Lors de la finale de l’Euro 2020, les fans de deux équipes, anglaise et italienne, ont bravé les risques de contamination au coronavirus. Les Algériens aussi mais dans un tout autre registre, plus connu, plus intrigant qu’il est devenu un classique pour nos compatriotes installés à l’étranger. Si l’enjeu de la partie accaparait l’attention de tous les supporteurs, le drapeau algérien s’est invité à la fête, arboré fièrement. Il faut dire qu’avec la pandémie, on le croyait remisé au placard. Erreur, les nôtres sont là, ils veillent à ce qu’il soit saisi par l’œil de la caméra.
À notre surprise cette fois-ci pour les raisons invoquées. Cet événement dans l’événement est apprécié, toute fierté mal placée à part, différemment pas les uns et les uns. Les avis sont partagés quant à l’opportunité de ce genre d’initiatives. Mais les « pour » sont majoritaires, avec le sourire s’il vous plaît ! C’est qu’on ne peut occulter cette permanence dans l’exhibition, dans toutes les enceintes sportives, quelle que soit la discipline sportive. Ne l’a-t-on pas aperçu lors d’un match de hockey sur glace ? Il y en a qui, faussement, estiment que c’est d’un ridicule insupportable.
Il faut reconnaître qu’il s’agit là d’un épiphénomène unique. Ce n’est pas un blasphème d’affirmer que chaque nation sacralise presque son emblème, symbole de son identité, son histoire par les couleurs choisies. Comme c’est le cas chez nous. La Constitution, dans son article 5, définit les trois couleurs de l'emblème national, symbole de la Révolution du 1er Novembre 1954 et de la République algérienne. C’est le drapeau officiel dressé sur les édifices publics et privés et les manifestations, quel que soit leur contenu. Tout contrevenant s’exposera à la rigueur de la loi prévue à cet effet. C’est d’une brûlante actualité. Sauf que les dispositions de la Constitution sont foulées aux pieds quant au respect des caractéristiques du drapeau national, surtout s’agissant des couleurs. En clair, cela veut dire, au plan technique, que « le vert doit être d'une composition à égalité de jaune et de bleu ayant, selon le diagramme de contraste de Rood, une longueur d’onde de 5,411 et la position 600 sur le spectre normal. Le rouge doit être pur, de couleur primaire indécomposable, et exempt de bleu et de jaune ayant, selon le diagramme sus-indiqué, une longueur d’onde de 6,562 et la position 285 sur le spectre normal». Sur cette base, l’on ne peut que crier au scandale quant à la non-conformité des couleurs de la plupart des drapeaux qu’il nous est donné de voir partout. Observons que le vert est un vert pistache, un vert délavé, un vert bleuté, et j’en passe. Ces faux drapeaux flottent paradoxalement sur les hautes institutions du pays. Personne ne réagit, ne bouge le petit doigt. Un détail ? Ni aux États-Unis, où le drapeau a été adopté le 14 juin 1777 puis actualisé le 4 juillet 1960, ni en France en 1790, ni en Afrique du Sud depuis le 27 avril 1994, on ne transige sur le respect strict de critères précisés et consacrés. Mieux, en Amérique, le drapeau aux 50 étoiles est entouré d’un véritable culte. Hollywood en est le porte-flambeau, l’incluant dans tous les films. Il flotte haut, partout, toute l’année.
Brahim Taouchichet
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