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Rubrique Lettre de province

Les désillusions d’un islamiste et la résurrection d’un putschiste

Après le caractère déplacé de la récente proposition qu’il vient de faire aux gens du palais, il est difficile de ne pas soupçonner le MSP, ou du moins, personnellement Makri, son secrétaire général, de faire la courte échelle au pouvoir en lui suggérant d’ajourner purement et simplement le rendez-vous électoral de 2019. Au nom de l’on ne sait quelle «transition» qu’il s’efforce de vendre depuis quelques mois, ne sait-il pas que ce genre de sursis est, dans tous les cas de figure, l’ennemi de l’alternance, cette vertu exclusive des urnes ?               
Même si l’illusion du vote est devenue, à son tour, une insupportable escroquerie du régime, il n’en demeure pas moins que les amendements dans le sens de la perpétuité des mandats électifs signifie, la «présidence à vie». Alors qu’il était attendu dans le rôle de fondateur d’un courant religieux d’inspiration turque, revoici Makri et l’ex-Hamas dans la posture de porteurs d’eau d’un palais qui n’en demandait pas tant de crainte d’effaroucher les agences électorales animant ses campagnes de propagande. Rien, par conséquent, n’a changé dans la démarche qu’avait entamée ce leader au lendemain des élections législatives de 2017. Subtilement d’ailleurs, il évite à présent d’évoquer la possibilité de changer de régime, préférant à ce sujet exciper de sa «sincérité et de son patriotisme» en évoquant sagement des solutions dont celle qui a trait à l’ajournement de la présidentielle. Or, pareille ambiguïté politicienne ne peut que jeter le trouble quant à son interprétation. Alors que rien n’a transpiré à partir du palais, ce scénario, qui s’inspire d’ailleurs du processus congolais de Kabila, semble, d’ores et déjà, inadapté à l’état des lieux du régime : là où ne se décline que le credo de la «continuité», cette antinomie de la «transition». 
A force de croire en son étoile en abusant de l’interpellation politicienne quand tous les centres de décision sont aux abois, Makri a fini par gâcher les possibilités du MSP de renouer avec le pouvoir. Un énorme échec que de nombreux militants de son parti expliquent tristement par son arrogance. Il est vrai que le «militantisme» a toujours rimé avec «entrisme» au MSP. C’était ce que son prédécesseur avait accompli de mieux aussi bien à son profit que pour les élus les plus dociles. A l’inverse, Makri n’est-il pas en train de découvrir les réticences de sa base alors qu’il s’était donné pour mission d’immuniser les ressources humaines de l’appareil contre les connivences émanant du pouvoir ? Comme quoi, seule la question de la «lumière» des postes de responsabilité intéresse ses compagnons. Ceux-là mêmes qui contestent son leadership au prétexte qu’il capte à son seul profit les feux de la rampe de la notoriété, disant de lui qu’il est devenu un arriviste refusant de partager les privilèges de la communication. Comme quoi Makri ne fait qu’aggraver sa solitude quand il pense qu’il œuvre à conforter le socle de sa carrière. Or, il se trompe après tant de désillusions au cours de ses interventions dans le champ politique.
Après le portrait, peu avantageux, de cet islamiste aux démarches pourtant rationnelles mais dont l’ambition lui causa tant de déceptions, intéressons-nous à l’inattendu Belkhadem renouant avec la visibilité médiatique grâce à l’indulgence du palais et à l’entregent des nouveaux animateurs du FLN. Un étonnant come-back d’une personnalité jadis pleine de suffisance mais qui connut, au crépuscule de sa carrière, les affres de l’humiliation avant de bénéficier d’une drôle de réhabilitation, laquelle ne saurait s’expliquer que par la profonde crise dans laquelle se débat son ex-parti. Le voici donc éligible à une seconde carrière de militant actif. Une résurrection inespérée qui s’imposa aux décideurs du palais déboussolés par la panne de leur machine à propagande qu’était le FLN à son époque. Même si sa popularité n’a jamais été à la hauteur des responsabilités qu’il occupa, son exécution politique fut perçue, en son temps, comme un vulgaire procédé de la part des donneurs d’ordre. Il est exact, en effet, que son bannissement de toute activité politique fut non seulement prononcé dans des termes peu conformes aux us politiques mais, de surcroît, il fut sciemment médiatisé afin de le donner en exemple, dit-on. Or, par son caractère maladroit et violent, sa répudiation a été évidemment interprétée comme une injuste expédition punitive. Belkhadem n’en espérait pas tant que d’être proscrit de cette manière : celle qui lui permit de se prévaloir d’un statut de «victime». 
En effet, à défaut d’un réquisitoire fondé sur des preuves tangibles, il sera souvent qualifié de «mouton noir» d’un autoritarisme outrancier. Il est, d’ailleurs, utile de se souvenir qu’il rendit ironiquement grâce au président de la République de disposer comme il l’entend de ses ministres (à cette époque, il était ministre d’Etat) tout en lui rappelant que la qualité d’un militant d’un parti n’appartient qu’à celui qui l’exerce ! En un sens, il indiquait aux gens du palais qu’ils sont coupables de confusion entre le militant du FLN qu’il est et le ministre qu’il ne sera plus. D’ici à ce que l’on puisse conclure que le «meurtre» politique commis en 2014 fut bel et bien un ratage, il suffit de le citer comme il vient de rappeler à la presse que «le militantisme n’est pas une fonction mais une conviction et un engagement» ; ajoutant, en forme de rappel, qu’en ce qui le concerne, il «n’a jamais quitté le FLN» malgré les oukases du passé. Mais, est-ce pour repartir à la conquête de cette notoriété de secrétaire général que ses successeurs ont démonétisée ? Probablement pas car il doit supputer que l’après-2019 a déjà commencé et qu’il n’est plus question pour lui de se projeter dans un improbable combat. Septuagénaire blanchi sous le harnais des complots, il n’ignore guère que le temps du déclassement a déjà commencé.
B. H. 

 

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