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Makhlouf Ouali (Ex-Défenseur de l’OMR et de l’EN Militaire) : «J’ai failli jouer au PSG»

Ouali Makhlouf était l’arrière latéral volant de l’OMR où il a fait toute sa carrière (avec une parenthèse d’un an au MCA). International militaire, il a côtoyé des légendes du foot national comme Lalmas, Selmi, Bachi ou Betrouni et servi sous les ordres d’entraîneurs émérites tels que feu Smaïl Khabatou et Ahmed Arab. Détour sur le parcours intéressant d’un défenseur rassurant.

Le Soir d’Algérie : Vous êtes né en 1946, mais à quel âge avez-vous débuté le foot ?
Ouali Makhlouf
: J’ai débuté un peu tard, à l’âge de quatorze ans en cadets à l’OMR.

Une équipe où vous avez effectué toute votre carrière ?
Oui, j’ai joué sous les couleurs de l’OMR jusqu’en 1975, mais il y a eu une saison où j’ai défendu le maillot du MCA. C’était lors de l’exercice 1970-1971.

Qui vous a contacté pour évoluer à l’OMR ?
Personne. Je me suis présenté tout seul et on m’a recruté.

Et vous avez toujours occupé le poste d’arrière gauche ?
Non, au départ j’occupais le poste d’ailier droit. Puis dans la catégorie juniors, Smaïl Khabatou, le coach de l’époque Allahyarahmou, a constaté que j’étais très rapide, alors il est venu me voir et m’a dit : «Mon garçon, je préfère te voir derrière, parce que devant, tu es tellement véloce que parfois tu t’oublies et tu sors même des limites du terrain.» Et c’est ainsi qu’il m’a reconverti au poste de latéral gauche.

Et pourtant, vous êtes un droitier naturel ?
Je jouais des deux pieds, mais Khabatou voulait que je déborde à gauche pour ensuite me mettre sur mon pied droit et distiller des balles rentrantes.

Et puis vint cette année 1970 où vous signez au MCA.
Au départ, je devais signer au NAHD, on m’avait présenté Lucien Vernier, le coach français, mais j’avais posé une seule condition.

Laquelle ?
Comme j’étais gendarme à l’époque, je voulais quitter la gendarmerie et j’avais demandé aux dirigeants du NAHD de contacter M. Hofman qui était wali d’Alger en ce temps-là pour régler mon problème. Mais, ils m’ont répondu que M. Hofman ne voulait pas de problèmes avec le colonel Bencherif qui était le patron de la gendarmerie à l’époque. Alors, j’ai préféré signer au MCA où j’ai retrouvé Khabatou qui était mon coach à l’OMR.

Et le MCA vous a réglé votre problème avec la gendarmerie ?
Non pas du tout, c’est justement un officier de la gendarmerie, responsable des sports, qui m’a emmené au Mouloudia d’Alger.

Et c’est Khabatou qui devait être content de vous récupérer ?
Non, détrompez-vous, Khabatou était très susceptible et il ne voulait pas avoir d’anciens joueurs de l’OMR au MCA. Il avait déjà Bachta et Mesbah qui venaient du Ruisseau et quand je suis arrivé, il n’était pas enthousiaste.

Et au cours de cette saison 1970-70, vous avez remporté votre premier titre avec le MCA, la Coupe d’Algérie, sans avoir été titularisé par Khabatou. Pourquoi ?
La veille du match on était logé à la Citadelle, un établissement hôtelier près de la Chiffa, pour nous préparer, on était les trois ex-de l’OMR, à savoir Bachta, Mesbah et moi-même dans une chambre. On discutait de la vie et de la finale, quand soudain Khabatou est entré. Immédiatement et s’est écrié : «Vous m’avez suivi même au MCA. Vous êtes en train de comploter contre moi». Dès qu’il a refermé la porte, on s’est regardé et on s’est dit qu’on n’allait pas jouer la finale. Et on avait un peu raison puisque seul Bachta qui était plus ancien et très important au milieu a joué. Moi et Mesbah, on s’est retrouvé dans la tribune.

Mais vous ne regrettez pas cette saison au MCA ?
Non, bien au contraire, j’ai eu l’occasion d’évoluer avec de grands joueurs comme Bachi, Zenir, Betrouni et les autres.

A l’époque, vous défendiez aussi les couleurs de la gendarmerie. Comment pouviez-vous jouer pour deux formation à la fois ?
Le matin à 7 heures, je m’entraînais avec les gendarmes. Puis l’après-midi, j’étais avec l’OMR. Je dois dire qu’avec la gendarmerie, j’ai remporté 4 coupes et 4 championnats. En 1968, alors que je n’avais que 22 ans, j’ai pu bénéficier d’une formation d’entraîneur.

Et en 1975, quand vous avez raccroché les crampons, vous vous êtes reconverti à la fonction d’entraîneur  ?
Non, en 1975, j’ai quitté la gendarmerie et je me suis rendu en France, plus exactement au Paris SG où j’ai rencontré Mustapha Dahleb, que j’avais connu et affronté en Algérie lors des championnats militaires quand il effectuait son service national. Là, il m’a présenté son coach de l’époque le non moins célèbre Juste Fontaine qui demeure le meilleur buteur d’une phase finale de Coupe du monde avec 13 buts en 1985.

Et comment a réagi Juste Fontaine ?
Il m’a juste posé une question : «On part demain à Oran pour disputer un match amical. Est-ce que vous pouvez venir avec nous pour effectuer un essai ?»

Et qu’avez-vous répondu ?
Je lui ai dit que j’avais quitté l’Algérie grâce à une autorisation de sortie délivrée par la Wilaya d’Alger et que si jamais je rentre au pays, je ne pourrais pas revenir avec vous. A ce moment-là, Fontaine m’a dit de l’attendre à Paris pour qu’il me mette à l’essai une semaine plus tard. Mais entre-temps, j’ai signé à Stains, un club de division inférieure.

Avec le recul, vous ne regrettez pas d’avoir raté une occasion de jouer au PSG ?
Non, j’étais en fin de carrière. J’avais déjà 28 ans et je traînais une blessure au dos.

De retour en Algérie, on vous retrouve comme coach de votre club de toujours, l’OMR ?
Oui, j’ai dirigé l’OMR pendant une saison, puis j’ai drivé le CRB Bordj-ElKiffan. Ensuite, je me suis retrouvé à Birtouta et enfin à la tête de formation d’El Hamma.

En 1990, vous obtenez votre troisième degré d’entraîneur sans pour autant poursuivre votre métier de technicien. Pourquoi ?
Parce que je ne suis pas un assoiffé d’argent et que lors de mes fonctions d’entraîneur, j’ai vécu des dérives qui m’ont poussé à me retirer.

Quelles dérives ?
Lorsque j’étais entraîneur du CRB Bordj-El-Kiffan, des dirigeants d’un club adverse que je ne citerai pas sont venus chez moi avec une valise contenant de l’argent. Ils m’ont dit que leur formation risquait la relégation et qu’il fallait qu’on arrange notre match. J’ai immédiatement appelé le président du CRBBK pour voir si nos joueurs n’avaient pas été également contactés. Il me répond qu’il y en a deux qui ont été approchés mais qui ont refusé la combine. Le lendemain, j’ai composé l’équipe mais sans titulariser les deux éléments pour ne pas prendre de risques.

Et comment s’est déroulé le match ?
A la mi-temps, on menait par un but à zéro. Le président de l’équipe adverse qui risquait la relégation en cas de défaite est venu me voir en me disant : «Voilà 5 000 DA de plus. Au total, cela fait 35 000 DA et vous levez le pied.» Je lui ai répondu que je ne mangeais pas de ce pain-là, alors, il m’a craché au visage, mes joueurs se sont précipités sur lui, mais je les ai retenus et nous avons, finalement, remporté la victoire en ajoutant un second but.

Et tout, cela s’est passé en quelle année ?
C’était en 1986, c’est dire que la magouille ne date pas d’aujourd’hui.

L’OMR a complètement coulé après avoir accédé en première division sous le règne de feu M. Attia. Comment l’expliquez-vous ?
Prenons l’exemple du MCA. C’est un grand club populaire au palmarès impressionnant, mais il n’a même pas son propre stade. L’OMR ne possède aucune infrastructure. Il y a juste ce petit stade de Revoil qui est un bien communal qui a été mis à la disposition de l’équipe pour 99 ans. Moi je dis que l’OMR a coulé parce qu’elle n’a plus une composition humaine et de bons dirigeants comme avant.

On vous a justement proposé de devenir président de l’OMR. Pourquoi avez-vous refusé ?
Pour la simple raison que je n’ai ni le temps ni l’argent. En plus, j’ai subi une opération du cœur. Il m’est arrivé d’aider l’OMR autrement.

Selon vous, quel est le meilleur à votre poste d’arrière gauche ?
Dans les années 60, il y avait Bourouba. Ensuite, il y a eu Nadir Belhadj qui a malheureusement mal terminé sa carrière aux Emirats.

A l’OMR, vous aviez côtoyé deux légendes du foot national qui étaient à leurs débuts, Lalmas et Selmi. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Lalmas était le meilleur joueur en Algérie. Quant à Djillali Selmi, j’ai une anecdote inédite sur lui.

Laquelle ?
C’était en 1968, on jouait une rencontre qualificative pour la Coupe du monde militaire face à l’Allemagne, dans ce pays, il faisait très froid et on avait perdu par deux buts à un. Ce jour-là, Selmi a réalisé une performance époustouflante à tel point que l’entraîneur du Bayern de Munich de l’époque qui assistait au match est venu voir Ahmed Arab, notre coach pour lui dire : «Laissez-moi votre n° 10 (Selmi) et je le transformerais en un nouveau Pelé». Mais en ce moment-là, malheureusement, les joueurs algériens n’étaient pas autorisés à quitter le pays. Bien sûr, cela a fait plaisir à Selmi quand on lui a rapporté ce qu’avait dit ce coach allemand.
Propos recueillis par Hassan Boukacem

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