Après l'opération contestable — et contraire au droit international — ayant causé la mort d'un militaire de haut rang iranien en terre irakienne, les yeux étaient tournés vers Téhéran dans l'attente de la riposte promise. Dans une région en proie à l'instabilité et devant les risques majeurs d'un enlisement préjudiciable à tous, on savait que cette riposte serait limitée et qu'elle viserait beaucoup plus à «sauver l'honneur» des Iraniens qu'à enclencher une véritable guerre entre les deux camps.
Hier à l'aube, une nuée de missiles tirés à partir de l'Iran s'est abattue sur la base militaire Aïn Sid et dans la région d'Erbil. Jusqu'en début d'après-midi, on n'avait aucune idée précise sur la nature des dégâts causés par ces tirs mais tout indiquait qu'il n'y a pas eu de pertes parmi les troupes américaines.
Cette attaque à blanc, largement médiatisée par l'Iran dans un but évident de propagande, ne semble pas avoir été menée pour faire mal aux États-Unis mais visiblement dans le cadre d'une guerre psychologique qui s'éternise entre les deux parties, chacune considérant comme prioritaire de convaincre d'abord sa propre opinion publique.
Dans ce jeu, c'est Trump qui part démuni, lui qui doit calculer chaque pas au début d'une année cruciale pour son avenir à la tête des USA. Il n'y a pas pire image pour un président candidat à une deuxième mandature que ces cercueils arrivant d'une guerre lointaine !
L'Iran a-t-il averti secrètement ses ennemis de son plan d'attaque ? Cela est plausible et pourrait traduire la volonté des Iraniens de ne pas pourrir la situation. Il leur suffira d'avoir réussi à riposter militairement aux forces américaines qui, jusque-là, faisaient la loi et imposaient leur domination aux peuples de la région.
C'est en cela que ces tirs de missiles sont importants. Au delà de ses implications sur le plan irano-irakien, il aura montré que la puissante Amérique n'a plus l'initiative de l'utilisation de la force dans cette région mouvante et qu'elle peut être attaquée selon ses propres méthodes.
Et cela n'est pas de bon augure pour les Yankees après leurs déconvenues en Syrie.
M. F.
