Placeholder

Rubrique Ce monde qui bouge

Ghaza, Sahel, les paroles et les actes

SAHEL. Coup sur coup, moins d’une semaine après l’annonce par Bamako de la fin des Accords d’Alger, voilà que les autorités de transition au Mali, au Niger et au Burkina annoncent leur retrait de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Cette conjonction de faits intervenant dans un temps aussi court, dans le contexte d’un Sahel confronté plus que par le passé à une résurgence djihadiste et une menace de guerre civile au Mali, est porteuse de risques majeurs. Des risques contre lesquels la constitution de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) formée par les pouvoirs militaires malien, burkinabé et nigérien, qui se veut un pacte de défense mutuelle, n’est pas en mesure de faire face. Et ce, en raison de la faiblesse de leurs ressources – ils figurent parmi les pays les plus pauvres d’Afrique – et de leurs moyens opérationnels. D’où le recours à des acteurs étrangers dont la multiplication risque de transformer le Sahel en terrain de confrontation entre puissances étrangères comme c’est le cas aujourd’hui en Libye. C’est le cas du russe Wagner présent au Mali et au Burkina, des Américains déjà présents au Niger et dans d’autres pays de la Cedeao, avec en liste d’attente la Turquie, les Emiratis et Israël, etc.
Quant au retrait de la Cedeao du Mali, du Burkina Faso et du Niger, pays enclavés, sans débouchés maritimes et en situation d’insécurité, il va sans dire qu’il va impacter les économies des trois pays et qu’il leur sera difficile de contourner les difficultés socio-économiques à venir. Car faute de mieux, la Cedeao offrait un cadre de coopération économique, de circulation des biens et des personnes, permettant aux citoyens des 15 pays membres de la Cedeao de circuler librement sans nécessité de visa, le droit de s’établir dans tous les pays membres et de commercer librement. Plus de 3 millions de Maliens, 2,2 millions de Burkinabés et 750 000 Nigériens sont établis en Côte d’Ivoire et sans doute autant au Nigeria et dans les autres pays. La question est de savoir ce qu’ils vont devenir.
Quant au Maroc qui fait miroiter un débouché maritime aux régimes malien, burkinabé et nigérien, il est à se demander comment il va s’y prendre pour qu’ils puissent y accéder !
Rappelons que le Mali, le Niger et le Burkina, qui ont favorablement répondu à l’invitation du Maroc, font partie des 14 pays africains dont la dette a été effacée par l’Algérie en 2013. On dit merci à qui ?
GHAZA. Washington et ses alliés tombent le masque. Cette célérité avec laquelle les Etats-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Canada, l’Australie, la Finlande, le Japon, ont décidé de suspendre leur aide financière à l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux Palestiniens, s’apparente à un nouveau feu vert donné à Netanyahou pour poursuivre la destruction de la société palestinienne à Ghaza. D’autant que cette suspension est intervenue juste après que la Cour internationale de justice (CIJ) a appelé Israël à empêcher tout acte de «génocide» à Ghaza et lui a ordonné d’autoriser l’aide humanitaire aux Palestiniens. Prétexte invoqué par Washington et ses alliés pour suspendre leur aide : des allégations israéliennes selon lesquelles 12 employés de l’UNRWA auraient été impliqués dans l’attaque du 7 octobre. «De quoi sont-ils accusés précisément ? Pour l’instant, on l’ignore», s’interroge Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités, dans Libération du 29 janvier. Selon lui, «c’est aussi une façon de soutenir implicitement la position du gouvernement israélien et la violente offensive qu’il mène dans la bande de Ghaza», tout en continuant d’utiliser l’eau comme arme de destruction massive en empêchant sa distribution aux millions de Ghazaouis. Par leur décision, les Occidentaux sont de fait complices de la destruction en cours de la société palestinienne à Ghaza.
L’indécence n’a plus de limite. Encouragés sans aucun doute par la décision de Washington et de ses alliés envers l’UNRWA, plus d’un millier d’extrémistes sionistes religieux, parmi lesquels 11 ministres, ont pris part dimanche à Jérusalem à une manif festive à l’idée de s’installer prochainement à Ghaza, une fois le Hamas «éliminé» et les 2,4 millions de Palestiniens chassés vers l’Egypte. Des gens dansaient et chantaient toute honte bue, devant une carte géante représentant les dizaines de colonies à implanter dans l’enclave de Ghaza vidée de ses habitants.
A jeudi.
H. Z.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder