situation, nous voilà coincés entre les deux tribus : les…
… Abu Martou et les Abu Kadna !
Et encore, dans cette épigraphe, là-haut, juste sous le titre de la
chronique, je ne compte pas les Abu Derick ! Essentiellement, parce que
je ne sais pas compter ! Je ne sais plus compter ! Ai-je su compter un
jour ? J’en doute ! En principauté de Dézédie, mieux vaut ne pas savoir
compter. Demandez aux députés ! Aucun d’entre eux ne pourra vous dire le
nombre exact de maillons que comptent les chaînes apposées à l’entrée de
leur Chambre basse. Ils peuvent, par contre, vous conter, vous narrer et
vous décrire, sans rechigner, les différents charmes de la Chambre
basse. D’abord, elle est basse. On n’insistera jamais sur la bassesse de
la Chambre basse. Attention ! C’est une qualité ! Ça évite à ceux qui y
couchent et s’y couchent trop d’efforts. L’horizontalité est mère de
tous les repos ! Allongé, ça évite le vertige des hauteurs. Ça inspire
le calme. Ça éloigne les nuages. A ce propos, vous avez remarqué comme
il n’y a jamais de nuages au-dessus de l’APN ? On dirait une sorte de
microclimat ! Il y fait toujours beau. Les seules averses et pluies sont
celles des applaudissements sans fin lorsque le perchoir retrouve son
perché de service. Ah ! La zénitude parlementaire dans la Chambre basse
! T’as presque envie d’éteindre les gros lustres, les plafonniers
puissants et de demander aux huissiers de poser des lampes de chevet aux
halos tamisés. Mumm ! Ambiance ! Une ambiance telle que tu ne vas tout
de même pas jouer les trouble-fête en exigeant des comptes aux Abu
Derrick, hein ? Bien sûr que non ! Sache juste compter le nombre de
trous posés tout autour de toi. Là, c’est bon ? Tu y es ? Tu vois le
cercle de trous marquant une limite autour de tes guibolles et ton corps
décharné ? Alors, dedans, juste dedans, jamais en dehors des clous, tu
peux maintenant t’amuser, danser en compagnie des Abu Martou et des Abu
Kadna. Ça ne mange pas de pain. C’est à peine si ça te permet de fumer
du thé et de rester éveillé à ton cauchemar qui continue.
H. L.