Depuis qu’elle a été révélée, l’affaire des sept
quintaux de cocaïne n’arrête pas de nous livrer des «informations» aussi
«croustillantes» les unes que les autres. Pourtant, on ne peut pas
vraiment dire que l’information officielle en l’occurrence est un modèle
du genre. Mais il se peut qu’on communique très bien sur la question. En
la matière, nous avons appris à nous poser des questions sur la
sincérité des «révélations» et sur les motivations de la (ou les)
source(s). Souvent à raison, même si notre propension à tirer des plans
sur la comète n’a jamais été démentie, nous sommes convaincus que tout
ce qui est jeté sur la place publique dans ce genre de scandales n’est
que poudre aux yeux. Dans le meilleur des cas, ce n’est pas toute la
vérité. Et dans le pire, ce n’est que pures mensonges. Déjà que dans
d’autres affaires, autrement moins spectaculaires par leur volume et par
l’identité des gens mis en cause, l’opinion, échaudée, a toujours été
d’un tenace scepticisme. Il faut dire qu’il est un peu tard, pour faire
admettre à l’Algérien certaines choses. Qu’il soit ordinaire ou
prétendant au secret des dieux, il a ses certitudes : en dehors du menu
larcin, il n’y a plus de délinquance et de criminalité… ordinaire. Les
gouvernants ne nous ont pas habitués à communiquer dans le sens de
l’éclatement de la vérité et du respect du processus judiciaire mais
plutôt dans le sens de l’entretien de l’opacité et surtout de la
sauvegarde de l’équilibre stratégique de leurs rangs. On va alors
chercher l’information là où on veut bien la donner, quitte à se
résoudre à entendre… exactement ce qu’on a envie d’entendre. Bien
évidemment, ça peut partir dans tous les sens, du vraisemblable au plus
farfelu, mais les états jurisprudentiels en la matière nous ont
enseignés que «ce qu’on a envie d’entendre» est rarement loin de la
vérité. On peut forcer le trait, histoire de mettre un peu de couleur
dans les faits, on peut passer à côté de certains détails mais sur
l’essentiel, on est souvent juste. Et quand, en plus, c’est
l’information officielle qui nous livre… l’essentiel, c’est-à-dire
l’implication déclarée d’hommes appartenant aux institutions les plus
soumises à l’exemplarité… S’ajoutent alors des questions aux questions.
D’abord celle-ci, qui a des relents de certitude : si on nous a livré
des magistrats, des maires, le fils d’un ancien Premier ministre, un
ancien wali et un collaborateur du DGSN, est-ce qu’il n’y a pas plus
haut dans la hiérarchie qu’on veut protéger en sacrifiant - comme
d’habitude - des seconds couteaux ? Puis celle-là : pourquoi un pouvoir
qui n’a pas l’habitude de se tirer une balle dans le pied le ferait-il
«maintenant» alors qu’il s’est sorti sans encombre d’affaires aussi
sinon plus scandaleuses que «la 701» ? Comme cette dernière question est
plutôt un commentaire, on attend, pour être fixés, plutôt le printemps
que le procès.
S. L.
S. L.