C'est probablement l'une des surprises de cette CAN égyptienne et le clou de la phase préliminaire : pour ce troisième match, Belmadi change presque toute la sélection qui a assuré la qualification avant l'heure ! Et le résultat est tout simplement exceptionnel ! Pas tant par le score, la Tanzanie étant probablement l'équipe la plus faible du groupe, mais surtout par la manière.
Je peux dire que cette sélection B a joué mieux que l'équipe-type et cet avis est partagé par de nombreux observateurs qui ont retrouvé le beau jeu d'antan fait de solidarité entre les lignes, de transition, d'accélérations, le tout dans un esprit offensif affirmé mais sans dégarnir les arrières où s'activent un milieu remuant et une défense bien regroupée autour du revenant Halliche. Redécouverte du jeu à l'algérienne dans ce qu'il a de plus beau : passes courtes, une-deux déséquilibrant la défense adverse, dribbles sans fioritures, débordements aux ailes, nombreux et puissants tirs cadrés et de très beaux buts au bout d'actions collectives bien construites !
Depuis le départ de Gourcuff, nous n'avons pas assisté à un tel régal! C'est l'autre facette de la nouvelle équipe technique, en plus de sa haute connaissance des questions tactiques. Sur ce plan-là, les premiers matchs ont montré la maîtrise totale de l'occupation du terrain et une adaptation intelligente aux évolutions de la partie. Les Verts, qui péchaient souvent par naïveté tactique, ont su garder le score et bien défendre leurs maigres acquis. L'évolution psychologique est positive.
Grande satisfaction donc, notamment pour la prestation exceptionnelle d'Adam Ounas, auteur de deux buts et crédité d'un rendement exceptionnel. Slimani a joué comme il a l'habitude de le faire : souvent mal placé et un tantinet individualiste, il aura quand même marqué «son» but. L'on sentait qu'il est sur la fin d'une grande carrière et que sa place est contestée par une nouvelle génération de buteurs, même s'il peut encore rendre d'inestimables services en attaque où il peut être incorporé de temps à autre.
On a également relevé le bon niveau des jeunes loups de la sélection auxquels Belmadi a donné leur chance. Une note exceptionnelle pour Boudaoui, la perle sudiste estampillée Le Paradou, une école qui fait parler d'elle et sera probablement la grande référence algérienne des années prochaines. Les autres joueurs ont tous tiré leur épingle du jeu en offrant l'un des meilleurs spectacles depuis des années !
Il faut, cependant, relativiser cette euphorie car la seconde partie a été moins convaincante avec notamment la perméabilité des lignes arrière, trop souvent forcées par les attaquants tanzaniens. Cela a été également le cas lors des précédents matchs. Il y a toujours un problème de défense chez les Verts même s'ils ont su garder leur cage inviolable. Belmadi dispose maintenant de «deux» défenses qu'il a mises à l'épreuve au cours de cette phase qualificative. Il a le choix pour trouver la combinaison gagnante. En tout cas, avec ses atouts et ses faiblesses, l'équipe nationale semble bien partie pour faire une bonne CAN. Mais parler de consécration me semble prématuré. Si l'on passe les huitièmes et les quarts, on en reparlera. Mais ce n'est pas gagné ! On peinait à construire un Onze valable. En quelques mois de travail, Belmadi nous en offre deux d'égale valeur. Encore que, personnellement, c'est la seconde qui m'a emballé par la qualité du jeu, l'esprit collectif et l'euphorie offensive qui m'ont rappelé les grandes sorties des Verts au stade du 5-Juillet lors des Jeux méditerranéens de 1975 et la préparation des Mondiaux de 1982 et 86.
M. F.
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