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Rubrique Sports

Djamel Belmadi (sélectionneur national) face à la presse : «Le match face au Brésil ? une rumeur»

L’actualité des Verts continue d’enivrer les «accros» du football et l’opinion sportive nationale ne manque aucune occasion pour fouiner le moindre détail sur la vie de Belmadi et son équipe.
Hier, à la veille de l’entame du stage de la sélection à Sidi Moussa, le sélectionneur des Verts a passé un nouvel examen oral devant les médias. Et comme d’habitude, le débat a été, en de nombreux moments du point de presse, «houleux». Normal, quand les questions vont dans tous les sens comme celle où l’on demandait au coach de livrer sa pensée sur les révélations faites par l’ancien président de la FAF au sujet de son salaire. Belmadi s’emportera et retournera la question au journaliste : «C'est quoi votre salaire vous ? Vous êtes journaliste ?
C'est vous qui avez fait des émissions là-dessus ? C'est vous que ça perturbe ?», s’interrogera-t-il sans contenter le «désir» de son interrogateur. Puis une autre question portant sur un prétendu retour aux affaires de la sélection du manager Amine Labdi à laquelle Belmadi a répondu également par une interrogation. «Un retour de Labdi en tant que manager ? Je n'ai rien entendu de tout ça.» Pour l’entraîneur national, la «rumeur» fait bon ménage comme celle annonçant que l’Algérie a refusé d’affronter le Brésil. «Le match amical face au Brésil, c'est faux, tout simplement. Nous n'avons rien dit, le Brésil non plus, et la rumeur s'est faite toute seule. Comment pourrait-on refuser de jouer face au Brésil ? Mais c'est faux. Le Ghana, par contre, oui, c'est vrai, ils ont annulé à la dernière minute et ça fait deux fois que nous vivons ça avec eux. Ça fait du tort et ça profite à certains, tout simplement», commente-t-il. Et ce n’était pas la dernière question où Belmadi doit s’exprimer sur un «sujet» qu’il ne connaît pas. «Est-ce que mon fils rêve de jouer la Coupe du monde 2026 ? Oui, il rêve.» Avant de revenir à un ton plus «synthétique» en signifiant au journaliste qui l’a interpellé s’il était obligé de «répondre à ça ? Mon fils fait sa vie, je ne suis pas là pour casser les rêves de qui que ce soit. Je lui dis, en tant que père, de se focaliser sur ses études».

Le pourquoi des absents
Puis vint le moment du vrai interrogatoire qui se rapportait aux choix de joueurs et celui des adversaires pour ce regroupement. «Pour cette trêve, on veut être compétitifs.» «Certains joueurs cités auraient pu être là pour cette trêve mais ne le sont pas en raison des démarches ou d'autres points encore qui prennent un certain temps.» «Il y a beaucoup de rumeurs, de palabres. Nous, nous n'avons rien dit. Après, pour être sincère, il y a des choses qui évoluent avec certains joueurs et qui apparaîtront dans les dates Fifa à venir», a-t-il répliqué d’entrée. Concernant le choix des adversaires, Belmadi expliquera que «la Guinée, on l'avait étudiée à la CAN-2019 et ils sont souvent à leur avantage face à nous. On veut rencontrer des problèmes, des matchs difficiles et spécifiques à l'Afrique pour progresser. Le but de nos deux matchs ? Progresser, donner l'opportunité à certains d'évoluer en EN dans le contexte très particulier qu'est celui de notre continent, avoir une expérience du niveau international». C’est donc des choix cornéliens que Belmadi a eu à faire. Et les absents lors du présent stage ne le sont pas éternellement. A commencer par le capitaine Raïs M’Bolhi à propos de qui Belmadi dit que, malgré l’âge avancé, «a toujours le niveau international. M'Bolhi n'a pas fini son projet en EN !». Un des probables successeurs de M’Bolhi ne sera pas non plus là et son remplacement pourrait intervenir sous peu. «Mandréa pourrait être absent, il s'est blessé hier en championnat», confie-t-il. Avant de rappeler qu’il n’a pas de souci à se faire sur ce plan. «Lors de la dernière trêve, les trois gardiens ont joué un match. Le but, c'est de voir s'ils ont le niveau et leur donner de l'expérience dans les matchs internationaux. Zeghba joue bien, Mandréa a fait de bons matchs face à de gros joueurs. J'aime ça et je les suis. M'Bolhi est dans nos plans, il est sélectionnable mais il y a d'autres gardiens et j'aime ça.» Sur les autres absents, Belmadi affiche son légendaire pragmatisme en interrogeant les consciences. «Pourquoi Benrahma n'est pas là ? Je ne peux pas prendre 30 joueurs, c'est un choix, tout simplement.» Et de noter par ailleurs qu’«il faut du temps pour certains, comme Bounedjah qui doit retrouver la confiance et le niveau qui étaient les siens».

Pas les meilleurs du moment
Et c’est la même «contrainte qui fait que Yacine, brillant en ce début de saison avec son club au Qatar mais qui ne fait pas partie des 24. «Je ne peux pas dire que Yacine Brahimi a un futur ou pas en EN. Pour l'instant, je veux voir d'autres joueurs. Entre un joueur qui ne joue pas mais qui a le niveau et un autre qui joue à chaque fois et qui n'a pas le niveau international... Mon plus grand souhait, c'est que tout le monde soit compétitif, avec beaucoup de temps de jeu», concède Belmadi qui avoue que l’Algérie n’a pas «deux, voire trois EN! Pour moi, c'est un discours dénué de toute compétence, de toute rationalité. Notre réservoir de joueurs au niveau international est limité». Selon le coach national, cette liste des «24» n’est qu’occasionnelle. «Il y aura peut-être d'autres matches contre des équipes européennes, peut-être même dès la prochaine trêve. Le but, c'est avant tout d'être prêts pour la CAN». Et d’ici là, «de nouveaux joueurs peuvent en principe arriver durant les prochaines dates Fifa». Pour Djamel Belmadi, les éléments convoqués répondent à des critères que lui seul maîtrise. Il citera en ce sens le cas de Touba et Mandi qui jouent les matchs de Ligue Europa Conférence mais qui sont moins utilisés en championnat. «Mandi a joué deux matchs en Ligue Europa Conférence, c'est un moindre mal. Il ne joue pas tous les week-ends mais il a un minimum de temps de jeu, même si nous aurions aimé qu'il soit plus concerné par les matchs de Liga», a-t-il estimé. Mais selon lui, «le plus problématique, c'est Tougaï qui n'a toujours pas débuté de championnat même s'il a joué 7-8 matchs amicaux». Belmadi n’est pas non plus «content» de la situation de son capitaine Mahrez au sein de Manchester City. «Mahrez ? Je ne rentrerai pas dans ce qu'a dit Aboutrika, que je respecte. Mahrez a été le meilleur buteur de City la saison passée, il vient de signer un nouveau contrat, il traverse une phase difficile actuellement. A lui d'inverser ça», fait savoir Belmadi qui se dit «outré» par le débat qui veut que certains trentenaires soient mis sur la liste des retraitables.
«Slimani joue à Brest, en L1, il a marqué au Cameroun, etc. Le gars est encore là ! Bounedjah 31 ans ? Ce n'est pas vieux ! Benzema a 35 ans. Il ne faut pas croire qu'un joueur qui dépasse la trentaine est devenu un ‘’chibani’’ qu'il faut envoyer en maison de retraite ! Mahrez aussi a 31 ans», commente-t-il.

La bataille du milieu
Le fait nouveau dans la liste de Belmadi concernait le come-back de Nabil Bentaleb, absent des effectifs de l’EN depuis octobre 2018. Un retour salué par Belmadi qui s’attend à ce que le médian du SCO Angers reparte pour une autre belle aventure avec la sélection. «Pour Bentaleb, j'ai vu son évolution sur l'aspect comportemental qui lui a posé beaucoup de problèmes, sur et en dehors du terrain. Il est évident qu'il y a une vraie évolution, et il est capitaine à Angers, ce qu'on ne donne pas à un fou. Aujourd’hui, il rentre dans les meilleures années de sa carrière. La balle est dans son camp. Il aime l'EN qu’il a ralliée très jeune (à exactement 19 ans, ndlr) mais dont j'attends qu'il nous montre son niveau. Sa position a toujours été un sujet de discussion, je veux une sentinelle, je veux étoffer ce poste-là», précise Belmadi qui tient toutefois à rappeler que «Bentaleb ne vient pas comme un cadre. On a peut-être parfois un peu trop fait confiance à certains, en faisant un management plus souple à un certain niveau de croisière et qu'on ne mérite pas cette confiance. En 7 ans comme pro, Bentaleb n'a pas montré le niveau qu'il a vraiment et que je lui connais. Je le retiens pour plusieurs raisons, vous connaissez ses difficultés ici ou là, mais le potentiel est là. Aujourd’hui, il a 27 ans. On a vu un gros joueur en Coupe du monde 2014. De 2015 à aujourd'hui, il a perdu du temps», reconnaît Belmadi qui ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle «recrue», Houssem Mrezigue, le seul élément issu de la Ligue 1 algérienne. «Pour dire que Mrezigue est le meilleur milieu du championnat d'Algérie non, mais dans ce poste et selon mes attentes, oui, c'est le meilleur pour l'instant. Mrezigue, je voulais le voir à ce niveau et en EN. J'ai suivi sa progression depuis 2019 et ses premiers matchs au CRB. Je n'ai pas été surpris de son évolution pendant la Coupe arabe», note-t-il avant de souligner que tous ses milieux sont «en concurrence, c'est normal. Bennacer, quand on le prend, c'est limite un joueur de l’équipe B et la CAN a changé ça».

De «possibles nouvelles recrues» plus tard
Sujet embarrassant qu’il est, l’arrivée de nouvelles têtes au sein de l’équipe nationale, particulièrement en provenance de l’émigration, a pris un temps considérable durant le point de presse. La raison est bien évidemment la «promesse» qu’aurait faite Belmadi en juin dernier laquelle a suscité les commentaires et nourri les rumeurs sur les noms éventuels qui renforceront les rangs de la sélection. Belmadi rappellera d’abord les fondements philosophiques de sa démarche. «À partir du moment où l'on a un minimum d'attachement à ce pays, je ne vois même pas ce que je peux dire. Quand l'attache est là, je parle d'emblée du projet sportif, c'est ça que veulent entendre avant tout ces joueurs», explique Belmadi qui ne croit plus aux ragots colportés ici et là. «Quand un joueur me dit ‘’non attends, parle à mon papa, ma maman, mon chien...’’, je pourrais juste dire publiquement qu'il a dit non et c'est fini. Pour autant, je travaille sur le temps long, la finalité c’est l'intérêt de l'EN», assure l’entraîneur national qui s’est appuyé sur l’exemple de Coach Vahid pour mieux comprendre la difficulté de la chose. «Si j'avais fait comme notre Coach Vahid il y a 3 ans, tu me dis non et au revoir ? C'est sûr, tu perds le joueur à vie», dit Belmadi qui ne manque pas de signaler l’entourage «difficile» des joueurs cités. «Le papa des joueurs, en général, adore souvent dire partout à quel point il aime le pays, à quel point il est nationaliste, mais il change de discours quand son fils doit effectivement jouer pour nous.
Moi, je serai très attentif à la réponse des joueurs. Je les protège pour les voir arriver sous mon mandat ou sous celui d'un autre, mais s'ils mentent demain, eux ou leur entourage (comme le papa qui joue sur les deux tableaux), je n’y peux rien.»
Belmadi qui confirme avoir discuté «depuis 4 ans» avec certains joueurs relève que le dossier est un puzzle très complexe quand il s’agit de prendre une décision.
Et de donner une explication à ce revirement qui se serait produit pour que les joueurs qui ont émis le vœu de venir dès ce mois de septembre tournent le dos aux Verts.
«Si leurs propres parents n'ont pas d'impact sur les joueurs, que va faire un sélectionneur ? Je tire mon chapeau à Vahid Halilhodzic, qui malheureusement n'ira pas en CDM, et qui a eu des affaires classées en 4 secondes avec Brahim Diaz. Certains jouent avec le fait que le coach ne serait pas allé les voir. Parlez-leur, vous aurez alors deux infos : si ces joueurs, de qualité et dont on est persuadés qu'ils auraient un impact comme les Feghouli, Mahrez, vous saurez s'ils ont été approchés et plus qu'approchés par le sélectionneur, et vous saurez surtout s'ils ont envie de rejoindre cette EN», tient à rappeler Belmadi qui invite la presse à l’aider, si elle peut, pour connaître la vérité.
«Je n'ai jamais vu de journalistes, de manière générale, avoir une information du joueur en lui-même. Vous n'arrivez pas à les contacter eux-mêmes ? Ce serait bien que vous puissiez parler avec Adli ou Aouar pour connaître leur position. Je regarde la presse sportive en Algérie, je n'ai pas vu ce qui a été dit en France sur Aouar ou Adli. Tout se situe pour moi en Algérie», tranche-t-il avec amertume.

Delort, le sujet qui fâche !
Belmadi était surtout attendu hier à propos du retour en sélection de l’attaquant niçois Andy Delort qui, l’année dernière, avait demandé une «pause internationale» qui a mis en colère l’entraîneur national à tel point qu’il jura par tous les saints que le joueur ne remettrait plus les pieds chez les Verts.
A ce propos, la réponse de l’entraîneur algérien fut longue et parfois désordonnée. Comme pour dire qu’il (Belmadi, ndlr) n’a jamais énoncé un bannissement de l’ancien Montpelliérain du groupe Algérie. «Delort ? Je ne sais pas si c'est la fin de la sanction puisque c'est lui qui a dit qu'il mettait en pause l'EN. Certains font exprès de retourner les choses pour créer le doute. J'aimerais que les commentateurs se focalisent un petit peu sur le championnat et nous laissent un petit peu tranquilles. Que tous ces experts fassent que le championnat soit de meilleure qualité !» tenait d’abord à déclarer Belmadi comme pour recadrer les débats. «C'est dommage de reparler de la problématique de Delort, il va nous rejoindre et ce n'est pas positif d'en parler, même si je savais que ça allait être le cas. C'est lui qui s'était auto-exclu», fait-il remarquer avant de s’interroger avec ironie : «Pourquoi Belmadi a changé d'avis sur le retour d'Andy ? Moi, je n'ai condamné personne, j'ai ramené des joueurs qui avaient fait des choses aussi. Personne n'a le monopole du patriotisme, je n'ai jamais fermé de porte à qui que ce soit.»
Plus terre à terre, Belmadi annoncera que «même en cas de qualification au Mondial, j’avais l’intention de démissionner et mon successeur pouvait ramener qui il voulait, Delort compris».
«Aujourd'hui, je suis encore sélectionneur et si nous avions été en Coupe du monde, Delort n'aurait pas été là. Nous devons être logiques et clairs là-dessus, ceux qui ont fait la campagne, dans les endroits difficiles, auraient eu ce mérite. Aujourd'hui Andy revient, et quasiment à la case départ. Il va devoir aller au Niger, en Ouganda, en Tanzanie», continue Belmadi, apparemment convaincu par les raisons invoquées par le joueur de l’OGC Nice.
«Andy m'a communiqué des éléments d'ordre privé, que je ne pouvais pas savoir parce qu'il ne m'en avait pas parlé. J'ai tendance à le croire», mime Belmadi qui comprend que «des joueurs aient été touchés par la décision de Delort. Certaines choses ont été dites, il s'exprimera sûrement également lui-même devant le groupe, c'est inévitable. Après, on veut tous tirer dans le même sens, le cadre est clair», conclut-il avec une note d’agacement. Hier, Belmadi, qui se sentait comme souvent «attaqué», a répliqué, mais a compris que ses ennemis sont plus nombreux, plus féroces. A lui et à ses joueurs de renverser la (mauvaise) tendance…
M. B.

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