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Rubrique Ce monde qui bouge

Révision constitutionnelle et Hirak

Pourquoi les Algériens sont-ils sortis manifester massivement le 22 février 2019 ? Quelles étaient leurs principales revendications ? Ou plus prosaïquement, quels étaient les fondamentaux du Hirak entre le 22 février et le 2 avril 2019, date de la démission d’Abdelaziz Bouteflika ?
Le 22 février 2019, « Ya Bouteflika, ya Saïd, pas de cinquième mandat », « Le peuple veut le changement de régime » (yourid tagh'yir nidham), « Djoumhouria, machi mamlaka », « Klitou el blad ya sarakine » (vous avez pillé le pays bande de voleurs)..., étaient les principaux slogans scandés par des centaines de milliers de personnes.
Et si durant cette première phase du Hirak (22 février-2 avril 2019), les Algériens ont manifesté aussi massivement, c’est parce qu’ils sont arrivés à la conclusion qu’il n’y avait rien à espérer de ce système dont Abdelaziz Bouteflika était le produit et qu’il a incarné jusqu’à l’absurde, avec la complicité et le soutien de tous ceux qui l’ont soutenu durant ces 20 ans. Ils ne demandaient pas le simple départ du Président. Ils se sont exprimés pour un changement de système, à savoir un nouveau contrat social, les libertés individuelles et collectives, la liberté d’expression et de la presse, une justice indépendante, l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est ce qui était inscrit en toutes lettres sur les multiples pancartes et banderoles brandies dans la rue.
Pour eux, la priorité – c’est la raison même du Hirak – ce sont les libertés collectives et individuelles, la liberté d’expression, une justice indépendante...
C’est à ces revendications clairement exprimées avant le 2 avril 1999, et par la suite, que le pouvoir politique doit répondre, car si Abdelaziz Bouteflika est parti, si le bloc politico-oligarchique au pouvoir a été en partie démantelé grâce au Hirak, le système, lui, a survécu.
Et les réformes politiques, dont Abdelmadjid Tebboune assure dans un entretien au journal français Le Figaro du 19 février dernier qu’il en fait sa « priorité », devraient aller dans ce sens. « Je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance », a-t-il déclaré.
Le Hirak n’a donc pas fait que bouger les lignes et ébranlé l’ordre établi. Il a redistribué les cartes, dessiné en creux un nouvel ordre social, politique, constitutionnel et institutionnel. Il a rendu inévitable la recomposition à terme du champ politique.
Sur cette question de révision constitutionnelle, voire de son opportunité, force est de constater qu’il y a plus de doutes que de certitudes parmi la classe politique et les acteurs de la société civile, hormis bien sûr le FLN et le RND qui, sans surprise, ont été les premiers à exprimer leur satisfaction. Le MSP (islamiste), qui n’est plus à un retournement de veste près, émet des critiques plus sur la forme que sur le fond, tout en observant un silence pudique sur les détenus d’opinion. Pour le PAD (Partis de l’alternance démocratique), «le pouvoir a décidé de dérouler sa feuille de route dans une situation d’exception pour exclure, une fois de plus, le peuple algérien du choix de son devenir». Quant à Jil Jadid, il y voit « un rééquilibrage assez significatif des pouvoirs », disant contrairement au MSP qu’« il faut sortir de la politique de gestion sécuritaire et de répression. Il faut préparer un climat positif où le dialogue prime ».
En effet, un débat large, libre et ouvert sur la révision constitutionnelle est-il possible dans un contexte de dégradation de la situation politique, avec toutes ces arrestations en pleine pandémie de Covid-19 ? Et de quelle crédibilité disposeront ces partis sans base populaire et rejetés par le Hirak pour émettre un avis ? De plus, est-il possible, avec ces lois votées par un Parlement dominé par les partis ayant soutenu le 5e mandat et la « Issaba », limitant la liberté d’expression quand elles ne la criminalisent pas, de débattre librement sans encourir une convocation devant le tribunal ?
Si par exemple, un citoyen critique ce que propose le chef de l’État et les pouvoirs publics, ou s’il met en doute les solutions de sorties de crise proposées par l’exécutif, ne risque-t-il pas de se voir convoquer par la justice pour incitation au « désordre public » ou accusé d’être « à la solde de l’étranger » parce qu’un média étranger aurait repris ses propos ? Et j’en passe…
H. Z.
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