie voisine. L'agression par terroristes et pays fantoches ayant échoué, le débarquement des troupes US, ordonné par un président du nom de Joe Biden(*), eut lieu en 2022. L'attaque fut particulièrement meurtrière. Poursuivant sur sa lancée, ce président qui devait mener «sa» guerre comme tous les démocrates hypocrites, tenta d’envahir l’Iran en 2025, suite à l’évolution critique du dossier nucléaire. À ce moment-là, personne ne soupçonnait Téhéran de détenir la bombe atomique et lorsque les soldats américains entrèrent à l'intérieur des terres perses, les Iraniens firent exploser leur engin en plein cœur de Tel Aviv. Les Israéliens répliquèrent en lâchant six bombes nucléaires sur les principales villes iraniennes.
« Russes et Américains ne tardèrent pas à se mouiller, au prix d’une double intervention nucléaire qui allait les mettre face à face. Le troisième conflit avait éclaté et le 16 juin 2026, ce fut la déflagration générale.
«Les grandes civilisations des siècles précédents avaient été rayées de la carte et l’ensemble de la population épargnée par les radiations dut se résoudre à vivre dans des abris souterrains spécialement aménagés. Après plusieurs décennies, on décida de sortir des trous mais en se protégeant des radiations à l’aide d’immenses bulles réalisées dans un alliage de verre et d’une nouvelle génération de plastique. 
«Très résistant, le Plasto 2132 couvrait pratiquement l’ensemble des cités modernes à travers la planète. De nouveaux matériaux avaient fait leur apparition et certaines sociétés proposaient un ciel fait d’écrans en polymère qui avaient l’avantage, outre la protection contre les radiations, de restituer, en représentation holographique 32 K (Ultra Très Haute Définition), les images réelles du ciel, tel que l’avaient connu les anciens. 
«Ce ciel pouvait même prendre les couleurs des saisons, en option. Mais tout cela revenait très cher et le territoire de Mezghenna dut se résoudre à installer une bulle sans options. L’ancienne capitale de ce qui fut l’Algérie n’avait pas les moyens d’un territoire comme celui de Hassi Messaoud 2 qui s’était offert cette merveille de la technologie GTM (Giga Trois Dimensions).
«La bulle du territoire d’Alger s’étendait du spatiodrome Houari-Boumediène à l’est à Tipaza à l’ouest. Au Sud, la ligne de séparation avec l'extérieur irradié allait de Oued-el-Alleug à Khemis-el-Khechna. Au Nord, les autorités avaient décidé de pousser les limites vers le large, malgré les avertissements des scientifiques qui mettaient en garde contre la contamination des eaux salées de l’ancienne mer Méditerranée. Mais, on tenait à profiter des plaisirs de la plage, malgré tout. Quelques soleils artificiels installés sous la voûte, tout au long du rivage, permettaient même aux accros du bronzage de dorer leurs peaux à n’importe quel mois de l’année. Et le soleil, allez-vous me dire ? 
«Depuis deux siècles, il était pratiquement invisible à partir de la Terre ! Certes, sa chaleur était toujours là, sinon l’espèce humaine aurait été totalement décimée. Mais les tonnes de nuages soulevés par l’explosion le masquaient à la vue humaine et cela pouvait durer des siècles encore. Pour l’observer, il suffisait de grimper au-delà de l’atmosphère terrestre et, heureusement, que cela était possible grâce aux vols habités de l’Agence spatiale algéroise.»
La lumière, revenue soudainement, fit mal aux yeux de Kamel qui, instinctivement, s’en protégea d’un geste de la main.
Le vieil homme commentait à son tour le film :
«Ce documentaire est composé de deux parties. La plus intéressante est la partie historique qui restitue fidèlement les faits. Cela s’était vraiment passé comme cela et les radiations sont restées pendant au moins un siècle. Mais, comme vous avez pu le constater, les conditions de vie sont normales à l’extérieur et le soi-disant danger des radiations devient de la propagande de l’Autorité !» 
Kamel, qui n’était visiblement pas préparé à vivre autant d’événements dans la même journée, se hasarda à poser une question :
«Oui, mais pourquoi l’Autorité fait cela ?
- Mais, pour garder la population sous contrôle», répondit le vieil homme qui poursuivit :
«En déclarant que le monde extérieur est invivable et dangereux, l’Autorité peut maintenir la chape de plomb sur la société. En faisant ce chantage à la mort, les membres de la Haute Autorité imposent des conditions strictes à la population comme l'état d'urgence, l'interdiction de rassemblement, etc. Cela veut dire : pas de vie politique, pas de libertés, pas de sorties du territoire de la bulle, une police répressive qui déshabille les gens dans la rue pour mesurer la radioactivité sur leurs corps ; en bref, une dictature adaptée au développement technologique de 2036 ! La meilleure politique est celle de l'Autorité et tous ceux qui s'y opposent sont des traîtres ou des vendus aux autres territoires hostiles.
- Mais les JTP (Journaux Transmissibles par la Pensée), les télés mobiles et les visioflashs sont libres ! fit remarquer Kamel.
- C’est une simple illusion. Tout le personnel est formé dans les centres de préparation psychologique appartenant à la commission de sécurité de l’Autorité suprême. Il en existe quatre qui ont pour mission de préparer les intervenants dans le monde de la communication. Des méthodes modernes et éprouvées permettent de donner une illusion de liberté, mais tout est contenu à l’intérieur de normes de sécurités malléables à souhait, en fonction de la conjoncture.
- Et pourquoi, tous les autres territoires dans le monde vivent-ils sous des bulles ?
- Bonne question ! Partout, sur toute la planète, les conditions de vie sont redevenues normales, mais la politique des Hautes Autorités est la même dans toutes les contrées. Ces structures de pouvoir, dirigées par des vieillards corrompus, ont les mêmes intérêts à défendre. D’ailleurs, elles se sont regroupées au sain de l’AMS (Autorité Suprême Mondiale) pour continuer ensemble à exploiter leurs peuples, à leur mentir, à les réprimer.
«Ces Autorités trouvent leur compte en mentant à leurs peuples. Dehors, non seulement la vie a repris mais certaines exploitations de richesses naturelles, certes archaïques pour le moment, sont désormais possibles. Ce sont les grands pontes de l’Autorité qui dirigent les chantiers et tirent un argent fou de la vente de ces matières premières livrées en catimini à des industriels véreux qui agissent à l’extérieur des bulles. À l’intérieur, les gens ne savent rien de tout cela et pensent que tout ce qu’ils achètent à un prix d’or est produit dans les laboratoires modernes et sophistiqués (...)
- Et vous, quel est votre rôle exact et avez-vous une chance de venir à bout de ce système ?
- Bonne question, mon ami Kamel ! Nous ne sommes pas seuls. Dans chaque territoire, sous les bulles de la honte et à l'extérieur, il y a des hommes libres qui se battent contre le mensonge et la tyrannie.» 
M. F.

(Extrait d'un roman d'anticipation écrit en 2004 et jamais publié, Hammaguir 2036).
(*) Les noms d'Obama, Trump et Joe Biden ont été ajoutés car ce texte a été écrit en 2004. Dans la version initiale, j'avais utilisé des noms fictifs.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Affaire USM Alger - RS Berkane La décision de la CAF tombe !

  2. Alger 22 blessés dans une explosion de gaz survenue dans un logement à El-Malha

  3. Demi-finale aller de la Coupe de la CAF Le match USM Alger - RS Berkane compromis, Lekdjaâ principal instigateur

  4. Le stade Hocine-Aït-Ahmed de Tizi-Ouzou pourrait abriter le rendez-vous La finale se jouera le 4 mai

  5. Coupe de la CAF, le match USMA-RS Berkane ne s’est pas joué Les Usmistes n’ont pas cédé au chantage

  6. Temps d’arrêt Lekdjaâ, la provocation de trop !

Placeholder