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Rubrique Ce monde qui bouge

La France, l’imbroglio syrien et la collusion Israël-islamistes

La perception des menaces (en général contre l’Occident) varie selon le temps et le contexte : dans les années 1950-1980, c’était le communisme (URSS en tête, Viêtnam, Cuba...) ; dans les années 1990-2003, c’était l’Irak ; aujourd’hui, c’est l’Iran qui a supplanté Daesh dans l’ordre des priorités et naturellement aussi la Russie.
Mais quand on regarde les moyens dont dispose la Russie en comparaison avec ceux des Etats-Unis, on reste quelque peu dubitatif. La Russie de Poutine, c’est une vingtaine de bases militaires, dont deux en Syrie, et un budget militaire (48,4 milliards de dollars) à peine supérieur à celui de la France (43 milliards de dollars) et… inférieur à celui de l’Arabie Saoudite. Les Etats-Unis, en revanche, ce sont plus de 700 bases militaires installées dans 74 pays (dont la Syrie) et le plus gros budget militaire du monde (639 milliards de dollars en 2018), soit 13 fois plus que la Russie.
Dès lors, quoi de plus simple, direz-vous, que d’agiter une menace iranienne, supérieure selon les stratèges US à la menace nord-coréenne, pour fabriquer la peur, masquer la réalité, afin de justifier une guerre préventive contre l’Iran comme ce fut le cas en 2003 contre l’Irak de Saddam ?
Bien qu’il n’arrête pas de menacer tantôt la Corée du Nord, tantôt l’Iran et même le Venezuela, et qu’il ait ordonné de déployer plusieurs dizaines de milliers de Marines à la frontière russe, en Pologne, dans les pays Baltes et en Ukraine, on reproche à Donald Trump son manque d’entrain en Syrie : or, les forces US sont présentes dans le Nord syrien aux côtés des Kurdes et bombardent les résidus de Daesh et, par ricochet, l’armée de Bachar Al-Assad, comme ce fut le cas le 8 février dernier à Deir Ez-Zhor, tuant une centaine de militaires syriens. Israël est aussi de la fête : il a mené plus d’une centaine de raids aériens contre les forces syriennes depuis 2013, dont le dernier en février a ciblé Palmyre. Mais rares sont ceux qui mentionnent la collusion entre Israël et les djihadistes syriens, pourtant de notoriété publique et qui ne choque plus personne. Selon l’expert militaire israélien Amos Harel du journal israélien Haaretz, pas moins de sept groupes islamistes syriens sont aidés militairement et financièrement par Israël et dont les blessés étaient évacués et soignés en territoire israélien, ce avant que l’armée syrienne ne chasse les djihadistes du Golan syrien. Ce qui n’a pas manqué d’inquiéter le journal Times of Israël daté du 2 janvier. «L’armée d’Assad se trouve une nouvelle fois près des clôtures frontalières, tout comme c’était le cas de 1967 à 2011», écrivait-il. Tiens donc !
Mais ce n’est pas ce genre de détails qui préoccupe la France d’Emmanuel Macron qui cherche à revenir sur le terrain moyen-oriental, pour y faire quoi ? Jugez-en. A Téhéran, lors de sa visite des 4 et 5 mars, son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian a tenté de convaincre les Iraniens – tenez-vous bien – de réduire leur programme balistique, autrement Donald Trump se retirerait de l’accord sur le nucléaire ! Ainsi au lieu de dissuader Trump, qui veut remettre en cause un accord pourtant signé par son prédécesseur Barack Obama, Paris demande aux Iraniens de faire de nouvelles concessions n’ayant rien à voir avec le nucléaire alors qu’on ne demande pas la réciprocité à Israël qui dispose de 200 têtes nucléaires !
Plus encore, Le Drian a également demandé aux Iraniens de faire pression sur Damas pour alléger le siège de la Ghouta où quelque 400 000 civils subissent les bombardements aériens. Certes, les civils syriens sont les otages d’un conflit dont les clés sont détenues par les puissances présentes sur le terrain – Russie, Iran, Turquie et Etats-Unis et leurs alliés arabes – mais derrière le prétexte humanitaire, Paris tout comme Washington et leurs alliés arabes cherchent, avant tout, à sauver la peau des groupes salafo-wahhabites, Jaych al-islam en particulier, encerclés dans la Ghouta. Ils en ont besoin dans la perspective d’un redécoupage de la Syrie, sur lequel, selon Uluç Özulker, ex-ambassadeur turc à Paris, interrogé par l’agence Sputnik, se seraient accordés les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite et la Jordanie, le 11 janvier dernier à Washington. En réalité, le dépeçage de la Syrie est en cours : Israël occupe, depuis 1967, la moitié du Golan syrien, la Turquie occupe déjà le Nord et une partie du Nord-Est syrien, les Etats-Unis sont présents également dans le Nord-Est syrien aux côtés des Kurdes, tandis que la Russie l’est aux côtés du régime de Damas qui contrôle, grâce à son allié russe, autour de 51% du territoire syrien. La paix n’est pas pour demain…
H. Z.

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