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LE DÉPUTÉ D’UNE COALITION ISLAMISTE SUCCÈDE À BOUCHAREB Slimane Chenine, nouveau président de l’APN

©F.G / PPAGENCY
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Le Front de libération nationale perd la présidence de l’Assemblée populaire nationale. Slimane Chenine, député de la coalition islamiste «Ennahda, El Adala et El Binaa», est le nouveau président de la Chambre basse du Parlement. Retour sur une des pires journées dans l’histoire du FLN.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - C’est un homme fatigué mais serein qui s’est présenté, hier mercredi, dans la matinée, au siège de l’Assemblée populaire nationale. «J’étais à l’étranger. Je suis revenu en urgence hier soir (mardi, Ndlr) pour présenter ma candidature. J’espère que j’aurai votre soutien», explique Slimane Chenine, député d’Alger membre de la coalition Islah-Adala-Binaa, à deux élus du RND. «Inchallah», répondent-ils poliment.
Prévue à 10 heures, la plénière consacrée à la déclaration de vacance du poste de président de l’APN est boudée par les parlementaires. Seuls quelques-uns acceptent de prendre place dans l’hémicycle. Jusqu’à midi, les noms de plusieurs candidats ont circulé dans les couloirs de l’Assemblée : Houari Benaouda, élu du Mouvement de l’entente nationale, Mohamed Djemaï, Abdelhamid Si Affif et Mustapha Boualleg, pour le parti du Front de libération nationale. Le Rassemblement national démocratique, qui était en conclave la veille, n’a pu désigner son propre candidat.
«Plus légitime que Bensalah»

Mais le nom de Slimane Chenine balaie tout sur son chemin. Le député du parti que préside Abdelkader Bengrina fait le tour des groupes parlementaires pour confirmer sa candidature. La plénière programmée à 10h est reportée. Les députés se dirigent au sous-sol pour le déjeuner. Les discussions tournent, là aussi, autour de cette candidature énigmatique. «Il est évident que Chenine est imposé par le pouvoir. Sinon comment expliquer qu’un député issu d’un groupe parlementaire composé de tout juste quinze élus fasse l’unanimité ?», fait remarquer un député indépendant.
14 heures, le premier coup de tonnerre provient du groupe RND qui annonce son soutien à Chenine. S’ensuivent les déclarations des groupes parlementaires du parti TAJ, d’El Moustakbal et du MPA.
Lakhdar Benkhellaf, numéro deux du parti de Djaballah et député de l'union Ennahda-Binaa et Adala, fait son apparition au premier étage. Sourire aux lèvres, il tente quelquesexplications face aux caméras. «Nous avons présenté Slimane Chenine car nous sommes persuadés qu’il est nécessaire que l’Assemblée soit présidée par un député proche du Hirak. C’est bien le cas avec Chenine qui est sorti dans la rue dès le 22 février. Chenine aura à diriger l’Assemblée dans une période très sensible durant laquelle il sera nécessaire d’amender des lois importantes, notamment le code électoral et la loi sur les partis politiques».
Selon lui, Chenine fait «consensus». «Il devrait y avoir un plébiscite de la part de l’ensemble des groupes parlementaires. Nous avons fait campagne auprès du RND et du FLN, nous avons commencé à travailler dès minuit et cela a duré toute la nuit.» Cependant, Benkhelaf dément un quelconque coup de pouce du pouvoir, comprendre l’état-major de l’armée. «Le pouvoir n’a rien à voir dans cette affaire, nous ne faisons pas le jeu du pouvoir. Slimane aura un rôle à jouer dans le cadre du dialogue qui débutera incessamment. Il a plus de crédibilité que Bensalah car il est issu d’un parti politique et d’une Assemblée élue. Bensalah est rejeté par toute la population», note-t-il.
De son côté, le Mouvement de la société pour la paix annonce le boycott des activités de l’APN. Slimane Chenine ne sera pas plébiscité par son ancien parti. Abderrezak Makri a la rancune tenace.
Le FLN fait de la résistance

Mais rien n’est encore acquis pour la coalition islamiste. La voie de la présidence de l’APN est bloquée par un obstacle de taille : le FLN. Réunis au premier étage, dans la salle Rabah-Bitat, les députés de la «première force politique du pays» s’étripent sur la question du soutien à Chenine. Pour nombre d’entre eux, il est inconcevable que leur parti perde la présidence de la Chambre basse du Parlement et que ce poste revienne à un parti «microscopique».
Mohamed Djemaï, qui rêvait de succéder à Moad Bouchareb, vit un véritable cauchemar. Il tente de faire de la résistance. Il insiste pour se présenter. Mais son groupe est divisé et certains députés lui recommandent de se raviser. Djemaï décide de réunir un «comité des sages» dans la salle de réunions du groupe parlementaire. Trois options sont alors proposées : faire comme le MSP en boycottant la plénière consacrée à l’élection du nouveau président ; présenter la candidature de Mustapha Boualleg ou revenir à la légitimité de Saïd Bouhadja, premier président de cette législature, victime d’un coup de force en octobre 2018.
Djemaï sur la sellette

Contacté en urgence, Bouhadja rejette le fait de se soumettre à une nouvelle élection. Il se considère le président légitime depuis mai 2017. L’option du boycott est également rejetée. De son côté, Mustapha Boualleg comprend que la raison d’Etat est plus forte. Il signe un communiqué pour annoncer le retrait de sa candidature au profit de Slimane Chenine. L’ensemble du groupe parlementaire du FLN décide, finalement, de soutenir Chenine. Le député d’El Binaa est plébiscité en plénière.
Cette journée du 10 juillet 2017 aura des conséquences sur l’avenir du parti du Front de libération nationale. Des députés de cette formation exigent, déjà, la tête du secrétaire général nouvellement désigné.
Pour avoir provoqué cette «nekba», Mohamed Djemaï risque de vivre des moments difficiles ces prochains jours. Son ambition a fait perdre à son parti une des plus importantes institutions de la République qui est, depuis hier soir, sous la présidence d’une coalition de partis islamistes.
D’ailleurs, dépité» et fortement désavoué, Djemaï a quitté l’APN sur la pointe des pieds, avant même que Chenine ne soit plébiscité.
T. H.

Portrait du nouveau numéro 3 de l’État
Originaire de Ouargla, Slimane Chenine a fait l’essentiel de son parcours politique aux côtés de Mahfoud Nahnah. En décembre 1990, il participe à la création du Hamas, parti islamiste proche de la mouvance des Frères musulmans qui deviendra, ensuite, le Mouvement de la société pour la paix (MSP).
Au sein de son parti, Chenine revendique son appartenance à la tendance « républicaine et démocrate ». Durant les années 90, il s’oppose ouvertement à la violence des groupes terroristes. Sous la présidence de Nahnah, il occupe plusieurs postes de responsabilité, dont celui de porte-parole du MSP.
Il prend ses distances avec les activités partisanes au lendemain du décès de son mentor. Slimane Chenine crée un centre d’études politiques puis un quotidien en langue arabe dénommés Eraed. Il quitte le MSP lors de la crise de 2014 et participe à la création de Haraket el binaâ el watani (Mouvement de l'édification nationale), en compagnie d’Abdelkader Bengrina.
Lors des législatives de 2017, il est élu à Alger sur la liste de l’Union pour Ennahda, El Adala et El Binaa, coalition de 3 partis islamistes. Dans ses interventions en plénière, il marque son opposition à la politique d’Abdelaziz Bouteflika. Slimane Chenine a fait partie des rares députés qui ont pris part, dès le 22 février, aux manifestations contre le 5e mandat.
T. H.

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