Avec ses treize disciplines et environ 400 employés, le Groupement sportif des Pétroliers apparaît tel un mastodonte dans le sport national. C’est aussi grâce à cette association exclusivement parrainée par la Sonatrach que nombre de sélections nationales font bonne figure à l’échelle régionale, continentale et internationale. Son président, M. Djaâfar Belhocine, un ancien handballeur international, entraîneur de l’EN et DTN/FAHB, évoque en quelques propos le «fait nouveau» qu’impose la crise économique au sport à cause de la situation sanitaire mondiale. Pour M. Belhocine, «les décisions prises par la Sonatrach rentrent en droite ligne avec une grave crise qui s’annonce et tout le monde doit faire un effort».
Le Soir d’Algérie : Le P-dg de la Sonatrach vient d’annoncer une réduction du budget de l’entreprise de l’ordre de 50% pour l’exercice 2020. Une mesure qui peut sérieusement impacter l’apport de la firme pétrolière au sport. Quelle est votre première réaction ?
Djaâfar Belhocine : «C’est une décision qui me paraît logique, courageuse et pleine de sens. Certes, je n’ai pas une idée précise sur ses conséquences sur le sport, notre club en particulier, mais je sais pertinemment qu’elle a été prise pour éviter la catastrophe aussi bien au pays, dont l’économie dépend principalement des ressources financières du gaz et du pétrole, et au sport qui subsiste en grande partie grâce à l’aide de la Sonatrach.»
C’est une décision qui touche à un exercice (2020, ndlr) déjà entamé. Cela risque-t-il d’avoir des conséquences immédiates sur les salaires et autres charges des personnels du GSP?
«Non. Le budget de l’année en cours a été voté en octobre mais ne sera débloqué pour ce qui est du chapitre sport qu’à l’occasion de la prochaine saison sportive où nous allons payer les engagements à différents challenges. Donc, pour cette saison qui devait s’achever en mai, au plus tard, rien ne changera.»
Le GSP, contrairement aux clubs de football financés par la Sonatrach, ne doit pas trop souffrir de cette réduction…
«Tout à fait. Notre budget est loin de rivaliser avec les clubs de football attachés à l’entreprise. Nous fonctionnons comme une véritable entreprise qui offre des salaires à ses employés et quand ils sont performants ils bénéficient de primes symboliques. On n’a pas de primes de matchs encore moins de primes à la signature.»
Le sport étant actuellement complètement à l’arrêt et la reprise pas immédiatement envisageable, une saison à blanc peut-elle constituer la solution idoine pour vous ?
«Ce serait la meilleure décision à prendre. Ce n’est pas possible d’envisager une reprise à court terme. Les sportifs sont confinés et sont hors de forme même si les entraîneurs et préparateurs physiques leur consacrent un régime et un travail spécifiques à effectuer dans leur domicile. Moi, je suis pour une saison blanche. Comme ça, on épargnera aux athlètes toutes les conséquences que peut engendrer une reprise brutale ou un prolongement de la compétition à des périodes durant lesquelles les conditions climatiques ne se prêtent pas à la pratique du sport.»
On parle sport et des conséquences financières que l’arrêt des activités sportives peut causer, alors que le monde est frappé par les malheurs causés par la pandémie de coronavirus…
«C’est vrai que ce n’est moralement pas acceptable. Nous sommes de tout cœur avec les victimes et leurs familles. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Toutefois, nous évoquons le sport parce qu’il y a des familles qui vivent grâce aux rentrées de leurs membres, des athlètes et d’autres staffs qui les accompagnent. C’est la vie et nous devons tous faire en sorte qu’elle soit moins terrible pour les gens. C’est pourquoi je persiste à dire que quelles que soient les mesures de la Sonatrach, tout le monde doit faire un effort. Il y va de la pérennité de l’entreprise et des travailleurs qui se nourrissent à la sueur de leur front.»
Propos recueillis par Mohamed Bouchama
