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Rubrique Ce monde qui bouge

2019, l’année de la présidentielle Syrie, la victoire à la Pyrrhus de Bachar

Pour le régime syrien, la nouvelle année semble s’annoncer sous de bons auspices. Signe que tout se passe pour le mieux pour Damas, les Emirats arabes unis (EAU), grand allié devant l’Eternel de l’Arabie Saoudite, et l’un des belligérants les plus actifs de cette guerre contre le régime de Bachar, ont rouvert leur ambassade à Damas. Ce qui n’est pas rien.
On peut imaginer quelle a été la douleur des Emiratis à se résoudre à un tel geste, eux qui ont soutenu financièrement et militairement les djihadistes syriens à coups de milliards de dollars pendant plus de six ans.  
A la suite des Emiratis, Bahreïn a annoncé la réouverture de son ambassade. D’autres monarchies arabes, qui voulaient la peau de Bachar et de son équipe, s’apprêtent également à emboîter le pas. Le Maroc, la Jordanie et, dans peu de temps certainement, l’Arabie Saoudite.  
Pour la monarchie saoudienne, dont l’image a pris un sérieux coup sur la scène internationale en raison de l’affaire Jamal Khashoggi et de la guerre désastreuse au Yémen – et ce n’est pas fini – on peut imaginer qu’il lui faudra un peu de temps pour renouer avec Damas, et digérer son échec diplomatique et militaire en Syrie, elle qui s’était assignée pour objectif la chute du régime de Bachar et le morcellement de la Syrie en micro-Etats ethnico-religieux.  
Au final, hormis l’Algérie, l’Irak et le Liban, qui n’ont pas rompu leurs relations avec Damas, les grands perdants de cette crise syrienne ce sont ces monarchies du Golfe et les pays qui leur mangent dans la main comme le Maroc ou l’Egypte. Ce sont eux qui, lors du sommet de Doha de la Ligue arabe en mars 2013, sur injonction «amicale» de Washington et ses alliés turcs et occidentaux, avaient octroyé à l’opposition syrienne le siège occupé par le régime syrien au sein de la Ligue. Opposition, comme on le sait, fabriquée de bric et de broc, et qui a totalement disparu des écrans, après avoir servi de vitrine politique à des groupes djihadistes qui, pourtant, n’en voulaient pas, car trop «laïque» à leurs yeux, alors qu’elle était dominée par les Frères musulmans. 
Moralité de cette histoire effroyable : les Saoudiens et leurs alliés, qui avaient insisté auprès de Barack Obama afin que les Etats-Unis étendent leur bouclier anti-missiles aux bastions tenus par les djihadistes en Syrie, vont bientôt faire le chemin de Damas, mais piteusement, la tête basse. . . 
Bachar Al-Assad doit ce retour au premier plan à Vladimir Poutine. Les djihadistes ne constituent plus une menace pour Damas. Les capitales occidentales qui ont pesé, y compris militairement, pour avoir la peau de Bachar et son équipe comme elles avaient eu celle de Kadhafi en 2011, se voient contraintes d’accepter l’amère réalité. Reste la question kurde, une vraie épine dans le pied d’Erdogan mais aussi de Bachar, qu’on détaillera dans une prochaine chronique.  
Pour l’heure, le régime syrien savoure ce retournement de situation. Mais, convenons-en, c’est une victoire à la Pyrrhus. L’effondrement de la «résistance» islamiste, c’est aussi la défaite du régime du Baath, d’un pouvoir autoritaire sans partage qui n’avait pour seul et unique politique que la répression la plus féroce envers ses opposants. Ce temps-là est fini. La Syrie ne peut plus être gouvernée avec les mêmes méthodes, avec une base sociale réduite aux seules minorités alaouite, chiite, chrétienne et kurde. 
Algérie. Sauf rebondissement, l’élection présidentielle ne sera pas reportée et c’est pour bientôt. Dans un mois au plus, une fois fixée la date de l’élection, le corps électoral sera convoqué par le chef de l’Etat dont le mandat expire en principe le 17 avril, date de sa réélection en 2014 pour un 4e mandat. C’est ce que stipule la loi électorale. 
Pour l’heure, côté candidatures, ça ne se bouscule pas trop. Fethi Ghares, pour le MDS, Nacer Boudiaf sont candidats. Les autres, parmi ceux qui occupent l’espace médiatique plutôt que le terrain, on ne sait pas trop. Mais après que le chef de l’état-major le général Gaïd Salah a fait savoir qu’il ne faudra pas compter sur l’armée pour interférer dans le jeu politique, la situation sera-t-elle plus claire pour autant ? En tout cas, ceux qui guettaient une réaction des militaires savent désormais à quoi s’en tenir. Attendons de voir la suite…  
H. Z. 

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