- C’est quoi ce grondement sourd ? On dirait une escadrille d’avions…
- C’est rien ! Rendors-toi ! Ils viennent juste de rebrancher la planche à billets !
- ???
Un ami dont je ne peux douter de la bonne foi m’a posé la question tout de go : «Hakim ! A quoi rime la remise en selle de l’Empastillé ? » Je lui ai fait une réponse d’ami de bonne foi, en retour. Car, vous le savez mieux que quiconque, ici, c’est l’espace par excellence de la bonne foi, des lectures au premier degré et surtout pas le lieu des sous-entendus. J’ai donc patiemment expliqué à cet ami que je ne m’y connaissais pas du tout, mais alors pas du tout en selles, en chevaux, voire en canassons ! Le cheval est un animal noble, chargé de symboles qui nous sont chers, nous les fiers descendants de cavaliers épiques. Et l’on ne peut laisser à un profane comme moi la possibilité de déblatérer sur une remise en selle. D’abord, «pidabor», quel genre de selle ? Ah ! Ça vous la coupe, ça, que l’ignare que je suis en sports équestres sache malgré tout qu’il existe divers types de selles ! Eh Oui ! On ne monte pas n’importe quel cheval avec n’importe quelle selle. Il y a selle et selle ! Et celles et ceux qui pensent tout savoir sur les chevaux devraient tourner sept fois leur langue dans la gueule d’un cheval barbe avant de proférer des âneries ! Ils pensent avoir tout réglé, tout expliqué en établissant deux grandes catégories de selles, celles avec pommeau et celles – plus sportives – sans pommeau. Foutaises ! Et les étriers ? Hein, les étriers ? Parce que c’est bien beau de déblatérer des heures sur la selle, sur le type de coutures aux jointures – apparentes ou pas – sur la distance à respecter entre le bord supérieur de la selle et les rênes. Au final, c’est de la poudre aux yeux, mon cher Môssieur ! Qui ne dit rien sur les étriers devrait se taire à jamais. Ou du moins faire montre de modestie et écouter. Ecouter ceux qui ont passé leur vie avec les chevaux. Ceux que l’odeur des écuries n’écœure pas, mais enchante, bien au contraire. Ceux qui, en palpant une crotte de cheval, peuvent te dire, à coup sûr, de quelle couleur est la feuille de route glissée entre la bête, la selle et le popotin du cavalier réhabilité ! Hue cocotte ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
