Sexisme et misogynie au menu

Encore une fois, les femmes sont pensées incapables de juger, de penser, de réfléchir, une fois déserté leur lieu supposé de prédilection et, pourquoi pas le dire clairement, leur cuisine ? Comment admettre qu’elles pourraient donner leur avis dans un domaine hors de portée de leur petite cervelle réduite par la nature à ne pas savoir distinguer un air d’opéra d’une poésie ou d’une chorégraphie pensée en hommage aux drames qui emportent dans une indifférence calculée par ceux qui les alimentent? Il arrive souvent à des lecteurs de me demander comment je fais pour alimenter quotidiennement cet espace.
Parcourir la presse nourrit l’esprit même lorsque les thèmes traités attisent votre amertume. Hier, j’ai parlé des deux nouveaux prix du président de la République sanctionnant les sciences et les arts dont un de portée internationale octroyé à qui serait jugé plus qualitativement fécond dans son domaine de prédilection.
En parcourant les articles consacrés à l’évènement, j’avoue avoir sursauté. Parmi les noms qui composent les deux jurys, pas un seul nom de femme. J’ignore si les personnes désignées pour proposer à la récompense le ou les plus talentueux l’ont été par la cheffe du département en question. Si ce n’est pas le cas, l’intervention de la ministre demeure quand même discutable. Quel mérite avait-elle de présenter la nouvelle comme l’expression d’une avancée quelconque ? Pas une femme parmi les jurés et Madame Soraya Mouloudji n’a rien trouvé à redire ! Elle n’a pas vécu les choix injustes comme une insulte faite aux femmes. Du coup, la raison était toute trouvée d’en parler. Il y a toujours eu et il y en aura pendant longtemps encore des femmes qui en font plus que les hommes contre leurs congénères, convaincues qu’en prêchant les vertus de la gent masculine, elles auront quelques chances de récupérer un peu de la matière grise dont les hommes sont censés bénéficier naturellement. Se distinguer et s’imposer en tant que femme n’étant pas rentable, les gardiennes du temple sont louées pour la sévérité qu’elles mettent à enterrer leurs semblables, à creuser leur propre tombe et à travailler vaillamment à leur future mise à l’écart.
M. B.