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Rubrique Sports

Djamel Belmadi, sélectionneur national A, en conférence de presse : «On se prépare à tout ça depuis longtemps»

Plus que deux pas avant le Mondial-2022. C’est l’impression que le sélectionneur des Verts, Djamel Belmadi, a laissé transparaître lors de son dernier point de presse avant le match «aller» contre le Cameroun, vendredi prochain à Douala. Un entraîneur déterminé mais néanmoins excédé par certaines «réflexions» des journalistes à qui il a surtout rappelé qu’il était l’entraîneur et qu’il assumait ses choix.
Moins de 24 heures après avoir «libéré» sa liste de joueurs, Belmadi affrontait les médias hier au CTN/FAF de Sidi-Moussa. Un duel aigre-doux durant lequel le sélectionneur national a déclaré qu’il est là depuis environ quatre ans pour réaliser un objectif : aller en Coupe du monde. «On se prépare à tout ça depuis longtemps. La Coupe du monde est l'évènement par excellence et mes joueurs sont très déterminés pour ça», a-t-il confié d’emblée. Et de faire savoir qu’il n’était pas le seul à nourrir un tel désir. «Je peux vous garantir que nos joueurs ont envie d'aller à la Coupe du monde. Nos échanges resteront privés. C'est un évènement particulier, il fallait donc une préparation particulière. C'est la dernière possibilité pour certains de jouer une Coupe du monde. Pour d'autres, c'est peut-être aussi la dernière chance d'évoluer avec une génération aussi talentueuse», soutient un Belmadi «démonté» par les critiques qui avaient ciblé son équipe au lendemain de la CAN du Cameroun. «Ça fait 4 ans que je suis avec mes joueurs, ce serait injuste de les juger seulement sur les trois derniers matchs. J'ai toujours apprécié leur envie, leur détermination, leur amour de l'équipe nationale. Nos joueurs veulent se racheter, dans notre pays, devant notre peuple. Ils sont prêts pour ça et demain, inch’Allah, tout commencera même si ça fait 2 mois que l'on s'y prépare», a révélé le driver des Verts.
Un entraîneur qui n’oublie pas de rappeler ce qu’il avait convenu après le tournoi africain d’égypte, en 2019. «Avant la dernière CAN, il y a eu une discussion. L'une d'entre elles portait sur l'après-CAN et notamment sur ce duel décisif. J'avais dit qu'un bilan allait être tiré après cette CAN et qu'elle aurait une incidence», a-t-il mis en exergue avant de préciser encore une fois que «l'échec de la CAN, c'est ma responsabilité. C'est un échec collectif, on n'incrimine personne, je n'ai pas fait de liste-sanctions, mais une liste pour nous qualifier pour la Coupe du monde».
Les mots sont lâchés. Belmadi et ses troupes affronteront le Cameroun avec un nouvel état d’esprit. Une autre motivation. «L'enjeu sera partout. À Douala ou à Blida ! Ça sert à quoi d'aller à Douala, sinon ? On peut les attendre ici tranquillement», questionne-t-il en avouant son amour aux joueurs. «Ce sont eux qui sont sur le terrain et pas moi», affirme Belmadi. Et d’enchaîner par une forme d’amour plus concrète qu’il compte insuffler à ses joueurs. «Préférer gagner une CAN ou jouer une Coupe du monde ? Les goûts, les couleurs... aimes-tu le chocolat ou la vanille, c'est pareil. Moi, j'avais ces deux objectifs en rejoignant mon pays. On ne veut pas choisir, en réalité. Il faut passer par les moments difficiles, être dans la peur qu'il faut gérer, ou le stress qu'il faut aussi gérer. Si c'était la Coupe Coca-Cola, ce serait trop facile ! On parle de la Coupe du monde, il faut passer par tout ça», s’amuse à dire celui qui demande plus de respect au sujet de ses convictions, de ses choix. «Laissez-nous terminer les matchs avant de parler des listes ! Vous avez trop parlé de la liste en 2019 et après vous demandez pardon à propos de notre choix avec Guedioura.»
Agressif comme jamais, Belmadi ne laisse plus les «mauvaises fixations» troubler sa sérénité à telle enseigne qu’il n’a esquivé aucun «coup». Même celui d’un journaliste qui lui demandait pourquoi Benyettou, pourquoi pas Bounedjah ? Et les autres recalés ? «Félicitations à Benyettou pour sa sélection. Il n'a pas 20 ans certes, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Ça fait 3 ans qu'il est assidu, qu'on le suit. On cherche un joueur qui marque et il a su le faire dans de gros matchs. Benyettou mérite de s'approcher de cette sélection. Quant à son utilisation, on verra plus tard !», affirme Belmadi qui, sans livrer de noms, réplique à propos des recalés.

«On joue pour l’intérêt du pays»
«Les joueurs savaient qu'ils étaient convoqués avant vous, et ceux qui ne sont pas retenus ont évidemment eu droit à un message. Pendant deux mois, je ne pouvais pas les laisser dans leurs clubs et patienter, donc on a beaucoup travaillé. Environ 35 joueurs ont respecté tout le travail attendu pendant les deux derniers mois pour préparer ce duel. 10 d'entre eux ne sont pas retenus, mais j'ai de l'empathie. On joue pour l'intérêt du pays, on verra pour le futur après. Des joueurs ont été écartés, puis sont revenus, et l'inverse. Il n'y a pas de choix définitif, on pense exclusivement à la qualification», dira-t-il avant d’accabler une certaine presse. «Les journalistes ont eu une attitude schizophrène pendant la dernière CAN. Ne venez pas me demander aujourd'hui exactement comment on prépare le match face au Cameroun pour les surprendre, etc.», tenait-il à s’insurger.
Puis de répondre pourquoi il a fait appel à tel ou untel. «J'ai choisi ces joueurs parce qu'ils m'ont paru être les plus adaptés à la qualification. C'est tout ! Il y a beaucoup de sélectionneurs en Algérie. Si on rentre dans les détails techniques, il y aura beaucoup de surprises.»
Parce que des surprises, il y en a eu. Belmadi cite la principale, le retour inattendu du «vieux» Adlène Guedioura. «Je suis constamment avec les joueurs, tous les jours, encore plus quand on est sélectionneur et qu'on ne les a pas au quotidien. Vous n'avez pas les mêmes informations que moi et je savais qu'il était bien. Je sais que Guedioura est prêt. Guedioura est pleinement capable de faire ce que j'attends de lui, on verra en fonction des différents calculs s'il aura du temps de jeu, s'il rentrera ou s'il démarrera ces deux matchs.» «A-t-il «pris la place» de Zorgane ?», interroge un autre journaliste. Belmadi s’emporte et réplique à nouveau. «Zorgane a un très bon avocat dans cette salle ! J'ai encensé 40 joueurs au moins. L'absence d'Adem Zorgane est un choix de l'entraîneur. Celui qui est habitué à jouer en EN, jeune ou moins jeune, et qui pense que c'est un acquis et que malgré les rappels, il continue d'avoir une forme de passivité, ça n'existe pas chez moi. Les joueurs sélectionnés le sont pour des choix tactiques, évidemment, mais aussi pour l'aspect mental qui est extrêmement important pour moi. Ne parlez pas au nom de l'Algérie et des Algériens, parlez en votre nom. Certains pensent au fait que Zorgane n'est pas là, mais pas tous. Parlez en votre nom», poursuit Belmadi qui dit avoir prévu de faire appel, au besoin, à des joueurs portés sur la liste élargie, pour le match de Blida. Irrité par les questions relatives au choix de joueurs, Belmadi ne se privera pas de «titiller » certains reporters à qui il demandera de lui fournir des preuves tangibles de ce qu’ils avancent non sans leur rappeler (encore) qu’il gère une sélection, pas un club.
«Il n'y a qu'en Algérie que ça pose problème d'avoir une équipe-type. Toutes les sélections ont ça ! En club, ça peut changer. Regardez Liverpool, ça fait 4 ans qu'ils ont la même équipe», soutient-il avant de citer l’exception béninoise pour dire qu’il est mieux informé que beaucoup de journalistes. «Au Bénin, je regardais leur équipe des années plus tard pour leur qualification en Coupe du monde et c'était exactement la même», affirme Belmadi, convaincu que ses choix sont les plus logiques possibles. «Vous êtes surpris de voir Mahrez là, qui est le meilleur buteur de son équipe, ou Belaïli là qui est le meilleur aussi. Nous, il faut que l'on chipote ?», se demande-t-il en confiant sur un ton dégoûté : «C'est très fatigant et ça ne va pas durer longtemps.» Une manière de rassurer ses détracteurs qu’il ne sera pas là dès lors que sa mission se termine avec les Verts. «Si un journaliste vient avec les chiffres, sur nos 35 derniers matchs, et sort les 35 dernières compositions, on peut parler. Ne répétez pas les paroles de certains sur les plateaux qui sont malintentionnés», peste Belmadi qui se livrera finalement à un «débat» qu’il pensait terminé aussitôt le tournoi camerounais passé.
«En Coupe d'Afrique, qui a démarré le premier match ? Belkebla ou pas? Si Zerrouki ou Guedioura est meilleur, je vais mettre Haris quand même ? C'est ton ami, Belkebla ?» tonne Belmadi qui «sent» le complot à travers ses questions. «Vous me dites que Zorgane méritait. Vous êtes associé avec l'autre journaliste ? Savez-vous jouer au football ? Vous n'avez pas un physique de footballeur ni même de sportif pour dire qu'il mérite ! Restez à votre place, vous n'êtes personne pour me dire qui mérite et qui ne mérite pas.» La tension monte et l’ancien scénario de Rabah Madjer avec un journaliste à qui il avait demandé de se taire n’était pas loin de se répéter.
Dans cette atmosphère électrique, difficile de savoir raison garder pour un sélectionneur qui n’a pas accepté la férocité des critiques dont lui et la sélection ont fait l’objet après l’élimination. «Après la CAN, certains ont eu la critique facile et sans nous donner la possibilité de répondre. Les joueurs ont pu sentir une évolution de certaines habitudes, notamment le fait que j'ai laissé une semaine à 10 jours à la fin janvier pour que tous puissent digérer, être attentifs et passer de la CAN à la Coupe du monde», tenait-il à souligner.
C’est finalement une question sur le soutien que peuvent apporter les centaines de supporters algériens qui se déplaceront à Douala qui finira par «détendre» l’ambiance dans la salle dédiée au regretté et sage Omar Kezzal. Un apport que Belmadi a salué. «Certains sont beaucoup moins amnésiques et les supporters se déplaceront à Douala par amour de leur pays et de leur sélection», tenait-il à mettre en évidence dans une ultime pique à l’adresse des journalistes. Puis d’évoquer sommairement le match de vendredi prochain à Douala, car c’était l’objectif de cette conférence de presse.

«On veut mourir sur le terrain»
Un duel que le sélectionneur algérien et ses troupes aborderont avec sérénité et beaucoup de cœur. «Il n'y a pas d'arrogance ni de manque d'humilité, bien au contraire, mais nous, on veut mourir sur le terrain. Tout est étudié, même s'il y a les aléas du football, mais, nous, on a beaucoup de confiance. Je précise que si je suis bref pour certaines réponses, c’est parce qu'il ne faut penser qu'à la Coupe du monde. On avait fait passer notre mécontentement pour la pelouse, maintenant tout le monde prend ses responsabilités et focus sur le match», tient à confirmer un Belmadi très académique au sujet des éléments choisis pour cette mission. Un groupe dont il citera quelques éléments pour mieux affirmer sa vision du déroulé de cette empoignade capitale pour l’équipe nationale. D’abord, le retour de Touba, absent à la CAN pour des considérations tactiques et qui revient à cause des mêmes motifs. «Touba a été formé latéral gauche, il a commencé central il y a seulement 3 ans en Bulgarie. Il était même piston gauche, ce qu'on imagine mal, vu qu'il est très costaud. C'est à prendre en considération selon ce qu'on recherche», explique Belmadi très content de convoquer l’ancien sociétaire de l’ES Sétif, Youcef Laouafi qui lui rappelle un certain Nadir Belhadj.
«Il faut qu'il progresse défensivement, mais on a aussi pensé à Touba qui sait jouer dans cette position», relève l’entraîneur des Verts qui s’est félicité de la forme du Milanais Ismaël Bennacer, auteur du but de la victoire de son équipe, samedi soir, à Cagliari.
«J'ai toujours vu Bennacer dans un rôle plus offensif, en relayeur, parce qu'il est capable de marquer. Souvenez-vous de sa frappe face au Nigeria ou de sa récupération de balle. S'il était en sentinelle, ça n'aurait pas été possible», commente Belmadi qui a ensuite longuement disserté sur Belfodil.
«Belfodil a été un joueur très prometteur. Il a beaucoup été comparé à Benzema à un moment donné. À mes débuts comme entraîneur (à Lekhwiya, ndlr), j'avais Georges Prost qui, il y a 10 ans, me le vantait déjà comme un super joueur. Belfodil, en pleine possession de ses moyens, peut apporter énormément. Li fat mat (littéralement, ‘’ce qui est passé, il ne faut plus en parler’’), c'est un joueur qui aime jouer, techniquement très habile malgré sa taille», argumente-t-il. Et de conclure son tableau par l’aspect psychologique qui permet à certains de rebondir. à l’exemple du milieu droit du Besiktas, Rachid Ghezzal, un autre élément formé à Lyon.
«Ghezzal a été décisif. Il joue dans un grand club. Il s’est blessé en Zambie qui l'a coupé dans son élan et, le plus important, c'est maintenant. Il vient avec cette idée revancharde qui me plaît beaucoup. Bounedjah, Benlamri, Belaïli, à leurs débuts, avaient aussi ce côté très revanchard», confie encore Djamel Belmadi qui croit que jouer au Japoma Stadium n’est pas si désavantageux que ça.
«Japoma ? On en a l'expérience désormais. Je crois que le Cameroun a joué son match de qualification face à la Côte d'Ivoire là-bas aussi (mais aussi le quart de finale de la CAN face à la Gambie, ndlr). Nous, on y a joué trois matchs il y a seulement deux mois. Donc on veut réagir dans ce stade», estime celui qui n’a plus aucun commentaire à faire sur le choix de l’arbitre botswanais Joshua Bondo. «Je ne pense rien du choix d'arbitre», se suffit-il de dire.
Que pense-t-il du nouveau Cameroun, que l’Algérie n’a plus gagné dans les matchs décisifs et qui vient de changer de sélectionneur à la veille d’une échéance aussi importante ?
à cette interrogation, Belmadi n’y va pas par trente-six chemins. «C'est la Fécafoot (la fédération camerounaise) qui a décidé de changer de sélectionneur. Elle a pesé les risques. L'avenir nous dira si ça a été une bonne chose ou pas, mais on espère évidemment que non», répond Belmadi qui pense que Rigobert Song, le nouveau sélectionneur des Lions Indomptables, aura du mal à gérer la transition. «Il est difficile, sur trois séances d'entraînement, de changer tout un fond de jeu, des systèmes, une philosophie. Le Cameroun a beaucoup de joueurs qui peuvent être dangereux, mais je ne vois pas l'intérêt de rentrer trop dans le détail de leur équipe. Vous les avez vus, ils ont une animation, un style, des phases de jeu, etc.», se contente de dire celui qui n’aime pas qu’on affuble son équipe de statut de favori. «C'est de la psychanalyse. Je n'ai pas le temps d'y penser. On veut la qualification et nous sommes dos au mur, comme le Cameroun. 10 équipes africaines peuvent se qualifier, c'est passionnant», souligne le driver algérien qui finira son intervention en déclarant que le travail entamé il y a environ quatre ans doit être récompensé au soir du mardi 29 mars par une qualification au Qatar. «Imaginez-vous, le 29 mars, devoir jouer le match retour à Japoma. Ça fait peur, non ? On a mérité de jouer ce retour à Tchaker, c'est le résultat de trois ans d'avance. Ce n'est pas joué d'avance mais c'est un avantage», conclut Djamel Belmadi, plus que jamais envoûté par le challenge qui s’offre à lui et à ses troupes.
M. B.

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