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INDEMNISATION DES VICTIMES DES ESSAIS NUCLÉAIRES Le deux poids, deux mesures de Paris

Le jeu trouble que mène Paris a l’égard d’Alger dans le dossier des essais nucléaires s’est confirmé hier. En déplacement en Polynésie, Emmanuel Macron a reconnu la «dette» de son pays envers les victimes des essais dans cet archipel, ce qu’il se refuse à faire envers les victimes algériennes.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - « Cette dette est le fait d’avoir abrité ces essais, en particulier ceux qui ont eu lieu entre 1966 et 1974, et on ne peut absolument pas dire qu’ils étaient propres », annonce le chef d’État français avant de promettre d’accélérer la procédure d’examen des droits à la réparation pour les victimes des essais nucléaires. Emmanuel Macron ne présente pas d’excuses au nom de l’État comme l’exigent les associations locales à Papeete mais avance à grands pas sur un dossier douloureux.
C’est l’inverse qui se produit avec l’Algérie, le sujet des essais nucléaires est à l’ origine d’une vive tension avec Paris qui se refuse à toute avancée sur le sujet. Pour des raisons inexpliquées, Macron réfute toute idée d’un débat ouvert, public, de discussions officielles sur le sujet et fait savoir qu’il préfère que cela soit traité dans le secret. « Ils veulent que le dossier soit traité dans le plus grand secret, les Français ne souhaitent pas traiter le dossier dans la transparence », révélait en juillet dernier Tayeb Zitouni. À la veille de la célébration de la fête de l’Indépendance, le ministre des Moudjahidine avait livré à l'APS une interview dans laquelle il qualifiait le sujet des essais nucléaires de « plus sensible de ceux de la mémoire » regrettant le fait que « les autorités françaises insistent encore sur le fait de traiter le dossier des essais nucléaires dans le plus grand secret, en dépit des nombreuses tentatives de juristes et d’associations de victimes des essais nucléaires français en Algérie, qui ont œuvré à ouvrir l’archive, propriété des deux pays, au moins pour déterminer les sites et le champ d’essais». «La partie française refuse de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour », révèle-t-il dans un entretien diffusé par l’APS à la veille de la commémoration de la fête de l’Indépendance.
L’Algérie condamne particulièrement le refus français de remettre la cartographie des sous-sols renfermant des déchets nucléaires. «Disposer de la cartographie des essais est de nature à permettre à l’Algérie de prendre les mesures de prévention nécessaires pour la protection de l’environnement et de la population, par crainte d’une exposition aux rayonnements résiduels dans les zones concernées», déclarait encore Tayeb Zitouni.
En avril dernier, le chef d'état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha, avait, lui, demandé à son homologue français «la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et d'In Ekker, et la récupération des cartes topographiques permettant la localisation des zones d'enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques».
En juin, et dans une interview accordée au Point, Abdelmadjid Tebboune appelait « la France à soigner les victimes des essais nucléaires. Le monde s’est mobilisé pour Tchernobyl alors que les essais nucléaires en Algérie provoquent peu de réactions. Ils ont pourtant eu lieu à ciel ouvert et à proximité des populations ».
«La partie française refuse de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour et l’indemnisation des victimes ne s’est pas faite », révélait cependant plus tard (en juillet) le ministre des Moudjahidine. Il va sans dire que le dos tourné de Paris sur cette question n’a fait qu’entretenir le froid entre les deux pays. Ce qui s’est passé hier à Papeete ne fait que confirmer le jeu trouble de Paris.
A. C.

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