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Rubrique Société

BIKINI VERSUS BURKINI Vers un peu plus de tolérance sur nos plages ?

L’été est de retour avec ses températures caniculaires. Désertées durant l’hiver, les plages d’Algérie reprennent du service. Parasols sous le bras et crème solaire dans le sac, baigneuses et baigneurs installent leur serviette sur le sable fin. Quelle tenue de bain pour les estivants, en cet été 2019 ? Un petit tour en bord de mer suffit pour dresser le constat suivant. 

Alors que les bikinis avaient pratiquement disparu de nos plages à la faveur des burkinis, djellabas et autres shorts, ne voilà-t-il pas que les maillots de bain 2-pièces signent leur grand retour.
Dans les années 1970 et 1980, toutes les femmes portaient un maillot de bain sur les plages. Personne ne se posait alors de question. Se baigner engoncée dans une robe ou un pantalon aurait semblé ubuesque, voire anormal. Après la décennie noire, les mentalités ont changé. Du jour au lendemain, les maillots une pièce et les bikinis ont été relégués au placard. Pudeur, discours moralisateur, conviction religieuse, peur d’être agressée ou importunée... autant de raisons qui ont contribué à la disparition du bikini. Toutefois, le bikini n’avait pas dit son dernier mot. 
En effet, les femmes fréquentant des plages dites sécurisées telles que Moretti et Club-des-Pins ont continué à en porter. Quant aux autres, elles ont gardé leur tenue de ville pour plonger dans l’eau. Lorsque la mode du burkini est arrivée, beaucoup de femmes ont alors opté pour ce maillot de bain en tissu synthétique élastique qui couvre tout le corps à l’exception du visage.

Le commerce des maillots de bain toujours florissant
En ce début d’été 2019, les maillots 2-pièces signent leur retour en force sur les plages. Un avant-goût de cette tendance a été donné, dès le mois de mai, dans les boutiques. 
En prévision de la saison estivale, les commerces d’articles de plage ont affiché les derniers bikinis à la mode européenne. Vendus jusqu’à 6 000 DA, ces maillots ont, très vite, trouvé preneur. «J’en vends jusqu’à quatre par jour, nous dit un vendeur d’un magasin situé sur les hauteurs d’Alger. Le commerce de bikini n’a jamais autant rapporté qu’en ce moment».
Le bikini n’a donc pas déposé les armes, même si certaines femmes préfèrent encore garder bermuda ou paréo pour faire trempette.

Pas de discours moralisateur
Plage les Canadiennes (Aïn Taya). Des groupes de jeunes filles arborent des bikinis bariolés, offrant leurs silhouettes aux éclaboussures des vagues. Hayet (28 ans) passe la journée en bord de mer, en famille. « Je pense que le maillot est la tenue la plus adaptée à la baignade. Comme vous pouvez le voir, sur cette plage, il y a plus de femmes qui portent le bikini que le burkini. Avant, nous avions un peu peur de nous faire agresser, mais plus maintenant. Cette plage est familiale et on se sent vraiment à l’aise dans nos maillots.»
Un peu plus loin, une femme se baigne avec sa «djelaba». Hadjer, 42 ans,  estime que chacun est libre d’adopter la tenue de bain qui lui convient. 
«Je ne porte pas de maillot par conviction religieuse mais je respecte celles qui le mettent. La tolérance doit primer sur le reste. Je me baigne et ne m’occupe de la tenue de bain de personne. Il faut arrêter les jugements, et dans les deux sens d’ailleurs.»
Dans les complexes touristiques et les stations balnéaires (Corne d’Or, Sidi Fredj, Zeralda...), ainsi que sur les plages de Béjaïa, les bikinis s’affichent comme dans les années 1970 et 1980. Femmes de tous âges se baignent ou font bronzette sur leur serviette, sans craindre d’être dévisagées, comme des bêtes de foire par les baigneurs. «J’ai l’impression que depuis le début du «hirak», une digue s’est rompue, nous dit Sarah, 32 ans. On a retrouvé un semblant de liberté même sur le plan vestimentaire. Je porte mon bikini le plus normalement du monde. Evidemment, je ne sais pas si j’aurais été aussi à l’aise sur une plage d’un village perdu, entourée de femmes en burkini et d’hommes qui me dévorent du regard. Mais là, la tendance est au maillot, la tenue de bain normale. La seule qui permet de nager librement et de prendre un véritable bain de soleil.»
Pro-bikini ou pro-burkini, à chaque baigneuse sa tenue de bain préférée. La cohabitation est possible tant que les libertés individuelles sont respectées.

Brin d’histoire
Le bikini a été inventé par l’ingénieur français Louis Réart en 1946. Son nom lui a été inspiré du premier essai nucléaire américain, dans l’atoll de Bikini, dans le Pacifique.Le bikini a choqué le monde entier et a même été interdit en France et sur d’autres plages méditerranéennes en 1949, avant de commencer à s’imposer dans les années cinquante. Au début des années 2000, le marché du bikini a généré un chiffre d’affaires annuel de 811 millions de dollars.
Soraya Naili

 

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