Le projet de Peugeot continue d’être enveloppé d’une épaisse chape de plomb en dépit des accords politiques et diplomatiques dont il a bénéficié de la part des plus hautes autorités algériennes et françaises.
Le dernier en date, c’est le secrétaire général du RND et non moins Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a confirmé récemment que le terrain affecté au projet a bel et bien été déclassé du domaine agricole en raison de son taux de salinité élevé et qu’il a été versé dans le secteur industriel, justifiant ainsi la décision de le mettre à la disposition de Peugeot.
Quelles seraient alors les motivations réelles de cet agriculteur concessionnaire qui a fait déclencher une action en solo pour faire dérailler toute la procédure entamée par les pouvoirs publics pour permettre à la marque française de s’implanter dans une zone spécifiquement dédiée au développement de l’industrie automobile ? Y aurait-il des forces occultes, agissant dans l’ombre, rejetant la présence de Peugeot et qui seraient aussi puissantes dans leur tentative de blocage ? Pourquoi la justice a-t-elle fait preuve d’une telle célérité pour faire aboutir rapidement l’action de l’agriculteur en question et bloquer le transfert de propriété ?
Plus de questions que de réponses
Autant de questions que se posent les observateurs du secteur automobile et aussi et surtout les 18 autres agriculteurs qui partageaient avec le plaignant le bénéficie de l’exploitation de cette concession. Ces derniers ont, en effet, remis en cause, il y a quelques jours, les affirmations de leur cobénéficiaire sur la pseudo-fertilité retrouvée de ses terres et déclaraient unanimement leur souhait de voir le projet Peugeot aboutir avec toutes les opportunités d’emplois qui en découleraient.
C’est également une préoccupation encore une fois réitérée par le directeur de la région Moyen-Orient Afrique du Nord au sein de PSA, Jean Christophe Quémard, qui a tenu, lors d’une conférence de presse organisée samedi dernier à Alger, à renouveler la détermination du groupe à parachever le processus d’installation de l’usine de montage de véhicules d’Oran.
Pour lui, l’incompréhension est totale face à cette situation de blocage, d’autant que «ce terrain a été affecté au projet PSA d’une manière tout à fait régulière, après la visite de plusieurs autres. Il répond à nos soucis de proximité de l’autre constructeur français, Renault, avec lequel nous partageons plusieurs fournisseurs de composants et pièces détachées et des voies de communication».
Le projet PSA qui a été initié en 2016 aura, au bout d’une longue procédure, obtenu, en définitive, les agréments et les autorisations nécessaires de la part des différentes instances, ministère de l’Industrie, CNI, CPE, etc. Il aura également reçu solennellement l’approbation des premiers responsables des deux pays.
Pour Quémard, il reste «inexpliqué qu’une individualité puisse faire bloquer un processus engagé il y a plus de deux années dans le respect total des lois et des règlements de l’Algérie». Il ajoutera, néanmoins, que «nous entretenons d’excellentes relations avec le ministère de l’Industrie et que nous restons confiants dans la perspective d’un dénouement rapide de cette situation».
Une activité d’assemblage, comme alternative
En attendant, le groupe PSA a pris l’initiative de développer au sein de son académie de formation sise à Oran une activité d’assemblage de véhicules qui «permettra à Peugeot de compenser à travers un volume réduit, certes, l’absence totale de vente des produits de la marque depuis plus de deux années, de répondre aux attentes de nos nombreux clients et aussi des 42 agents composant notre réseau de représentants à travers le pays et qui ont pu, malgré une conjoncture extrêmement difficile, maintenir leur activité et préserver des dizaines d’emplois». Plus clairement, Peugeot devrait entamer dans les prochaines semaines la production de véhicules et leur commercialisation. Une activité, selon Jean Christophe Quémard, qui ne serait pas tributaire des mêmes blocages que ceux du projet industriel.
Il est donc attendu que des véhicules Peugeot et Citroën assemblés à Oran selon un canevas de volume, de gamme et de production révisé, seront proposés aux clients prochainement.
B. Bellil
