Les origines et l'itinéraire du martyr Souidani Boudjemaâ, cet homme aux multiples vies, sont une énigme dans l'histoire de la Révolution algérienne.
Le parcours de ce militant de la première heure appartient au domaine de l'extraordinaire. Et Guelma, cette fabrique à héros, a pu récupérer sa page dans la lecture de son histoire.
Puisque Si Djilali (nom de guerre ), cette figure héroïque, est né le 10 février 1922, dans la ville du 8-Mai-1945, dans un quartier populaire, frappé à tort de déficit d'intégration sociale. Mais qui est cet homme, enfant de Guelma, tombé au champ d'honneur les armes à la main, le 16 avril 1956 à Magtaâ-Kheïra entre Blida et Koléa ? D’abord brillant et doué pour tout, il fréquente l'école jusqu'au secondaire, un privilège exceptionnel pour «un indigène», puisqu'il est l'un des rares héros de la Révolution à avoir mené aussi loin sa scolarité.
Mais jusque-là, le jeune Boudjemaâ ne fait plus d’efforts. Puisque, dès son jeune âge, il a senti l'urgence de se livrer au militantisme. Ce qui l’intéresse surtout, c’est de voir l'Algérie libre et indépendante.
Très dévoué, il travaille comme typographe chez un imprimeur de sa ville natale. Il rejoint les rangs du PPA au début des années 1940, avant de participer aux manifestations du 8 Mai 1945. Il se fait même confectionneur de tracts. Boudjemaâ Souidani fait partie de ceux qui ne savent pas agir sans conviction. Il adhère à l'Organisation spéciale, devient l'un des éléments-clés du mouvement nationaliste jusqu'à son arrestation en 1946. Il est libéré deux ans plus tard, pour être chargé de structurer la Mitidja, où il a lancé plusieurs opérations armées le 1er novembre 1954, avant de partir à Oran pour participer notamment à l'opération de l'attaque de la poste d'Oran aux côtés d'Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed.
Le chahid Souidani Boudjemaâ faisait partie du groupe des 22, qui décidèrent du déclenchement de la Révolution algérienne. Mais au-delà de son parcours de militant nationaliste, Souidani Boudjemaâ a également évolué sous les couleurs de l'Espérance sportive de Guelma, l'Escadron noir, pour les mordus de ce club de football, qui a payé un lourd tribut lors des massacres du 8 Mai 1945. «C'était un talentueux footballeur», témoignent les anciens Guelmis. Il s’agit pourtant bien du même homme, passionné et sans mesure, dans l’amour de la patrie.
Noureddine Guergour
