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MANIFESTATIONS À ALGER Ils viennent de toutes les wilayas

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid
Comme chaque vendredi, la manifestation populaire à Alger draine des milliers de personnes venues des différentes wilayas du pays. Etudiants, travailleurs ou carrément chômeurs, ces Algériens ne lésinent pas sur les moyens pour atteindre la capitale.
L’emblème national confisqué au tunnel de Lakhdaria
Mohamed et ses quatre amis marchent tous les vendredis à Alger. Ils n’ont raté aucun rendez-vous hebdomadaire de la protesta depuis la toute première manifestation du 22 février. Pourtant, ils viennent tous les quatre de Sour-el-Ghozlane dans la wilaya de Bouira. Pour cet étudiant en sport et ses potes, atteindre la capitale en ce vendredi 12 avril a été un exploit.
Comme chaque vendredi, le groupe d’amis loue le service d’un taxi vers 7h du matin. A Lakhdaria, leur véhicule a été arrêté par des agents de la Gendarmerie nationale qui bloquaient le tunnel. «Nous avons été fouillés sans que les gendarmes aient à vérifier nos cartes d’identité. Ils nous ont enlevé les drapeaux algériens que nous avions sur nous et nous ont demandé de remonter en voiture. Mon ami Badredine a eu droit à des coups de pied. Ils ont ensuite demandé au chauffeur du taxi de nous conduire d’où il nous a pris sous la menace de lui enlever ses papiers», raconte Mohamed.
Le taxi a fait demi-tour pour emprunter l’ancienne route d’Alger avant de déposer ces quatre jeunes clients à Cherarba vers 9h30. «Nous avons marché jusqu’à Boumaâti puis nous avons pris le bus de l’Etusa jusqu’à Alger», poursuit le jeune étudiant.
«Je suis même venu mardi dernier, marcher avec les étudiants où nous avons été réprimés par la police», ajoute-t-il.

De Grara à Alger
Sur le gazon piétiné du jardin Khemisti qui fait face à la Grande-Poste, à Alger-Centre, Souhil, Kacem, Hamza et un autre Kacem se reposent en échangeant, de temps à autre, quelques mots. Les quatre amis viennent tout droit de Grara dans la wilaya de Ghardaïa. C’est à bord du véhicule personnel de l’un d’entre eux qu’ils ont pris la route jeudi vers 4h du matin. Arrivés à Alger, ils ont été hébergés par un ami à eux. «Il y avait beaucoup de barrages sur la route à partir de Boufarik», affirment-ils.
Ayant participé à toutes les manifestations des vendredis depuis celle du 1er mars dernier, les quatre amis ont, enfin, décidé de faire le déplacement sur Alger, pour marcher pour la première fois dans la capitale.
«Nous voulons dire dégagez tous», dira Hamza avant que son ami Kacem n’ajoute : «A Alger, ils nous entendront davantage car la marche est bien couverte par les médias.»
«Oui, enchaîne Souhil, parce que nous avons l’impression qu’ils ne nous écoutent pas vraiment. Ils croient que le peuple va se lasser et s’arrêter. Non, qu’ils se détrompent. Yetnahaw gaâ (Qu’ils dégagent tous), le pouvoir est aujourd’hui, au peuple».
Et à Kacem de conclure : «Ils croient qu’après eux, c’est le déluge!»

Aïn Bessem, en procession
Dans un cortège de trois voitures, Mehdi, 27 ans, arrive de Aïn Bessem (Bouira) avec onze autres personnes. Ayant démarré à 3h du matin, le groupe est arrivé à Alger vers 5h du matin. «D’habitude, nous démarrons à 10h mais cette fois-ci, nous avons voulu éviter les barrages», explique Mehdi.
Réformé de la Gendarmerie nationale après trois ans et demi de service, Mehdi est aujourd’hui un activiste sur les réseaux sociaux et administrateur d’une page Facebook dédiée au mouvement populaire contre le système politique en place.
«J’ai ouvert une page Facebook en août dernier. Le 20 février dernier, j’ai été interpellé par la police à Bouira. Cette interpellation a été suivie par six autres pour incitation au rassemblement et atteinte à corps constitué», explique-t-il avant d’ajouter : «Même Anis Rahmani m’a traité de meneur sur son journal électronique.»

En famille de Tiaret
Rania, étudiante en 1re année à l’USTHB à Bab-Ezzouar, est venue de Ksar Chellala (Tiaret) avec son père, Ahmed, et sa jeune sœur, Manel. Ils ont décidé de marcher en famille à Alger.
Le père et ses deux filles ont pris la route la veille vers 4h du matin. C’est à Birtouta qu’ils ont marqué une halte pour passer la nuit chez leur famille avant de rejoindre Alger, le lendemain, par bus.
«A 9h, nous étions sur les marches de la Grande-Poste. Les policiers antiémeutes occupaient déjà les lieux», affirme Rania.
En scandant «Ya lil âar, el policier wella hagar (Quelle honte, le policier est devenu hagar)», elle assure avoir été menacée par un des policiers. «Il m’a dit : descends d’ici sinon je te tue», rapporte-t-elle.
«Ce n’est qu’à l’arrivée de la sœur de Larbi Ben-M’hidi que les policiers ont quitté les marches de la Grande-Poste», ajoute son père Ahmed.
Pour leur troisième marche à Alger, la famille d’Ahmed est venue manifester contre le pouvoir en place. «Il faut que ce système dégage, qu’ils dégagent tous. Nous voulons des gens honnêtes et crédibles», renchérit son père Ahmed.

Il s’endette pour manifester chaque vendredi à Alger
A 22 ans, Seïfeddine, licencié en sociologie, est officiellement chômeur. Seule sa vieille carriole lui sert d’étal pour vendre des fruits dans son quartier natal à Aïn Bessem. «J’ai eu trois P-V pour vente sur le trottoir et mon faible bénéfice ne me permet pas de les payer», dit-il avec un sourire au coin des lèvres. Pour sa 6e marche à Alger contre le pouvoir en place, Seïfeddine a dû encore s’endetter pour s’y déplacer. «Chaque semaine, je m’endette de 2 000 dinars pour venir à Alger. Nous voulons qu’ils dégagent tous. Nous en avons marre de ce pouvoir. Face à l’injustice que nous vivons, l’idée d’aller en harraga m’effleure des fois», dit-il. Toujours aussi souriant, ce jeune de Aïn Bessem raconte sa mésaventure de vendredi dernier. De retour à Bouira, lui et ses amis n’avaient pas trouvé de transport pour aller à Aïn Bessem. «Nous avons été transportés par un camion de dépannage. Il faisait nuit et froid et j’ai dû choper une grippe qui m’a cloué au lit. Pourtant, ce vendredi, je n’ai pas hésité à revenir», raconte-t-il.
Rym Nasri
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