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Rubrique Sports

Les binationaux représentent 9.1 des joueurs retenus pour le Mondial Entre «choix du cœur» et chasse aux jeunes talents

Nés dans un autre pays que celui de leur sélection, passés même pour certains en équipes de jeunes d'une autre nation, ils ont finalement opté pour la nationalité sportive de leur pays d'accueil ou de celle de leurs parents: les joueurs binationaux seront nombreux à animer le Mondial-2018.
«Ce sont des choix stupides, ce sont des garçons stupides qui auraient dû avoir un peu de patience» : s'il devait relire les propos de Marco van Basten prononcés à son encontre en mars 2016, à l'époque où celui-ci était sélectionneur-adjoint des Pays-Bas, l'international marocain Hakim Ziyech doit se dire qu'il a fait le bon choix. Deux ans après avoir recalé les «Oranje», l'une des sélections majeures à ne pas s'être qualifiées pour le Mondial, le natif de Dronten (Pays-Bas) participera à sa première Coupe du monde avec le Maroc, tandis que Van Basten ne devra sa présence en Russie... que grâce à son poste de responsable du développement technique de la Fifa ! De «l'Espagnol» Keita Baldé (Sénégal) au «Français» Raphaël Guerreiro (Portugal), en passant par «le Brésilien» Diego Costa (Espagne), le «Danois» Frederik Schram (Islande), ou encore «l'Iranien» Daniel Arzani (Australie) et «l'Allemand» Leon Balogun (Nigeria), le cas Ziyech est loin d'être isolé. Sur les 32 sélections en lice, seules sept (Brésil, Arabie Saoudite, Iran, Allemagne, Colombie, Mexique, Corée du Sud) n'ont aligné aucun joueur né en dehors de ses frontières nationales ces deux dernières années. Au total, sur les 1 032 joueurs ayant participé aux éliminatoires pour le compte des équipes qualifiées et les 40 joueurs russes pris en compte, 98 sont nés dans un autre pays que la sélection représentée (9,1%), selon un rapport du Centre international d'étude du sport (CIES) de Neuchâtel.
«Le choix du cœur»
Les raisons de ce phénomène ? «L'intensification des mobilités à l'échelle globale», «le brassage des populations», ou «l'accessibilité du football à toutes les couches de la société», migrants y compris, font partie des causes mises en avant par les auteurs de l'étude. Mais c'est surtout le changement du règlement de la Fifa en 2009, en donnant la possibilité à un joueur de changer de sélection nationale après 21 ans (à condition de n'avoir auparavant jamais évolué en sélection A), qui a accéléré les choses. A tel point qu'aujourd'hui, des bras de fer entre la sélection du pays des parents et le pays de naissance commencent à se multiplier pour obtenir la préférence de jeunes à fort potentiel. L'affaire Nabil Fekir l'a montré en mars 2015: un temps tenté par l'Algérie, le prodige lyonnais a finalement choisi la France, après plusieurs rebondissements. Avant cela en 2011, le site Mediapart avait révélé que des membres de la Fédération française, nation la plus «touchée» avec une trentaine de joueurs partis rejoindre d'autres sélections, avaient même évoqué la mise en place de «quotas» pour enrayer la fuite de talents, suscitant un tollé général. Mais comment se détermine au final le choix du joueur ? La réponse tient en une seule expression souvent employée : «le choix du cœur», une raison «qui ne s'explique pas», témoigne l'international tunisien Naïm Sliti, natif de Marseille.

«Chacun s'enrichit mutuellement»
«Dès petit, je voulais jouer pour la Tunisie. C'est sûr que quand on me posait la question : Et la France ? T'aimes bien aussi Zidane !... mais je ne sais pas pourquoi c'est dans le cœur, c'est comme ça tu ne l'expliques pas», a-t-il confié à l'AFP. Dans un vestiaire où parfois six langues peuvent coexister comme au Maroc (arabe, français, portugais, espagnol, néerlandais, berbère), comment préserve-t-on la bonne entente entre «locaux» et binationaux ? Surtout si comme dans le cas tunisien, quelques «recrues» ont rejoint la sélection juste avant le Mondial... «Il n'y a eu aucun souci, j'ai même été agréablement surpris de l'intégration des nouveaux. Quand des joueurs arrivent au dernier moment, on peut se dire, et c'est normal : Nous on fait les qualifs et eux ils arrivent... J'avais peur qu'il y ait des petites frictions par rapport à ça, mais il n'y a rien eu», se félicite Sliti. «Ils se fondent dans le groupe comme s'ils étaient nés au Nigeria. Tout le monde parle anglais», explique à l'AFP Gernot Rohr, sélectionneur des «Super Eagles». «Ce n'est pas un souci mais un plus parce qu'ils m'apportent une autre éducation, discipline, rigueur. La diversité dans une équipe c'est un plus. Chacun s'enrichit mutuellement».
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