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Il a officialisé sa candidature Bouteflika en quête d’un nouveau consensus

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

C’est donc officiel : Abdelaziz Bouteflika met fin au faux suspense et annonce, officiellement et formellement et sans aucun intermédiaire cette fois, sa candidature à la présidentielle du 18 avril prochain. L’annonce a été faite, comme prévu, à travers un message à la Nation rendu public dans la journée d’hier dimanche par l’agence officielle, APS.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «C’est en réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l’accomplissement d’un devoir ultime que j’annonce aujourd’hui ma candidature à l’élection présidentielle du mois d’avril prochain», annonce, en substance, l’homme qui se présente, ainsi, pour un cinquième mandat à la tête du pays, qu’il dirige depuis 1999.
Victime d’un lourd AVC en avril 2013, Bouteflika s’était déjà présenté, quasiment dans les mêmes conditions qui sont les siennes aujourd’hui, pour un quatrième mandat en 2014. Le concerné ne le cache pas et, dans son discours d’hier, visiblement élaboré avec une minutie de chirurgien, il est, d’emblée, fait la comparaison entre le quatrième mandat et celui qui va s’ensuivre. «Il y a cinq années, dira en effet Abdelaziz Bouteflika, vous m’avez porté à la magistrature suprême pour poursuivre le processus de construction nationale. Ce choix exprimé par une large majorité reflétait sans doute votre attachement à une œuvre nationale marquante autour de laquelle j’ai eu le privilège de rassembler vos convictions et vos énergies.» Le sous-entendu, ici, est très clair : l’état de santé n’est pas un handicap. Il le dira même, de manière plus explicite, un peu plus loin.
Dans cette annonce de candidature, qui s’est voulue en parfaite cohésion avec le mot d’ordre général que le pouvoir lui a fixé depuis une année, à savoir «la continuité», Bouteflika fera, en effet, son propre bilan depuis son arrivée à la présidence. Sur tous les plans. Bien sûr, dans le sens que l’on devine. Pour pouvoir lancer, ensuite : «Ce sont, sans doute, les avancées qu’a réalisées notre pays et la conscience des citoyens des enjeux et difficultés qui le guettent, qui ont amené, ces derniers mois, de nombreuses voix au sein de la classe politique et de la société civile à encore me solliciter pour poursuivre ma mission au service de la patrie.» Se disant «reconnaissant» aux auteurs de ces appels, qui «me rassurent que je n’ai pas déçu la majorité de notre peuple», Bouteflika ajoutera que «cela, même si je n’ai certainement pas concrétisé la totalité de mes engagements envers le peuple, ni encore moins satisfait toutes ses attentes qui sont grandes. Dans le même temps, je suis conscient que notre pays a encore de grands chantiers à prendre en charge et à parachever et de grands défis à relever». Puis, ce passage-clé : «Bien sûr, avouera-t-il, je n’ai plus les mêmes forces physiques qu’avant, chose que je n’ai jamais occulté à notre peuple, mais la volonté inébranlable de servir la patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté». Ce passage est, en termes de communication, terriblement efficace car il est destiné à frapper la fibre sensible chez le citoyen.

«Une conférence nationale
pour des réformes profondes»
Désormais officiellement candidat et, donc, certain d’être toujours là au-delà du 18 avril, Bouteflika consacrera la seconde moitié de son message à la Nation, à dévoiler son programme pour le pays. «Si vous m’honorez de votre confiance précieuse, le mois d’avril prochain, j’inviterai, dès cette année, toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation à une conférence nationale consacrée à la concrétisation du consensus sur les réformes et les changements que notre pays devrait engager en vue d’aller plus loin dans la construction de son devenir et de permettre à nos concitoyens de continuer à vivre ensemble, de mieux en mieux, dans la paix et la prospérité.»
Bouteflika avait, pour rappel, réservé son premier chantier du quatrième mandat à une profonde révision de la Constitution qui avait fait l’objet de consultations nationales dès juin 2014. Une sorte de remake est prévu pour l’après-18 avril qui interviendra, cette fois, sous la forme d’une conférence nationale. En quoi consistera cette conférence ? Bouteflika en dévoile les grandes lignes dans son message : «Permettez-moi de vous expliciter, maintenant, les motivations de cette conférence nationale ainsi que les missions dont elle sera investie.» Cette fois, il s’agira de profondes réformes non seulement politiques, mais aussi économiques et sociales. «Les réalisations que nous avons effectuées ensemble dans les domaines de la paix, de la concorde, des réformes et du développement, demeurent à parfaire (…).» Il est question, entre autres, de «garantir la transparence des scrutins» ; de «conforter un développement économique fondé sur la justice et l’affirmation d’une économie nationale d’initiative, productive et compétitive», «consolider l’indépendance de la justice».
Bouteflika parle de réformes courageuses. C’est ce que suggère en tout cas cette phrase de son message où l’on peut lire que, par exemple, au plan économique, «tous les changements nécessaires devront être introduits sans dogmatisme aucun». A l’arrivée, il prévoit une nouvelle révision en profondeur de la Constitution à l’issue de cette même conférence nationale : «Outre l’élaboration d’une plateforme politique, économique et sociale, la conférence nationale pourra aussi proposer un enrichissement profond de la Constitution, dans le respect de ses dispositions relatives aux constantes nationales, à l’identité nationale et au caractère démocratique et républicain de l’Etat. Les propositions que dégagera la conférence nationale me seront soumises pour leur concrétisation par les voies appropriées.»
Voilà, en résumé, ce que fera Bouteflika dès sa reconduction en avril. Un projet qui, pour rappel, devait, initialement, intervenir avant la présidentielle. Cela, avant que le pouvoir ne renonce au projet, pour des considérations d’ordre politique et stratégique, préférant finalement la tenue d’élections même critiquées au plan éthique à un «report» des élections aux conséquences plus risquées encore ! L’annonce officielle de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, hier dimanche, a été complétée, ceci dit, par deux autres annonces, tout autant officielles et qui complètent le dispositif d’ensemble de la mise en branle du cinquième mandat : les nominations respectives, immédiatement après, de Tayeb Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel et de Abdelmalek Sellal comme directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika.
K. A.

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