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Rubrique Tendances

Mouloud Ounoughene, de la musique à la médecine

Mouloud Ounoughene porte une double casquette ; il est en même temps musicien (musicologue) et médecin spécialisé (neurochirurgien). Faut-il pour cela parler de dualité ou de complémentarité ? Il sait régler son temps entre une passion (et la recherche sur cette passion), la musique et la médecine spécialisée (la neurochirurgie). Ces deux temps se complètent dans une gestuelle magistrale qui fait qu’il est, en même temps, l’un et l’autre, sans chercher à porter une priorité quelconque. D’autant que Mouloud Ounoughene s’intéresse au volet qui forme la passerelle entre la musique et son utilisation, à bon escient, dans le traitement de certaines formes de maladies neurologiques.
Mouloud Ounoughene est neurochirurgien, musicien, ancien producteur et animateur d’émissions radiophoniques sur les musiques du monde. Il a sorti avec son groupe Massin’s un album de fusions musicales, intitulé Azetta. Passionné par les effets de la musique sur le cerveau, il a publié un ouvrage intitulé Influences de la musique sur le comportement humain, dont la préface est signée par le professeur A. Louis Bendabid, de l’Académie des sciences de France. L’auteur a également animé de nombreuses conférences et rencontres sur le thème de la musicothérapie.
Son livre, Mohamed Iguerbouchene, une œuvre intemporelle, analyse et dissèque l’œuvre de ce monument de la musique.
L’interculturalité et le métissage musicaux font partie de son violon d’Ingres ; il s’y consacre et développe cette thématique dans son ouvrage intitulé Dialogue des cultures, mythe ou réalité.
Enfin, son dernier-né, paru en fin octobre 2022, porte sur la «musique autrement, de la note à la thérapie».
Je n’omettrai pas de citer son travail de recherche sur le coccyx humain. Pour cela, il a publié un livre très fouillé, sous le titre Douleurs coccycigiennes, illustré de nombreuses planches et autres clichés radiologiques, qui ont été réalisés par ses propres soins.
Ainsi, le Docteur Mouloud Ounoughene passe allègrement d’un thème à un autre, en une fraction de seconde. Je l’ai souvent vu interpellé, ici et là, sur ses recherches et autres avis médicaux. Il prend la peine de répondre aux uns et autres, sans rechigner, ni hocher de la tête. C’est sa nature, il veut creuser davantage ses thèmes de recherche. Les rencontres avec les curieux et autres lui donnent la possibilité d’aller au devant d’autres questionnements. De plus, il est convaincu que la musique aide à surmonter certaines épreuves à des maladies, comme l’Alzheimer, comme la musique aide l’enfant à mieux appréhender les connaissances scolaires. «Nous sommes entourés de musique, dit-il constamment, il suffit de tendre l’oreille.» Mouloud Ounoughene fait de la militance, quand il s’agit de musique, conscient du fait qu’elle peut apporter un plus à la société. Sauf que dans nos écoles, les matières qui ont été minorées sont justement la musique et l’éducation sportive.
Ce n’est pas simple d’accomplir ce travail de recherche car, d’une part, le terrain est en friche chez nous, et, d’autre part, il faut un certain recul pour que les conclusions apportent quelque chose à la société. Mouloud Ounoughene le sait pertinemment, lui qui a dû se rendre à Vienne (Autriche) pour suivre la trace du monument de la musique, Iguerbouchene. Il voulait fouler les traces musicales de cet oublié du grand public. En ce temps-là, Mouloud Ounoughene ne parlait que du musicien. Il vivait avec, presque. Au point où il est pratiquement l’un des rares à maîtriser la vie et l’œuvre d’Iguerbouchene. Il est vrai qu’il est passionné par la musique ; car, dit-il souvent, «la vie est musique».
Dans Influences de la musique sur le comportement humain, éd. Dar Khettab, 2011, 94 pages, Mouloud Ounoughene écrit ceci : «Sédative ou stimulante, envoûtante ou déconcertante, la musique influe sur les processus physiologiques de l’homme, à savoir la tension artérielle, les fréquences cardiaque et respiratoire et les rythmes du cerveau.» (p.7) D’emblée, on est informé de l’importance de la musique sur le comportement humain. Ne dit-on pas que «la musique adoucit les mœurs» ? Est-ce à dire que la musique est indispensable à notre vie, comme le pain, l’eau, les fruits et légumes. Ounoughene la place à ce niveau d’exigence. Mais il précise que la musique n’est pas seulement émise par les instruments de musique ; elle est dans les chants des oiseaux, dans le va-et-vient du ressac, dans le vent qui fait danser les arbres, etc. À propos de l’ouvrage, le Professeur Alain Louis Benabid écrit : «Il établit des correspondances biunivoques entre ces deux mondes et nous persuade qu’on peut expliquer l’influence de la musique, dont il joue comme il se sert d’un scalpel, sur certains états comportementaux ou ressentis, pour peut-être en tirer des perspectives thérapeutiques.»(p. 6)
Dans La musique autrement, de la note à la thérapie, son dernier-né aux éditions Dar Khettab, 2022, il est question pour le Docteur Mouloud Ounoughene d’établir, encore une fois, le lien ténu qui peut se tisser entre la musique et la thérapie. La musique possède en elle une force insoupçonnée et met en jeu une «compétence cognitive» qui fait du cerveau, du moins de certaines de ses régions, un élément fondamental dans la lutte contre certaines maladies. L’Alzheimer en est une preuve suffisante. Le chercheur écrit : «La musique est susceptible de ‘’remodeler’’ notre cortex en modifiant ses connexions nerveuses. Ce phénomène de neuroplasticité due à une activité gliale est notamment utile lors de la phase de récupération de lésions encéphaliques.»
Dans cet ouvrage, La musique autrement, Mouloud Ounoughene fait appel à l’histoire de la musique, dans un but pédagogique mais aussi dans la perspective de faire application de ses découvertes. Les enfants autistes, par exemple, améliorent leur condition par la pratique musicale. Aussi, Ounoughene interroge l’histoire de la musique, à travers le monde, pour poser le fondement de la musicothérapie. Il nous explique que celle-ci (la musicothérapie) remonte loin dans l’histoire de la corrélation entre la musique et les «faiblesses» de l’être humain.
Il est vrai que cet ouvrage est assez complexe, car il fait appel à un niveau de compréhension élevé. Mais il y a certaines parties qui sont à la portée du lecteur médian. Et pour peu qu’on creuse un tant soit peu le sujet, il est possible de saisir toute la complexité du cerveau, un organe encore mal connu par les scientifiques, et la musique perçue à l’origine comme un bruit apaisant.
Y. M.

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