L’impact de la proposition de maintien des coupes de production au niveau où elles en sont en ce moment sur le prix du pétrole n’a pas été long à se produire. Hier, peu avant midi, le baril de Brent affichait 39,99 dollars sur le marché londonien alors que plus tôt, dans la matinée, il avait passé la barre des 40 dollars en Asie.
Boosté par l’information selon laquelle l’idée d’une prolongation des coupes de production par les signataires de l’accord Opep+ gagne de plus en plus d’adeptes parmi ces derniers, conjuguée à une somme d’indices sur des perspectives plutôt encourageantes pour une reprise effective de la machine économique mondiale, le prix du baril de pétrole, le Brent comme le WTI, maintient la tendance à la hausse malgré quelques anicroches somme toute passagères en raison de facteurs n’ayant qu’une relation très relative avec les fondamentaux, comme la montée d’adrénaline du Président Trump à l’encontre de la Chine, il y a une semaine, lorsque le baril de Brent de la mer du Nord avait lâché 4% pour finir à 34,74 dollars sur le marché de Londres. Autrement, sur les deux marchés de référence, la tendance haussière se maintient en grande partie grâce à l’extension envisagée des coupes de production, sujet de discussion entamée sur de bonnes bases par les deux animateurs principaux de l’accord Opep+ du 12 avril dernier, l’Arabie Saoudite et la Russie. Un accord dont l’application, pourtant pas dans les proportions souhaitées par les signataires en raison de la «défection» de certains pays, a permis de faire baisser la production à 24,77 millions de barils par jour, selon des chiffres révélés par une enquête de l’agence Reuters.
Une production suffisamment coupée pour que les prix repartent à la hausse dans des proportions que beaucoup d’analystes n’envisageaient pas du tout il y a moins d’un mois tellement le marché était sous l’emprise d’une incertitude jamais égalée depuis même avant la crise des prix de 2014 dont l’Algérie, par exemple, n’a pas encore fini de payer le prix fort de l’impact, sur le plan budgétaire notamment.
Hier donc, elle a fait de l’effet sur les prix la perspective d’allonger jusqu’à la fin de l’année les coupes de production promises par les signataires de l’accord du 12 avril, qui permettent théoriquement, dans un premier temps, le retrait du marché d’un total de 9,7 millions de barils par jour depuis le 1er mai avant d’être ramené à 7,7 millions de barils par jour à compter du 1er juillet. L’idée de la prolongation avance au point où il n’est pas du tout écarté, du moins jusqu’à hier en milieu d’après-midi, que le sommet des pays producteurs réunis au sein de l’Opep+ prévu les 9 et 10 du mois courant soit avancé. Si l’on croit les informations de plusieurs sources américaines spécialisées, l'Arabie Saoudite et la Russie se retrouvent sur le point d’entériner une prolongation de deux mois des réductions actuelles de la production de pétrole, prolongeant l'accord jusqu'au 1er septembre.
L'Arabie Saoudite souhaitant au départ une prolongation jusqu'à la fin de l'année, tandis que la Russie était partie pour «un assouplissement des réductions en juillet». La prolongation de deux mois serait un compromis intermédiaire, selon les sources américaines. En tous les cas, hier la barre des 40 dollars a été franchie en attendant, en fin d’après-midi, le rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’Énergie (EIA) sur le niveau des stocks de brut aux Etats-Unis où, il faudrait le souligner, les foreurs se sont remis à relancer la production au fur et à mesure que les prix remontent.
Azedine Maktour
