Livré à lui-même…
… il renvoie le colis !
«T’as vu ? C’est une dame de l’extrême droite néo-fasciste, nostalgique de Mussolini, qui va devenir Présidente du Conseil en Italie». J’adore quand on me susurre ce genre d’infos. Pourquoi j’adore ? Parce que je subodore la suite. Et ça n’a pas raté. La suite, comme entrevue et imaginée est arrivée à «bon port». «Allons-nous vendre du gaz à tarifs préférentiels à des fachos ?». D’abord, un truc urgent à faire. Déplier mon grand mouchoir à carreaux bleus vichy et essuyer dedans mes larmes de rire. Ensuite, regarder la personne horrifiée qui me fait face et lui recommander de respirer un bon coup, de mettre ses mains bien à plat sur sa conscience et d’aller se chercher un peu plus loin des combats plus héroïques à mener. M’enfin ! Qui c’est celui-là pour tenter ainsi de me gâcher un plaisir gourmand que je regarde habituellement à la télé. Quel plaisir ? Mais celui de tous ces dirigeants de la «Bonne Planète», ces Chefs d’États, Premiers Ministres et têtes couronnées qui professent à longueur d’année les Droits de l’Homme, affichent à l’entrée de leurs palais les principes qui les «guident», et ensuite, sans suer du cheveu, sans rougir du front, sans trembler de la glotte et sans fléchir du genou reçoivent en grande pompe, sur le perron même du palais toujours surmonté de la devise vertueuse, les pires fachos de la planète, les dictateurs les plus infâmes de ce monde décidément bizarre et s’entretiennent avec eux de l’excellence de leurs relations, notamment les relations commerciales et de coopération économique. Alors, laisses-moi Frère ! Khalini, je goûte à mon tour à cette perfide sensation. Mumm ! C’est bon de ressentir enfin ce que ressentent tout le temps ces bonne âmes. Ah si ! J’ai honte ! Oh que j’ai honte ! Mais je déguste ma honte dans une coupe en cristal fin, avec une cuillère en argent ! Ah bon ? Facho, la Nana ? Elle reprendra bien une autre tournée de gaz ? Allez ! C’est pour moi, Giorgia ! Z’kara fi les donneurs de leçons ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
