Dans la salle d’attente du médecin !(2)

Je laissais entendre, hier, combien il pouvait être intéressant de se trouver dans une salle d’attente de médecin. J’ai, en outre, commencé à parler de ces femmes qui se lancent énergiquement dans des échanges loin de la banalité que des hommes qui s’approprient le courage leur prêtent généralement. J’ai choisi de prendre pour exemple les femmes, parce que ce sont celles qui prennent plus volontiers la parole, pour tuer le temps.
A l’exception de celles qui travaillent à l’extérieur, les autres, celles qui sont cloîtrées chez elles, n’ont pas vraiment l’occasion de parler librement, de dire ce qu’elles ont sur le cœur. Surtout celles qui ne sortent de chez elles que par nécessité. Pour aller chez le médecin par exemple et surtout lorsqu’il faut attendre jusqu’à deux-trois heures avant de quitter les lieux. Une salle d’attente est un lieu où se racontent, de façon concentrée, tous ces problèmes dont on se doute bien qu’ils ne se résoudront pas d’un coup de baguette magique. Engager une conversation sur les choses de la vie, ce sont les femmes surtout qui se relayent pour évacuer le stress et qui, généralement, échangent à voix haute, sans se soucier des personnes présentes pas forcément intéressées par les confidences animées des unes et des autres. Chez le médecin, les femmes parlent de l’école. Dans cet endroit idéal pour prendre le pouls de la société, elles racontent comment leurs enfants se plaignent de leurs enseignants et dissèquent les comportements de ceux qui font la grève et de ceux qui ne suivent pas le mouvement. «ça fait deux mois que mon fils n’a pas eu cours», commente l’une d’entre elles. «Et en plus, ils leur disent de ne pas chercher à comprendre, de ne pas leur casser les pieds», enchaîne une autre.
«Vous savez quoi, la prof de ma fille dit aux élèves qu’elle a assez de problèmes comme ça et qu’elle s’en fiche du reste» ! Dans le tas, une retraitée se souvient du respect mutuel que se portaient de son temps élèves et maîtres d’école.
«Là, ils n’ont pas le niveau pour enseigner. Surtout les nouveaux.» Les sujets s’enchaînent. Tout y passe. Jusqu’à la pénurie de médicaments.
M. B.