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Prix du pétrole, du gaz et du charbon Le choc énergétique s’installe !

On connaissait le choc pétrolier, là c’est carrément un choc énergétique qui se profile. Les sources d’énergie traditionnelles que sont le pétrole, le gaz et le charbon sont, en effet, en train de plonger le monde dans une crise que des analystes très avertis, certes, voyaient venir dans une certaine mesure, mais de là à ce qu’elle prenne l’ampleur atteinte depuis le début de cette semaine, cela dépasse tous les pires scénarios imaginés.
Elle semble bien en voie de se matérialiser la perspective selon laquelle d’ici la fin de l’année, entre 30 et 33 milliards de dollars de revenus seront engrangés par Sonatrach. Pour peu que la production suive, sans dépasser évidemment le quota qui lui est imparti dans le cadre de l’Opep+, et que les traders au nom de Sonatrach s’enhardissent sur les marchés spot du pétrole et du gaz, un des talons d’Achille de la compagnie nationale, l’Algérie se retrouve bien placée pour amasser plus que ce qui était envisagé jusque-là. Hier, tôt le matin sur le marché asiatique, quelques instants après le début de la séance, le pétrole a franchi la barre hautement significative des 80 dollars le baril de Brent. Ainsi, après avoir atteint les 50 dollars le 10 décembre dernier, puis les 60 dollars lors de la première semaine de février, le baril de référence pour le pétrole algérien a accroché une première fois la barre des 70 dollars le 8 mars dernier pour enfin se faire vendre à 80 dollars, dans la matinée d’hier, marquant dès lors son plus haut niveau depuis trois ans. Des prix qui «dopent» les perspectives immédiates des producteurs, des investisseurs et des États propriétaires de compagnies, à l’instar de Sonatrach, en mal de ressources financières, mais des prix qui constituent une source d’inquiétude parce qu’une envolée du cours du baril ne ferait l’affaire de personne, ni consommateurs ni producteurs, c’est pourquoi l’Opep par exemple est en train de mettre en œuvre une stratégie afin de stabiliser le prix du Brent autour des 65-70 dollars. Les promesses d’une demande revigorée et d’une offre toujours aussi restreinte, alors que la pandémie de Covid-19 ralentit considérablement, sont autant de facteurs qui militent pour une hausse des prix du pétrole encore plus prononcée que l’envisageaient les analystes les plus optimistes. Ceci sauf si les 13 membres de l’Opep et leurs 10 alliés dans Opep+ décident d’augmenter leur production.

Prix du gaz : de lourdes conséquences
Une évolution du marché pétrolier qui intervient alors que les prix du gaz n’ont pas fini de prendre des proportions extraordinaires, causant des effets monstrueux sur plusieurs économies phares tellement celles-ci pèsent sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Lundi, sur les marchés britannique et néerlandais, les prix ont atteint des niveaux historiques. En Asie, les prix ont bondi de 175 % alors qu’en Europe, ils ont évolué à plus de 250% par rapport à ce qu’ils étaient au début de l’année. Aux États-Unis, pourtant grands producteurs, après avoir très rarement dépassé les 2 dollars le Mbtu (million de Mbtu), le gaz se vend à plus de 5 dollars le Mbtu. La flambée est due à une massive pénurie en Europe avant qu’elle se répande rapidement dans d'autres pays et d'autres marchés, y compris les marchés du charbon et du pétrole en raison de la demande d'électricité qui dépasse l'offre. Ce qui n’arrange rien, la crise du gaz naturel devrait s'intensifier à l'approche de la saison de chauffage hivernale, avec des approvisionnements insuffisants pour répondre à la demande actuelle, sans parler de la reconstitution des stocks pour l’habituelle forte demande en hiver. La crise du gaz naturel en Europe a déjà incité les producteurs européens d'engrais à réduire leur production, ce qui pourrait se traduire par le renchérissement des denrées alimentaires en même temps que les prix du gaz naturel. Cela a également déclenché des avertissements de pannes et de fermetures d'usines. Dans la deuxième économie mondiale, la crise énergétique exceptionnelle a induit dans de nombreuses régions du pays l’arrêt d’usines et… des pannes d’électricité dans plusieurs villes importantes de trois provinces. Au Royaume-Uni, la sacro-sainte loi sur la concurrence de 1998 a été temporairement suspendue pour permettre aux compagnies pétrolières de s'entraider pour s'approvisionner en carburants en pleins «achats de panique» qui ont commencé la semaine dernière et qui ont laissé à sec 90% des pompes à carburant dans certaines des plus grandes villes du royaume. Ceci sans parler des prix exorbitants de l’électricité en Espagne et en France notamment.

Même le charbon !
La crise induite en Europe par les prix du gaz et de l’électricité, tout en se mondialisant pour rattraper la Chine notamment, a sa part dans la remontée des prix sur d’autres marchés ; le pétrole évidemment, mais également le charbon. Le charbon dont les prix ont atteint des niveaux record en Asie où, tout autant que le gaz et le pétrole, il n’arrive pas à rattraper le retour de la demande, et des sommets pas vus depuis 13 ans en Europe, où l’approvisionnement en la matière a été encouragé dans les services publics qui ont recours aux vieilles centrales à charbon dans un contexte de flambée des prix du gaz naturel. Aux toutes dernières nouvelles, la stimulation de la demande mondiale de charbon, pour cause de rareté du gaz naturel, la Chine et l’Inde se sont mises à reconstituer des stocks de charbon, poussant les prix de cette matière à des niveaux eux aussi record tel que la banque Goldman Sachs a, dans une analyse récente, pratiquement doublé sa projection de prix pour le charbon en Asie, avec le charbon thermique de référence devant atteindre en moyenne 190 dollars la tonne au quatrième trimestre, contre une prévision précédente de 100 dollars la tonne, en raison des prix du gaz vertigineux avant la saison de chauffage d’hiver. La situation n’est pas meilleure en Inde, un des plus gros consommateurs de charbon au monde, où les stocks sont à leur plus bas niveau depuis près de quatre ans, selon des informations publiées lundi dans la presse américaine.

Que fera l’Opep+ ?
Inévitablement donc, la crise du gaz naturel en Europe a donné lieu à un effet boule de neige sur les marchés mondiaux de l'énergie. Ce qui a commencé avec des stocks de gaz très en-deçà de la moyenne habituelle en Europe au cours de l'été se répercute maintenant sur les prix du pétrole, avec 80 dollars le baril de Brent hier, du gaz naturel et du charbon dans le monde entier. Le pire, selon des spécialistes de tout bord, se situe dans le fait que rien ne dit qu’une correction majeure des prix à court terme interviendra. Il est juste attendu que si la hausse actuelle des prix se maintient, il n’est pas écarté que la réunion mensuelle de l'Opep+ du 4 octobre aboutisse à une décision des 23 membres de l'alliance d’assouplir les réductions pour novembre, donc une augmentation de l'offre de pétrole de bien plus de 400 000 barils par jour chaque mois, comme cela avait été décidé lors de la dernière réunion.
Azedine Maktour

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