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Rubrique Lettre de province

La répudiation politique est-elle l’ADN du FLN ?

N’épiloguons pas sur les coïncidences qui ont poussé Ould-Abbès à une retraite  politique non désirée et contentons-nous de commenter les conséquences de la chute inattendue d’un courtisan qui avait la certitude de réussir seul la reconduction à son poste du Président. Or, en deux années (2016-2018), il semble bien qu’il fit plutôt le contraire de ce qui était attendu de lui, après sa désignation. En effet, récemment encore, il commanditait, avec une étonnante assurance, une expédition punitive à haut risque qui allait finir en eau de boudin au point d’inspirer des commentaires très durs dans la presse. 
La quasi-prise d’assaut du siège de l’Assemblée nationale ayant choqué l’opinion, il se fera pourtant l’avocat de cette démarche en laissant entendre qu’elle agréait la présidence souhaitant bouter hors du perchoir celui qui l’occupait jusque-là. Même si ses employeurs, habitués à lui donner des ordres, pouvaient faire confiance à cette vigie du FLN, il ne semble guère qu’ils soient allés aussi loin en lui dictant également la méthode pour y parvenir. D’où, peut-être, le début de la rupture de confiance dans cet exécutant en train d’occuper une surface politique trop grande pour être conforme à ses missions. D’ailleurs, ne s’est-il pas révélé, récemment encore, comme un homme d’appareil trop obnubilé par son statut d’acteur décisif dans la prochaine réélection au point d’éconduire toutes les offres de soutien émanant de plusieurs courants en leur exigeant qu’ils adoptent, à la virgule près, le programme de Bouteflika que seul «son» parti rédigera ! A travers cette mégalomanie, se manifestant de plus en plus souvent à mesure que l’échéance approchait, les conseillers du palais allaient constater que cette machine à gagner est devenue une broyeuse pour la plupart des partis. En effet, à force de malmener même les alliés de vieille date, la stratégie d’Ould-Abbès consistait à isoler dangereusement le FLN au cœur de l’espace politique. Et comme le personnage n’a jamais été en manque d’esbroufe, on le redécouvre sous les traits d’un «lider Maximo» faisant de son parti l’Alma Mater de la nation. Piètre doctrinaire et même dangereux démagogue, n’est-il pas parvenu à recourir à de fallacieuses hypothèses pour discréditer les partenaires du pouvoir et jusqu’à pointer un doigt accusateur à ses propres militants. En cela, Ould-Abbès empruntait effectivement la voie de son ancien prédécesseur qu’était Boualem Benhamouda qui laissa pour sa postérité la règle de la censure au sein du FLN. Celle de la «maison de l’obéissance». Sans doute parce que l’appareil prenait de l’eau à la suite du désastreux passage de Saâdani (2013-2016) que le palais crut bon de nommer ce courtisan hors pair espérant qu’il saurait restaurer l’unité interne et travailler à l’élargissement des réseaux de l’alliance. Depuis quelques mois déjà, l’erreur de casting et la nécessité d’y remédier au plus vite s’étaient imposées en haut lieu. Sauf qu’il manquait le bon prétexte pour actionner la traditionnelle machine du FLN consistant à placarder certains et à leur substituer, parfois même, leurs adversaires «intimes». Or, le réflexe historique est devenu le paramètre «idoine» afin de reconfigurer cycliquement l’inusable machin à gagner ou plutôt à trafiquer des votes. C’est ainsi qu’au-delà de la singularité des cas d’Ould-Abbès et de son prédécesseur Saâdani que l’on désigna puis dégomma, la «maison» en question a toujours opéré ses changements en transitant par la case du putsch.
D’ailleurs, les spécialistes en sociologie politique sont unanimes pour qualifier le FLN de cas atypique. C'est-à-dire celui d’un appareil réfractaire à la vertu du compromis et plus enclin à l’affrontement toutes les fois où s’imposent les besoins, soit de changer de dirigeants, soit d’adapter la ligne politique à des contextes politiques nouveaux. Certes, les séquences ayant jalonné son existence ont peu à voir les uns par rapport aux autres sauf que sa conception originelle le destinait à gouverner ;  et seulement à cela. Avec une si haute vocation, le parti est pourtant incapable de vacciner en toutes circonstances les colères des «mal-récompensés». Etonnamment, les révoltes internes sont perçues, à juste titre, comme des indices d’un changement de perspective au sommet de l’Etat. Consacré comme la principale grille de lecture du régime, le FLN focalise sur ses pulsations les principales données politiques du pouvoir. A ce propos, le quotidien Liberté souligne clairement sa symbiose avec les pouvoirs quand il titre dans son édition de jeudi «2019 divise le FLN». Ce qui n’aurait pas été possible dans le cas où Ouyahia viendrait à être privé de la direction du RND !
Plus d’un demi-siècle après sa naissance, peu de chromosomes ont changé dans l’ADN de ses relations dans la sphère partisane. Cultivant à ce jour une sorte de paranoïa à l’encontre de ses alter ego dans l’Alliance, il continue à se prévaloir d’une primauté historique usurpée. Ce fut justement au nom de ce faux «sang bleu» qu’il se retrouva souvent en décalage avec le mouvement historique qui vit l’émergence de courants autonomes qui le disqualifièrent à une certaine époque. La récession de son influence au lendemain d’Octobre 88 et les multiples échecs électoraux qui en furent la conséquence constituèrent sa traversée du désert, laquelle était presque semblable à celle d’un certain Bouteflika qui allait le remettre en selle à son arrivée au pouvoir en 1999. Mieux encore, l’année 2004 avec sa présidentielle et son putsch du 7e congrès allait lui redonner un avantage définitif sur les autres partis. Un tournant historique qui allait l’élever au rang de «parti présidentiel». Grâce à ce signe distinctif, ses secrétaires généraux devinrent des personnalités nationales de premier plan. Or, tout au long de la séquence allant de 2005 à ce jour, ils furent trois à être successivement parachutés puis «naturellement» répudiés. Ould-Abbès, celui d’entre eux qui ne fit qu’un petit tour de 25 mois, arriva aux responsabilités précédé d’une réputation alimentée par une somme incalculable d’ambiguïtés qui allaient lui valoir autant de suspicions que de démentis au point de provoquer l’hostilité  discrète des vieux militants. Ignorant superbement les règles organiques du parti, il se permit même de ne jamais convoquer le comité central s’autorisant, par sa seule initiative, de commander le programme électoral pour le cinquième mandat. C’était, entre autres, un grossier dérapage qui a fini par lui coûter cette infamante répudiation à laquelle il était le seul à ne pas croire !
B. H.

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