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Rubrique Régions

AÏN-SEFRA Conférence-débat sur Frantz Fanon

L’annexe de la maison de la culture Beghdadi-Belkacem a abrité dernièrement, à l’occasion du double anniversaire (l’offensive du nord-constantinois 20-08-1955 et le congrès de la soummam 20-08-1956), journée commémorative du moudjahid, une conférence-débat sur l’un des grands fils adoptifs algériens. II s’agit de Ibrahim-Omar Fanon (Frantz Fanon).
«Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit, chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte.» C’est ainsi que l’écrivain Frantz Fanon définit son engagement politique dans son livre Peau noire, masques blancs ou encore son ouvrage intitulé Les damnés de la terre.
Une rencontre organisée conjointement avec l’association culturelle «Safia-Ketou», les membres de l’APC et les moudjahidine de la région des monts des ksour et présentée par le Dr Kinzi Kaddour, de l’université de Bordeaux, enfant de Aïn-Séfra, auteur de plusieurs ouvrages, dont Fleurs d’exil. C’est ainsi qu’un long aperçu sur la vie de cet «Algérien d’adoption» a retracé la vie et la personnalité de Frantz Fanon, avec un film-documentaire à l’appui.
Frantz Fanon était un psychiatre et essayiste français de souche martiniquaise, fortement engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. En 1953, il devient médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida, et y introduit des méthodes modernes de sociothérapie et psychothérapie institutionnelle qu’il adapte à la culture des patients algériens.
Pour Fanon, c'est plutôt la colonisation qui entraîne une dépersonnalisation, qui fait de l'homme colonisé un être «infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné». Notons que F. Fanon est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, il a abandonné ses études secondaires au lycée Schoelcher (où il fut l’élève de Césaire), prenant les armes à l’âge de 18 ans pour aller combattre les nazis qui allaient occuper la France. Fanon est blessé dans les Vosges alors qu’il combat avec les volontaires antillais. Il découvre le racisme et la discrimination propres à la France hexagonale. Il revient en Martinique pour passer son baccalauréat avant de repartir en France où il fait ses études de médecine à Lyon. En 1952, il publie son essai fondamental Peau noire, masques blancs.
La question du racisme et de ses victimes, véritablement aliénées, y est abordée d’un point de vue psychiatrique. Cet essai fait scandale, y compris dans les milieux intellectuels parisiens dits progressistes, où Fanon découvre à quel point les préjugés sont virulents sous le vernis de la bonne conscience. En 1953, Fanon est médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida (Algérie). Un an plus tard, il prend résolument le parti du FLN pour l’indépendance de l’Algérie. En 1956, renonçant à sa carrière, il remet sa démission au gouverneur de l’Algérie, Robert Lacoste, qui l’expulse. Dès lors, Fanon, réfugié à Tunis, prend une part active au FLN, s’exposant à plusieurs attentats.
Après avoir participé en 1959 à la délégation algérienne au congrès panafricain d’Accra, il est nommé ambassadeur du gouvernement provisoire algérien au Ghana.
Atteint d'une leucémie, il se fait soigner à Moscou, puis, en octobre 1961, à Bethesda près de Washington, où il meurt le 6 décembre 1961 à l'âge de 36 ans, quelques mois avant l’indépendance algérienne, sous le nom d'Ibrahim Omar.
Dans une lettre laissée à ses amis, il demandera à être inhumé en Algérie. Son corps est transféré à Tunis, et sera transporté par une délégation du GPRA à la frontière. Son corps sera inhumé par Chadli Bendjedid, futur président algérien, dans le cimetière de Sifana près de Sidi Trad, du côté algérien. Avec lui, sont inhumés trois de ses ouvrages : Peau noire et masques blancs, La cinquième année de la révolution algérienne et les damnés de la terre. Sa dépouille sera transférée en 1965, et inhumée au cimetière des «Chouhada» (cimetière des martyrs de la guerre) près de la frontière algéro-tunisienne, dans la commune de Aïn-Kerma (El-Taref). Il laisse derrière lui son épouse, Marie-Josèphe Dublé, dite Josie (morte le 13 juillet 1989 et inhumée au cimetière d'El Kettar au centre d’Alger), et deux enfants : Olivier, né en 1955, et Mireille, qui épousera Bernard Mendès France (fils de Pierre Mendès France). En hommage à son travail en psychiatrie et à son soutien à la cause algérienne, deux hôpitaux en Algérie, l’hôpital psychiatrique de Blida où il a travaillé, et un des hôpitaux de Béjaïa, portent son nom.
B. Henine

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