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La paix par le sport

Les jeux olympiques d’hiver qui se déroulent en ce moment en Corée du Sud ont permis, une nouvelle fois, d’apprécier le rôle que peut jouer le sport dans le rapprochement des peuples et la pacification des relations. La participation des athlètes de la Corée du Nord à ces jeux et l’invitation qui a été transmise au chef d’Etat du pays organisateur de ces joutes olympiques, pour se rendre chez son voisin du Nord, avec lequel il entretient des relations tendues depuis longtemps, constitue un fait marquant qui a presque éclipsé l’événement sportif de la scène médiatique mondiale.
Les menaces réciproques entre les USA et la Corée du Nord, depuis l’élection de Donald Trump en 2016, ont fait craindre le pire dans les relations entre les frères ennemis du continent asiatique. La tension, qui ne cessait de s’aggraver entre deux présidents qui semblaient plus préoccupés par leur ego que par les conséquences dramatiques d’un éventuel conflit guerrier, inquiétait sérieusement les populations coréennes en premier lieu et l’opinion internationale en second lieu quant aux répercussions d’un tel affrontement.
La proximité des dirigeants sud-coréens avec ceux de la première puissance mondiale faisait craindre une escalade dangereuse avec le voisin du Nord, en cas d’agression armée décidée par le président américain contre l’un des rares bastions communistes encore fortement ancrés dans le monde.
Les démonstrations de force largement médiatisées par le dirigeant nord-coréen témoignaient de la détermination de ce dernier à ne pas se laisser intimider par les menaces répétées et provocatrices de Trump. La cible privilégiée semblait toute indiquée, à travers le régime de Séoul, frère ennemi de longue date et partenaire stratégique des Américains. L’arrivée des Jeux olympiques d’hiver, programmés dans la capitale sud-coréenne, allait être une opportunité inespérée pour atténuer la tension entre les deux voisins asiatiques, après la confirmation de la participation des athlètes nord-coréens.
La délégation de Pyongyang, accompagnée par la sœur du président de la RPDC (République populaire démocratique de corée) pour les Jeux olympiques de Séoul, a contribué à atténuer la tension entre les deux pays, montrant ainsi que la diplomatie sportive pouvait être plus efficace que la diplomatie politique. Cet événement n’est pas sans rappeler la fameuse «diplomatie du ping-pong» qui a vu la participation américaine aux 31es championnats du monde de tennis de table qui se sont déroulés en 1971 à Pékin, après une rupture diplomatique entre les deux pays qui remontait à 1950.
Cette présence sportive des athlètes US allait être à l’origine, une année plus tard, de la visite du président américain, Richard Nixon, dans la capitale chinoise, permettant ainsi de mettre un terme à un gel diplomatique de plus de 20 ans.
Les jeux olympiques d’hiver, qui se déroulent en ce moment à Séoul, pourraient peut-être entrer dans l’histoire, à travers une réflexion et une prise de conscience qui pourraient être à l’origine d’une réunification des deux nations, souhaitée par des milliers de familles séparées malgré elles par un protectorat instauré par les USA et l’Union soviétique en 1945, suite aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale.
Les relations politiques entre les deux pays nouvellement créés et physiquement séparés à partir de 1948, allaient devenir de plus en plus tendues, du fait des options idéologiques diamétralement opposées.
Les démarches politiques n’ont pas réussi à rapprocher les deux peuples séparés, pour lesquels l’arrivée de Trump à la tête des USA, d’une part, et la fougue du jeune dictateur nord-coréen, d’autre part, ont fait craindre le pire. La manifestation sportive octroyée à Séoul par le CIO cet hiver a été une belle opportunité pour atténuer la tension entre les frères ennemis asiatiques et entrevoir peut-être des relations apaisées entre les deux populations.
Cet événement politico-sportif confirme que le sport, phénomène social par excellence, peut constituer un outil inégalable de rapprochement des populations en conflit, lorsqu’il est utilisé sainement, en dehors de l’esprit de chauvinisme et de nationalisme exacerbé. Lorsque ces derniers interfèrent, le sport peut, malheureusement, être à l’origine de conflits dramatiques tels que «la guerre de 100 heures» entre le Salvador et le Honduras, suite à une rencontre qualificative de football, qui a fait plus de 2000 morts.
La rivalité nationaliste entre l’Algérie et l’Egypte a également failli dégénérer en conflit diplomatique, suite au match qualificatif à la Coupe du monde de 2010, n’était la sagesse affichée par nos responsables politiques qui avaient évité de répondre aux provocations répétées des pharaoniens. Nous gardons aussi en souvenir le rôle joué par notre glorieuse équipe de football du FLN pendant la révolution, faisant dire à Ferhat Abbas que nos footballeurs avaient permis à notre révolution de faire un bond diplomatique de 10 ans. Nous avons également en mémoire la réaction chauvine d’Hitler face à la mémorable prestation de l’athlète noir américain, Jesse Owens, quadruple médaillé d’or lors des Jeux olympiques de Berlin 1936. Tous ces événements, les uns pacifiques, les autres aux conséquences condamnables, montrent que le sport en général et le football en particulier ont toujours eu un impact politico-social important. La forte implication de l’argent, ces dernières années, à travers le sponsoring, fait du sport un véritable phénomène social et, du sportif, un facteur promotionnel économique et diplomatique inégalable. Le travail que réalise l’association Paix et Sport, présidée par l’ancien olympien Joël Bouzou et parrainée par le prince Albert de Monaco, est à prendre en exemple, car il a souvent réussi des rapprochements, par des manifestations sportives, que les démarches politiques n’ont pas pu obtenir.
Au niveau national, les efforts réalisés par l’association Ouled El-Houma de Abderrahmane Bergui sont également à saluer et à encourager, car ils ont permis parfois d’atténuer des tensions entre jeunes de quartiers, qui auraient pu dégénérer en conflits incontrôlables. Le sport doit mériter plus d’attention de la part des responsables politiques, afin de lui faire jouer un rôle de canalisation saine de la jeunesse et éviter à cette dernière le recours à la violence et à la délinquance. Pour cela, il faut prendre conscience de la nécessité d’une véritable politique du sport et non d’une instrumentalisation politique du sport.
R. H.

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