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BOUIRA Journée d’étude sur la pensée de Mohamed Arkoun

Louable initiative que cette journée d’étude organisée ce samedi à la Maison de jeunes de Haïzer, par l’association culturelle Les amis du livre de Haïzer et dédiée au grand penseur, philosophe et islamologue Mohamed Arkoun. L’initiative est d’autant plus louable que même les conférenciers invités pour la circonstance ont été à la hauteur de l’événement.
Ainsi, durant la matinée, et après une projection d’un film documentaire sur l'islamologue Mohamed Arkoun, une conférence a été donnée par l’universitaire, M. Fareh Messerhi, enseignant de philosophie à l'université de Batna. Le conférencier, devant un auditoire toute ouïe, parlera de la pensée de Mohamed Arkoun et de son œuvre. Il évoquera les courants de pensée qui ont influencé sa pensée comme celle de Michel Foucault ou encore celle de Gaston Bachelard et son travail sur l’épistémologie historique, mais également celui que Mohamed Arkoun décrit comme étant le fondateur de la pensée musulmane, l’imam Shafiî et notamment son fameux livre Rissala ou Le message. D’après le conférencier, Mohamed Aknoun a compris très tôt que la pensée islamique ou l'interprétation du Coran a tellement été prolifique durant plusieurs siècles, qu’il s’est trouvé que les érudits versés dans les sciences islamiques, ont oublié le texte fondamental qu’est le texte intégral du Coran, en se basant uniquement sur ces textes expliqués. D’où la philosophie de Mohamed Arkoun qui a lutté toute sa vie durant pour libérer la pensée islamique de ces idées médiévales, afin de les ramener à une pensée contemporaine emprunte de liberté de pensée et d’opinion. Une pensée libérée de ces dogmatismes que certains «érudits» voulaient absolus alors qu'il s’agissait en vérité d’approches. Aussi, selon le conférencier, Mohamed Arkoun voulait amener l’homme à user de sa raison afin de relire le texte fondamental qu’est le Coran sacré et réécrire la Sunna car, dépassée par le temps puisque écrite selon les notions du moment, c’est-à-dire d'une époque où ont vécu ceux qui l’ont écrite avec leur conception.
D’après le conférencier, Mohamed Arkoun expliquait qu’avec une liberté d’opinion et d’interprétation du texte fondamental selon la conception contemporaine, l’homme pourra gérer les différences et éviter les extrémismes que nous voyons dans le monde musulman actuellement…
Durant l’après-midi, ce fut au tour de l’islamologue Saïd Djabelkhir, fondateur du Cercle des lumières pour la pensée libre, de faire une communication très appréciée qui était suivie d’ailleurs par un très bon débat ; tant l’auditoire était composé d’universitaires et d’une population avide de savoir et de connaissances. Ainsi, le conférencier et tout au long de son intervention et en se basant sur les travaux de Mohamed Arkoun dont il est l’un des admirateurs, fera une lecture critique concernant le Coran ainsi que la Sunna. Le conférencier ira jusqu’à expliquer certaines vérités méconnues comme par exemple le fait que le texte fondamental, qu’est le Coran, avait plusieurs copies au début et que ce n’est que durant le calife Othmane que fut prise la décision d’unifier le texte coranique alors qu’auparavant, plusieurs versions circulaient dans le Hedjaz. Une décision qui contient pourtant des critiques puisque, selon le conférencier, le conseil installé par Othmane pour l’écriture de la seule version à distribuer dans les provinces avec ordre de détruire toutes les autres versions, était composé de jeunes et non de vieux qui, contemporains du prophète (QSSSL). Aussi, et puisque c’était ainsi, pendant la destruction de toutes les autres versions, il avait subsisté au moins une version ; celle d’Abdellah Ibn Messaoud, qui la tenait de la bouche même du prophète (QSSSL) ; une version authentique qu’il écrivait lui-même et dont il se gardera de détruire lorsque l’ordre fut donné à tout le monde de détruire toutes les versions et de ne garder que celle qui fut officielle, celle des Koraïchites. D’après Djabelkhir, durant les premiers temps, le Coran était écrit de différentes manières, chaque tribu ou région, l’écrivait à sa manière avec sa propre langue ou langage. Le Coran était alors un texte ouvert, mais après la décision d’Othmane Ibn Affan, le Coran devint un texte fermé. Cependant, toujours selon le conférencier, d’après les historiens, la version retenue n’était pas la même que celle du Coran originel puisque certaines sourates comme Al Ahzab qui était longue, sera abrogée lors de son écriture. Certaines sourates sont dépassées par le temps comme celle qui parle de la femme, etc. D’où la nécessité pour les savants musulmans, d’adapter le Coran à l’époque contemporaine, l’arrimer à la modernité et ne pas le laisser entre les mains de certains dont la pensée est restée toujours à l’époque médiévale.
Cela étant, outre le Coran, le conférencier dira également que plusieurs hadiths sont sujets à polémique, puisque leur authenticité est douteuse. Lors des débats, et au sujet du Coran, le conférencier dira également qu’il existe chez les grands savants musulmans une polémique sur le nombre exact d’ayates, puisque certains parlent de 6 214, d’autres de 6 218, d’autres encore de 6 225, 6 236 et même de 6 616, c’est dire …
Le conférencier répondra également à une question sur le voile islamique dont il dira qu’il n’a jamais été imposé aux femmes musulmanes en rappelant la sourate dans laquelle il est cité et qui parlait des femmes du prophète (QSSSL) pour des raisons particulières. Cela dit, le caractère divin du Coran, a été réitéré par le conférencier, mais rappelle qu’il faut sortir du tout sacré et promouvoir la pensée relative. Pour lui, ce sont les politiques qui ont sacralisé le Coran en l’imposant de force avec une seule version écrite et retenue comme nous l’avons vu. «Il faut relativiser et éviter de parler de l’absolu car ce sont ces choses là qui produisent nécessairement la violence», dira entre autres celui qui fut l’objet d’une attaque de la part des islamistes après ses propos tenus sur une chaîne de télévision privée où il appelle à la relecture des hadiths dont beaucoup sont des faux.
Y. Y.
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