Pourquoi parmi celles et ceux qui n’ont raté aucune marche depuis le 22 février 2019, y en a-t-il qui se croient habilités à penser pour les autres ? Depuis quand, sous prétexte d’être hyperprésent dans le mouvement populaire, a-t-on le droit de se prononcer aux lieu et place du reste des marcheurs hebdomadaires ou de contredire ce qui est recommandé par des experts, et pas des moindres, dont la compétence est amplement reconnue ailleurs ? Qu’est-ce qui autorise à classer les gens en moudjahidine du Hirak et en traîtres à l’égard de ce dernier ? Bien sûr que, comme l’affirme mon collègue et ami Slimane Laouari, les choses commencent à évoluer dans le sens espéré par ceux injustement pointés du doigt comme des empêcheurs d’entretenir la pression contre un pouvoir qui n’attendrait qu’un retour au calme pour en faire de nouveau à sa tête. Mais le problème réside dans ces résistances au confinement qui ne sont vaincues qu’en partie. Pendant que je rédige ce papier, je me demande si la rue renoncera ou pas à marcher dans les jours à venir, sans avoir, pour autant, le sentiment d’avoir trop vite cédé à des sollicitations loin d’être destinées à un traitement microcosmique. Lorsque les conditionneurs au déni auront, enfin, levé l’étendard blanc et reconnu que ceux qui appellent à la raison ne sont pas les ennemis de la contestation citoyenne que l’on croit et dont on n’hésitait pas à fustiger le prétendu désengagement, l’opinion publique appréhendera, clairement, le danger et se portera mieux en s’évitant le pire. Parmi les inconditionnels du Hirak, certains se demandent pourquoi les frontières n’ont pas plutôt été fermées, au lieu de réprimer des marcheurs innocents qui, de toute manière, continueront, selon eux, à battre le pavé envers et contre tous.
Puisque ceux-là ont décidé qu’il ne fallait, surtout pas arrêter de marcher, je me demande, personnellement, pendant combien de temps ils continueront à crâner de façon aussi insouciante. C’est là qu’il devient plus qu’urgent de faire dans la sensibilisation au danger de ceux qui ont envie de comprendre et dont les esprits balancent entre se prémunir ou s’exposer à la contamination.
M. B.
