«La prolifération du cancer est une véritable catastrophe pour la wilaya de Boumerdès. Nous avons 7 personnes d’une même famille toutes touchées par le cancer. Même les enfants ne sont pas épargnés.» L’association Errahma d’aide aux patients atteints de cancer dans la wilaya de Boumerdès a organisé une journée d’information et de sensibilisation sur le cancer.
A l’intérieur de la salle de conférences de la maison de la culture Rachid-Mimouni, madame Razi, la présidente de cette ONG qui compte 400 adhérents, a mobilisé des sommités entre professeurs et médecins spécialistes pour décortiquer, à l’aide de la science, le cancer sous toutes ses facettes et le rendre compréhensible aux communs des mortels afin de tenter d’atténuer les douleurs physiques et morales qu’il cause. Pas moins de 10 conférences de haut niveau ont été animées. Nous avons travaillé en dehors de la salle pour pouvoir poser des questions sur un sujet sensible que les responsables aimeraient ne pas aborder parce qu’il revient immanquablement à la prise en charge des malades aux plans médical, psychologique et social. Nous avons longuement discuté avec Nawel K., secrétaire administrative à la mairie de Boumerdès. Elle circule sur une chaise roulante. C’est dû à l’extension d’un cancer de sein qu’elle a découvert en 2020. Elle paraît plus jeune que ses 51 ans. Elle garde un bon moral. «Je fais face à ce mal parce que je garde un bon moral et je bénéficie de l’aide et du soutien de ma famille et de mes amis. Rien, par contre, n’est venu de mon employeur», nous confie Nawel qui garde toujours son sourire. «Je ne fais pas partie de cette association parce que je ne veux pas ajouter mes problèmes aux gens qui se dévouent pour nous. Il y a tant de malades qui sont dans des situations de détresse et qui ont besoin d’eux», estime-t-elle. Elle se désole de l’absence d’infrastructures de prise en charge des cancéreux de Boumerdès. Elle nous dit à ce propos : «Ma vie est désormais partagée entre l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger et le centre hospitalier de Draâ-Ben-Khedda dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Lorsque je vais dans l’un des deux établissements pour des soins et des contrôles, les médecins et les paramédicaux me disent : «Toi tu habites Boumerdès donc tu dois aller à Boumerdès.» Ils ne savent pas qu’il n’y a rien à Boumerdès. Mais comme ce sont des gens bons, ils finissent toujours par me prendre en charge. C’est des gens formidables et ils font très bien leur travail. Au centre de Draâ-Ben-Khedda, l’établissement fonctionne mieux qu’une clinique privée.» Aux ennuis qu’il cause aux malades, le cancer coûte cher, très cher. A Boumerdès, contre le cancer il y a la résistance de Nawel et la détermination de madame Razi.
La présidente de l’association refuse de nous communiquer les statistiques de la wilaya mais n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme concernant le nombre de cas. «Dans la wilaya de Boumerdès, la prolifération des cas de cancer est une catastrophe. Même les enfants ne sont pas épargnés. De même pour les familles. Nous avons constaté la baisse de la mortalité alors qu’en parallèle la prolifération augmente. Maintenant, ce sont les familles qui sont touchées. A Ouled-Heddadj, 7 personnes d’une même famille sont atteintes. Chacune a un cancer différent. Ce n’est pas le seul cas familial. A Bordj-Menaïel, 7 personnes d’une même famille sont atteintes d’un cancer. A Zemmouri, 4 sœurs ont toutes le cancer du sein. A la veille de cette journée, notre association a compté 50 enfants cancéreux. Quel est le nombre réel d’enfants cancéreux au niveau de la wilaya ? Personne ne le sait.» Sur les statistiques du cancer au niveau de la wilaya de Boumerdès, nous avons contacté un haut responsable de la Direction de la santé et de la population (DSP). Nous n’avons reçu aucune réponse. On aurait, par ailleurs, aimé aussi lui poser une question sur la date de l’inauguration du nouvel hôpital de 240 lits qui sera doté d’un centre anticancer moderne.
Abachi L.
