L’activation des cartes chifa sera prochainement possible dans toutes les officines pharmaceutiques conventionnées par la Cnas (Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés). La rétention de cette même carte par les pharmaciens, pourtant contraire aux règles conventionnées, constitue aujourd’hui le cheval de bataille de la Cnas.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - C’est sous le slogan «la Sécurité sociale est un droit, préservons-le» que la Cnas organise, depuis hier, des portes ouvertes de sensibilisation et d’information auprès des assurés sociaux et des officines pharmaceutiques conventionnées. Cette campagne nationale vise essentiellement à sensibiliser à la rétention de la carte chifa par les pharmacies, pourtant contraire aux règles conventionnées. «Nous visons à combattre une fraude caractérisée au détriment de la Cnas et des ayants droit. Aujourd’hui, notre but est de mettre fin à cette pratique négative», a précisé le directeur de l’agence d’Alger de la Cnas, Mahfoud Idris, hier, à Alger.
Soulignant l’usage personnel de la carte chifa dans les différentes opérations avec les prestataires de soins conventionnés avec la Cnas, il affirme que le recours à la rétention de cette carte par le pharmacien est souvent à l’origine de son utilisation abusive et déloyale. «Ces cartes gardées auprès des pharmacies sont souvent égarées ou utilisées frauduleusement», déplore-t-il.
Selon lui, quelques pharmaciens conventionnés à l’échelle nationale ont eu recours à ce type de fraudes. Quant à l’agence d’Alger, il affirme que sur les 320 officines pharmaceutiques conventionnées, «nous avons recensé entre deux et trois pharmacies qui ont adopté ces pratiques et dont l’affaire est en justice».
Mahfoud Idris rappelle à cet effet une affaire qui remonte à fin 2016, où un médicament destiné pour un traitement neurologique a été détourné et utilisé comme drogue. «Cette pratique nous a créé des problèmes à l’agence d’Alger. Des malades, notamment des cancéreux qui utilisent ce médicament comme un tranquillisant n’arrivaient plus à se le procurer car il était détourné par certaines pharmacies», explique-t-il.
Il évoque également les 1 500 cartes gelées pour abus d’utilisation. «Ces cartes chifa ont connu des dépassements de consommation de médicaments. Certains titulaires ont reconnu cet abus et sont en train de régulariser leur situation à travers un paiement par échéance. D’ailleurs, nous avons récupéré plus de la moitié des dus relatifs à cette anomalie dont le montant global dépasse les dix millions de dinars», précise-t-il encore.
Le directeur de l’agence d’Alger de la Cnas annonce, par ailleurs, l’activation des cartes chifa qui se fera incessamment dans toutes les officines pharmaceutiques conventionnées. «L’étude a été finalisée. Il ne reste qu’à appliquer l’activation de la carte chifa dans les pharmacies», assure-t-il.
Précisant que jusqu'à fin juin 2018, la Cnas agence d’Alger a produit plus de 850 mille cartes chifa, il évoque le phénomène des cartes chifa en instance dans les centres de paiement. A elles seules, celles établies pour les étudiants dépassent les 31 mille cartes non récupérées.
Il a d’ailleurs indiqué qu’une campagne de sensibilisation auprès des étudiants sera lancée dans certains établissements universitaires dès la prochaine rentrée.
Ry. N.
