Une information des plus incroyables circule depuis jeudi à Alger, celle d’un sous-marin israélien entré il y a quelques jours dans les eaux territoriales algériennes dans le but évident d’espionner un dispositif militaire algérien marin en plein exercice.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L’affaire qui a fait grand bruit sur les réseaux sociaux a pris naissance à la suite d’un tweet d’un journaliste russe affirmant qu’un sous-marin israélien avait été détecté dans les eaux territoriales algériennes au moment où se déroulait l’exercice militaire « Radaa 2021 » (les 29 et 30 septembre dernier). La même source indiquait que ce sous-marin avait été pourchassé par des bâtiments militaires algériens qui ont réussi à le chasser et le pousser à faire surface, signalant ainsi qu’il avait abandonné la mission dans laquelle il s’était engagé.
Hier, Menadefense, un site spécialisé dans les questions militaires de défense, a rectifié une partie de l’information livrée par le journaliste russe. L’affaire en question ne se serait ainsi absolument pas passée durant l’exercice militaire « Radaa ». « Un très large périmètre avait été libéré du trafic marchand pour éviter les incidents ou les regards indiscrets », soutient ce site, avant d’indiquer que l’incident en question avait eu lieu le 27 septembre dernier, lors de la préparation de l’exercice (en question) ». «Un sous-marin israélien de classe Dolphin a été repéré par des moyens passifs, puis traqué et obligé à faire surface dans les eaux internationales et quitter la zone », précise cette même source ajoutant que le «Dolphin a été détecté par les moyens acoustiques d’un sous-marin Kilo algérien (…) décision a été prise de le pourchasser agressivement, sans utilisation de sonars.
Le BDSL Kalaât Beni Abbas, qui faisait partie de l’entraînement (en tant que navire de commandement), a joué un rôle central dans l’opération, en déployant deux hélicoptères de lutte anti-sous-marine Superlynx. Les deux appareils, avec leurs moyens optiques et leurs détecteurs d’anomalies magnétiques, ont poursuivi la lutte pendant que deux sous-marins Kilo 636 repoussaient l’intrus vers le nord. Étant encerclé, l’équipage du Dolphin a préféré faire surface pour signifier qu’il abandonnait la mission et s’est éloigné des côtes algériennes. Il aurait fait surface à 5 km au nord du Kalaât-Ben-Abbès. Il a donc été forcé par les bâtiments algériens à faire surface pour montrer une posture neutre et éviter de se faire détruire. Pour information, l’incident a eu lieu en bordure des eaux internationales, et le sous-marin israélien a fait surface hors de la zone ». L’exercice Radaa 2021 supervisé par le chef d’état-major Saïd Chanegriha s’est, quant à lui, déroulé sans incident, précise Menadefense.
Les raisons de cette intrusion sont mises sur le compte d’une tentative d’espionnage et de collecte d’informations, « renseignement électronique et récolte des données sur les transmissions de la marine algérienne et leur chiffrement », ajoute ce site. Les autorités militaires algériennes n’ont, quant à elles, ni démenti ni confirmé ces informations jusqu'à hier. Depuis plusieurs semaines, des messages des dirigeants n’ont cependant cessé d’alerter sur les menaces et tentatives de déstabilisation en prévenance du Maroc et de son allié sioniste. Alger ne cesse aussi de déclarer qu’elle se tient prête à toute éventualité. L’affaire du sous-marin Dolphin pourrait être liée à ce contexte de guerre froide avec Rabat.
À la fin de l’été dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères avait accusé le Maroc de vouloir entraîner son allié sioniste dans des problèmes avec l’Algérie. Ces propos faisaient suite à une déclaration faite à partir de Rabat par le MAE israélien au sujet d’un prétendu rapprochement d’Alger avec Téhéran. Dire que le sous-marin israélien se trouvait en mission de renseignement au profit du Maroc ne pourrait pas être faux aujourd’hui.
A. C.
