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Rubrique Régions

Sétif Colloque national sur les condamnés à mort de la guerre d’indépendance

Les crimes et atrocités de l'armée coloniale française, dont l'exécution spectaculaire des condamnés à mort n’est qu’une page parmi les centaines de milliers de pages sombres qui ont marqué la période coloniale française en Algérie, ont soutenu dimanche à Sétif d’anciens condamnés à mort.
«La France coloniale voulait donner l'exemple pour dissuader l'adhésion du peuple algérien à la Révolution, mais, sa politique a eu un effet inverse», a souligné Mustapha Boudina, président de l’Association des anciens condamnés à mort.
Ces crimes et atrocités ont «montré le vrai visage de la France et suscité davantage d'attachement des Algériens à leur patrie et d'engagement au combat libérateur de l'armée de libération nationale (ALN), a-t-il dit à l’occasion d’un colloque national sur les anciens condamnés à mort de la guerre de Libération nationale et organisé par l’université Mohamed-Lamine-Debaghine de Sétif.
Dans son intervention intitulée : «Lettre d’un martyr pour les générations futures», M. Boudina a affirmé que le nombre des condamnés à mort entre 1954 et 1962 était de plus de 3 000, dont 218 ont été guillotinés. Le dernier condamné à mort et exécuté en 1960 était le martyr Salah Douhil, originaire de Sétif. «La plupart des guillotinés ont été exécutés par les Meysonnier, Maurice et son fils Fernand. Ce dernier avait plus de 200 guillotinés à son actif, tous des militants algériens. À chaque exécution d’Algériens, Fernand se rendait au bar, que tenait son père en face du palais du gouvernement, pour y faire la fête», dira M. Boudina.
Pour sa part, le Pr Khier Guechi, recteur de l’université Mohamed-Lamine-Debaghine et spécialiste en droit international a axé son intervention sur le non respect par la France de la convention de Genève lors de la guerre de Libération nationale. «Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la signature de la Charte des Nations-Unies, les droits de l'Homme se sont affirmés d'autant plus fermement que le monde occidental est hanté par le désir du «plus jamais ça». De multiples réflexions aboutissent, en 1949, à l’adoption de nouveaux textes internationaux venant compléter ceux qui, jusque-là, encadraient les guerres : ce sont les quatre conventions de Genève. La première concerne l'amélioration de la condition des blessés et malades des forces armées sur le champ de bataille, la deuxième les blessés et malades en mer; la troisième le traitement des prisonniers et la quatrième la protection des personnes civiles en temps de guerre. Toutes ces conventions n’ont jamais été respectées par la France coloniale. Le recours massif à la guillotine avait commencé en juin 1956, trois mois après le vote, en mars, par le Parlement, des «pouvoirs spéciaux» au gouvernement Guy Mollet, et marqué le lancement de la politique de répression massive en Algérie. Pierre Vidal-Naquet a considéré que la date de la première des exécutions à la guillotine, le 19 juin 1956, était une «date cruciale». En 1958, alors qu’il devient évident qu’on ne pourra sortir de la guerre qu’en reconnaissant le statut d’interlocuteurs aux nationalistes algériens — en particulier au FLN —, le général Salan, qui détient les pouvoirs civils et militaires en Algérie, met en place des centres militaires d’internement (CMI) pour les rebelles «PAM» (pris les armes à la main). L’hypocrisie demeure néanmoins, puisque Salan précise que les internés «ne doivent pas être considérés comme des prisonniers de guerre. Les conventions de Genève ne leur sont pas applicables. C’est-à-dire ici la troisième convention. Pourtant la mise en place de camps destinés uniquement à ce type de prisonniers révèle qu’ils sont considérés comme des prisonniers particuliers. Ce n’est qu’en novembre 1959, après que le principe d’un dialogue avec les nationalistes a été accepté et que l’autodétermination a été proposée par le général De Gaulle, que le général Challe, successeur de Salan, qualifie les détenus de CMI d’«assimilés aux membres d’une armée ennemie». Officiellement, néanmoins Paris ne voit en eux que des rebelles et ce n’est qu’en 1961 que, dans certains cas, l’application de la troisième convention est reconnue. À cette date en effet, «le GPRA s’est définitivement imposé comme l’unique interlocuteur du gouvernement français», souligne le Pr Guechi.
Le docteur Fouad Azzouz, enseignant à l’université Sétif 2, a évoqué, pour sa part, les innombrables insurrections d'avant novembre 1954, notamment en Grande-Kabylie, et qui avaient eu, elles aussi, a-t-il relevé, leur lot de condamnés a mort, mais qui n'ont pas eu raison de la détermination des Algériens.
Dans cet ordre d'idées, Mouloud Grine, enseignant-chercheur en histoire à l'université de Médéa a considéré que «ces exécutions ont toujours été une pratique prégnante de la politique de terreur coloniale depuis 1830» qui s'est accentuée au déclenchement de la guerre de libération nationale en novembre 1954.
En marge de ce colloque, auquel a assisté le wali de Sétif ainsi que les autorités civiles et militaires de la wilaya, un hommage a été rendu à une dizaine de condamnés à mort venus des quatre coins du pays raconter leurs mémoires en tant qu’anciens condamnés à mort.
Imed Sellami

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