Qualifications africaines, barrage aller, ce vendredi (18h) au stade Japoma de Douala
C’est à Douala, où elle avait perdu son titre continental et une partie de sa notoriété, que la sélection nationale de football ira chercher la moitié du billet pour le Qatar où se tiendra le Mondial-2022. Une mission casse-cou que les hommes de Djamel Belmadi ne semblent pas appréhender malgré l’opposition attendue face aux Lions Indomptables.
C’est l’objectif pour lequel toute l’Algérie est mobilisée en ce début de printemps pluvieux. Des pluies fines, parfois abondantes dans certaines régions du pays que les joueurs algériens ne trouveront pas à Douala où, à cette période de l’année, le climat est chaud et humide. Si bien que Slimani et compagnie sont allés se réhabituer, deux mois après le fiasco de la CAN, à cette situation du côté de Malabo, en Guinée-équatoriale. Là-bas, les troupes de Belmadi ont trouvé ce qu’ils sont allés chercher. Cerise sur le gâteau, le groupe retenu pour la double confrontation affiche la grande santé, touchons du bois. Mais demain soir, du côté de Japoma, il ne s’agira pas seulement de résister aux effets de la chaleur et de l’humidité ou d’une pelouse décriée lorsque l’EN voulait refaire le coup de 2019. En face, l’adversaire s’appelle le Cameroun qui, même sans Eto’o, Milla, Jonkep, Omam-Biyik ou Docteur Abéga, reste redoutable. C’est d’abord une des bêtes noires de la sélection nationale qui n’a jamais su s’imposer face à cette équipe en compétitions officielles. La dernière confrontation pour les qualifications du Mondial-2018 en Russie, auquel les deux pays n’ont pas assisté, les Camerounais avaient fait la différence à Yaoundé après avoir obtenu un nul à Blida.
Désormais, il est question d’une première manche décisive à Douala en attendant celle de mardi prochain, probablement plus déterminante, à Blida. Deux confrontations, en somme, qui vont mettre à l’épreuve deux footballs à la réputation mondiale reconnue. Mais, à l’issue desquelles il ne faudra qu’un seul heureux lauréat. Sur le papier, les deux teams regorgent de noms qui émargent dans les championnats européens. Des chevronnés mais aussi beaucoup de fraîcheur juvénile. Surtout deux sélectionneurs qui ont fait carrière dans le football. S’il est vrai que Rigobert Song a un palmarès impérial en tant que footballeur, sa carte de visite souffrira de la différence devant un Belmadi qui a gagné en Asie et en Afrique en tant que sélectionneur. C’est probablement l’une des clés de cette double confrontation. La bataille tactique sera l’arme secrète des deux entraîneurs qui disposent de groupes de joueurs disons d’égale valeur même s’il est vrai que le Cameroun est bien mieux loti dans certains postes et vice-versa. L’aspect physique alors ?
C’est l’une des carences du groupe Algérie ces derniers mois. Non pas que les joueurs ne terminent pas leur match sur le même rythme mais sur le plan athlétique, une sacrée différence se dégage chez les Camerounais. D’ailleurs, c’est le point relevé par l’actuel président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, lors de sa visite mardi aux Lions Indomptables, qui pourrait faire la différence lors de ces joutes directes. «L’ambition et l’énergie de nos Lions Indomptables sont au plus haut avant le match contre l’Algérie».
Derniers réglages pour Song et Belmadi
En effet, à chaque fois que les Verts affrontaient des équipes solides physiquement et dont les joueurs sont explosifs, leurs difficultés décuplaient et les solutions sont moindres. Rappelons-nous le Burkina Faso qui a failli perturber les plans de Belmadi dès le second tour de ces qualifications au Mondial. à Marrakech, et après une première mi-temps de premier plan, les Algériens ont flanché physiquement et face à des Burkinabés techniques et qui se transposent vite devant, ils ont été rejoints au score et même failli connaître leur première défaite après trois ans et demi d’invincibilité. Le jeu des étalons n’est en fait qu’une copie miniaturisée de ce que peuvent accomplir les Camerounais quand ils sont au mieux de leur forme. Un ensemble du Cameroun qui n’est pas si performant comparativement au Cameroun des années 1990 ou 2000 mais qui reste assez dangereux quand on lui laisse l’opportunité. Il n’y a qu’à se souvenir de la remontada des camarades d’Aboubakar en match de classement contre ce même Burkina Faso (3-3).
Et pourtant, les Camerounais n’étaient pas contents de cette troisième place. Le chapeau fut porté au Portugais Toni Conceiçao qui a été limogé et remplacé par une ancienne légende du football camerounais, Rigobert Song. Un entraîneur qui va découvrir le «métier» de sélectionneur à l’occasion d’un tour décisif.
Dans un autre message adressé à ses joueurs mardi soir lors d’une séance de visionnage, l’ancien capitaine des Lions Indomptables a interpellé tout le monde pour se mobiliser à ce challenge qui est d’éliminer l’Algérie. «Il n’y a pas trop de protocole ici. Nous sommes des free boys. En parlant en ces termes, nous pouvons mieux nous entendre et être très free. Le temps est très court et nous avons un objectif à atteindre. Ça paraît simple mais ce n’est pas simple. Il faut que vous sachiez que ça ne va pas être facile. C’est vous qui allez rendre ça plus facile ou plus difficile. Notre présence ici, c’est pour donner quelques ingrédients pour que vous puissiez vraiment être à la hauteur. On a quelques soucis. (…) Je ne suis pas le meilleur. Je suis médiocre mais efficace dans ce que je sais faire. Chacun de vous a sa spécialité où il essaie d’être plus efficace. C’est ça le football, c’est un groupe. L’objectif est simple, c’est la qualification directe pour la Coupe du monde», a dit Song à Hongla et Cie.
Pendant ce temps, la sélection algérienne affûtait ses armes du côté de Malabo dans une ambiance bon enfant où tout le groupe semblait prêt à donner la pleine mesure de ses capacités. Après deux séances pleines mardi, Djamel Belmadi a consenti une pause à ses joueurs, hier matin. La séance d’entraînement programmée a été annulée à cause de la forte chaleur qui règne à Malabo et remplacée par une marche de relaxation autour de l’hôtel Sofitel Sipopo Le Golf où sont hébergés les Verts puis de nouvelles séances vidéo avant le déjeuner et avant l’entraînement du jour prévu en début de soirée, à l’heure du match de demain à Douala, sur la pelouse de l’Estadio Nuevo de Malabo. Ce matin, l’équipe quitte Malabo pour rallier Douala où il s’agira pour Belmadi et ses protégés de refaire connaissance avec la maudite pelouse du stade Japoma. Si le plan média communiqué la semaine dernière ne prévoyait pas de séance d’entraînement à Douala, il se pourrait que Belmadi change ses plans en effectuant quelques exercices au Japoma Stadium.
Quel «11» pour contrer les Lions Indomptables ?
Lorsqu’il a annoncé sa liste des 24 joueurs qui feront le voyage au Cameroun, il est apparu que Djamel Belmadi a «éliminé» onze joueurs qui avaient pris part à la CAN-2021. Ses explications données, et ses choix faits, il n’en demeure pas moins que des énigmes persistent autour de l’équipe de base qu’alignera l’entraîneur national demain soir. Probablement qu’il alignera les M’Bolhi, Mandi, Bensebaïni, Bennacer, Belaïli et Mahrez. Ce sont des éléments qui ont pris part à pratiquement toutes les campagnes des Verts sous Belmadi. Mais ce dernier cache quelques petites surprises aussi bien dans la composante de la défense, le milieu et de l’attaque. Devant M’Bolhi, la présence de Mandi et de Bensebaïni est quasi assurée. Mais qui pour couvrir le flanc droit ? Et soutenir Mandi dans l’axe ?
Le poste de latéral était promis à Youcef Atal à condition qu’il soit au mieux sur le double plan physique et compétitif mais le retour du Niçois a été retardé et son temps de jeu a faibli. Belmadi accordera alors sa confiance à Benayada ? Possible même si le joueur de l’ES Sahel a paru samedi passé face au CRB, en match de Ligue des champions, dépassé par les évènements. Concernant la charnière, elle pourrait voir Benlamri incorporé mais pas que. La convocation de Guedioura pourrait donner lieu à de nouvelles idées. Une tâche de «piston axial» pourrait lui être confiée. Comme en égypte, lors de la CAN-2019. Alors qui de Zerrouki et Feghouli accompagnera Guedioura et Bennacer au milieu ? Difficile d’y répondre sachant que même diminué, Feghouli offre cette assurance de porter le jeu des Verts vers l’avant, contrairement à Zerrouki plus relayeur que remiseur. Car, sans vrai meneur de jeu et avec deux couloirs occupés par Mahrez et Belaïli, lesquels peuvent se transposer vers l’axe offensif, un avant-centre de vitesse est indispensable. Si tel était le cas, on voit mal Belmadi offrir ce rôle à Slimani qui propose des solutions d’appui contrairement à Benyettou dont l’essentiel des variantes qu’il propose se trouve dans ses mouvements sur tout le front de l’attaque. Une qualité que Baghdad Bounedjah, écarté de la liste, disposait avant sa mauvaise passe. Outre Benyettou, l’atout Belfodil pourrait également servir à créer la panique au sein de la lourde défense camerounaise. Le sociétaire du Hertha Berlin a pour lui la taille pour bousculer les défenseurs adverses ainsi qu’une technique particulièrement redoutable qui lui permet de s’imposer dans les corps-à-corps. Des incertitudes qui ne le sont pas tellement pour Belmadi qui a multiplié les variantes durant les entraînements et à travers les visionnages des matchs de l’adversaire. C’est dire qu’au-delà des combats d’homme à homme, il s’agira d’une bataille tactique où le moindre «oubli» sera fatal.
M. B.
Autour du match
Dernière chance pour les joueurs trentenaires
Le match barrage Cameroun-Algérie constitue la dernière chance pour les joueurs algériens dont l'âge s'approche ou dépasse la trentaine. Nous citerons, le gardien Rais M'Bolhi âgé de 35 ans et qui a disputé deux tournois de Coupe du monde (2010 et 2014), le capitaine Mahrez âgé de 31 ans et qui n'a disputé que quelques minutes lors du Mondial du Brésil en 2014, Slimani (33 ans) et Mandi (31 ans) qui ont disputé le Mondial-2014, Guedioura (36 ans) qui a disputé le mondial 2010, de Feghouli (31 ans) qui a participé au Mondial Brésil-2014, Benlamri (32 ans), Benayada (29 ans), Belaïli (30 ans), Tahrat (32 ans) et du nouveau capé Benyettou (30 ans) qui n'a disputé aucun match avec les Verts. Cette double confrontation contre le Cameroun le 25 et 29 mars constitue un tremplin pour les joueurs algériens pour boucler leur carrière footballistique par une qualification au Mondial du Qatar. Ce sera, par ailleurs, un challenge important à découvrir pour les jeunes joueurs tels Bennacer, Zerrouki, Atal et autre Bensebaïni.
Les matchs barrages favorables aux Verts
En quatre participations à la Coupe du monde (1982,1986, 2010 et 2014), la sélection nationale n'a été éliminée qu'une fois, en 1989 en match de barrage face à l'égypte (0-0 à Constantine et 1 à 0 pour l'égypte au Caire dans un match dirigé par le referee tunisien (Bennaceur), pour le compte du Mondial italien en 1990. Hormis ce match, notre équipe nationale s'est qualifiée à quatre reprises à l’issue des matchs barrages qualificatifs au tournoi final. En 1982, les coéquipiers de Fergani ont remporté les manches «aller» et «retour» contre le Nigeria (2 à 0 à Lagos et 2 à 1 à Constantine), en 1986 les protégés de Saâdane ont crucifié nos voisins tunisiens par 4 buts à 1 au stade El Menzah et 3 à 0 au stade du 5-Juillet, en 2010 les Verts ont terminé premiers de leur groupe ex æquo avec l'égypte et ont dû livrer un match de barrage contre les Pharaons au stade Omdourman (Soudan) où ils se sont imposés par 1 but à 0 grâce à Antar Yahia et en 2014, les camarades de Bougherra ont éliminé le Burkina Faso malgré leur défaite à l'aller 3 à 2. Une victoire 1 but à 0 au match retour au stade Mustapha-Tchaker de Blida a suffi. Cette fois, les protégés de Belmadi doivent bien négocier le match «aller» au stade de Japoma (Douala) pour franchir un pas vers la qualification et assurer au stade Mustapha-Tchaker de Blida.
Le meilleur choix, c’est de mouiller le maillot
Les supputations vont bon train quant au choix tactique que Belmadi devra adopter lors de ce match. Certains avancent le 4-4-2, d'autres le 4-3-3, alors que le 4-1-4-1 serait le plus bénéfique pour notre Onze national selon des «experts». Incontestablement et au delà du choix tactique et technique que doit prendre le coach national Belmadi pour ce match, il est nécessaire de rappeler que seul le fait de mouiller le maillot est le choix le plus efficace pour assurer le meilleur résultat possible au stade Japoma. La hargne, l'engagement et la rage de vaincre sont les principaux atouts pour que les coéquipiers de Zerrouki puissent arracher le billet qualificatif au Mondial-2022.
La poisse poursuit l'équipe du Cameroun
à quelques heures du match «aller» qui l'opposera à la sélection algérienne, l'équipe camerounaise enregistre quelques défections de dernière minute, à l'image de Nicholas Moumi Ngamaleu qui est déclaré forfait pour ce match en raison d'une blessure contractée avec son club suisse des Young Boys. Il a été remplacé par un néophyte Sebou Marou qui évolue à Coton Sport de Garoua. Un autre joueur sera absent pour ce match, il s'agit du milieu de terrain de Naples Franck Anguissa. La série des malédictions ne s’arrêtera pas là puisque le gardien d'Ajax Amsterdam Onana a échappé à la mort à la suite d'un accident de la circulation quand il se dirigeait à Douala pour le regroupement de l'équipe nationale.
S. B.
