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Rubrique Constances

La rue, pour quoi faire ?

Il est beaucoup question de la rue, ces derniers jours, et il en sera sans doute question pour un moment. Il y a déjà eu quelques marches sporadiques à des endroits épars du pays et parfois dans des bourgades que personne n’attendait. Personne ne les attendait parce qu’elles n’ont pas vraiment la réputation de couver des colères particulières ni d’être des bastions traditionnels de la contestation politique.

Eparses et éloignées les unes des autres, elles ont certainement été différentes dans leur niveau de mobilisation, dans les mots d’ordre «associés» et peut-être bien dans la durée et le mode d’organisation.
Enfin, là où il y en a eu. Trois choses en commun tout de même : la première est que personne ne sait qui a été à l’initiative, puisque personne n’y a publiquement appelé en s’identifiant. Ni parti, ni association, ni syndicat, ni personnalité connue. La seconde est que, partout, elles se sont déroulées dans l’ordre, elles ont été pacifiques et à aucun moment elles n’ont été empêchées par les forces de sécurité. Le mot d’ordre majeur a été partout le même : contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Il y a bien eu des slogans «associés» comme c’est écrit plus haut mais l’impression est très nette : ils sont plus l’émanation de quelques inspirations dans le feu de l’action que d’un discours convenu. Deux d’entre ces marches ont été entamées à la sortie d’un stade de foot. A Béjaïa, les supporters ou supposés tels ont prolongé une colère motivée par la mauvaise saison du Mouloudia local, pour «improviser» une protesta contre la candidature du Président. A Alger, c’est à peu près la même chose, sauf que l’USMA n’est pas vraiment en crise de résultats. On attendait la galerie de ce club plus dans la parade triomphale que dans la grogne des mécontents. Mais on a fait comme ceux du MOB. C’est fou, à moins que ce ne soit troublant, entre Bougie et Alger, on a fulminé pour la chose et son contraire. Mais il y a eu d’autres bourgades pour les mêmes mots, les mêmes rangs, les mêmes couleurs et la même… sérénité que la police n’est pas venue troubler. Comme dans un conte de fées, on a marché tranquillement contre la candidature de Bouteflika, avant de rentrer tranquillement à la maison. Ce serait intéressant de savoir s’il y a eu des œillets. En attendant les prochains jours, il y a ceux qui ont peur parce qu’il y a des raisons d’avoir peur. Il y a ceux qui sourient dans le coin de la lèvre parce que, mortellement perspicaces, on ne la leur fait pas. C’est «travaillé», qu’ils disent. Il y en a d’autres, ceux à qui on ne fait pas peur. Ils jurent de marcher parce que les appréhensions, les craintes et les avertissements sortent d’un laboratoire, le même. Il y a ceux qui demandent à comprendre. Difficile. Ce n’est jamais évident quand ça part dans le prolongement d’un stade de foot. C’est toujours inquiétant, quand ça démarre à la sortie des mosquées.
S. L.

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