Dans les «Soir corruption» des 15 et 29 janvier 2018, nous avions évoqué les conditions dans lesquelles l’ENGTP (Entreprise publique, grands travaux pétroliers, filiale de Sonatrach) avait lancé des avis d’appel d’offres pour des marchés de sécurité et de gardiennage : «Gestion des marchés par l’ENGTP/Autopsie d’un rejet de soumission», le 15 janvier 2018, et «L’ENGTP et les marchés/Affaire (s) à suivre ou comment fauter sur toute la ligne !», le 29 janvier 2018.
Un bref rappel de notre enquête : deux entreprises se font face. La première, l’ENGTP ; la seconde, SGS Sogiss (Sarl à capitaux publics, gardiennage et sécurité). Au milieu un «avis d’appel d’offres national ouvert» émis par l’ENGTP et pour lequel a soumis la Sogiss.
L’offre de cette dernière est rejetée précocement dès l’ouverture des plis, rejet qu’elle conteste. Or, l’ENGTP est coactionnaire de la Sogiss, faisant même partie des entreprises publiques l’ayant créée en 1994 dans une période de très graves menaces terroristes.
La Sogiss a une expérience de 25 ans et l’ENGTP lui a déjà attribué par le passé des marchés, même de gré à gré, comme l’y autorise la réglementation en vigueur. D’ailleurs, les responsables de la Sogiss s’étaient interrogés sur les raisons du revirement de l’ENGTP à l’égard de leur société, Sogiss, qui est de loin la plus importante entreprise du secteur de la sécurité et du gardiennage, employant plus de 1400 personnes.
Le «choix» de mauvais prestataires peut
avoir des conséquences désastreuses !
Après la publication de notre enquête, la Sogiss a reçu nombre de soutiens de ses partenaires et «clients» traditionnels, louant son savoir-faire, sa compétence et son expérience. Mais elle a été aussi destinataire de rappels à l’ordre déguisés, voire d’étranges et inappropriées mises en garde de la part de personnes «intéressées», «acteurs» dans le secteur de la sécurité et du gardiennage, où on lui demandait de cesser de médiatiser cette «affaire» avec l’ENGTP ! Est-il besoin de préciser que ce secteur très sensible de la vie économique du pays draine chaque année des milliards de dinars et que le «choix» de mauvais prestataires — n’ayant ni la compétence ni les moyens nécessaires —, peut avoir des conséquences désastreuses, notamment au niveau de sites pétroliers dans le sud et l’extrême sud du pays ? Malheureusement, il y a eu des précédents fâcheux qu’il faut toujours avoir en mémoire quand on est décideur dans l’octroi de ce type de marchés.
Fait insolite : quelques jours après la publication de notre enquête, l’ENGTP a annulé, en février dernier, les 2 avis d’appel d’offres évoqués, comme sa réglementation interne sur les marchés l’y autorise et, il y a quelques jours, elle a publié de nouveaux avis d’appel d’offres pour les marchés en question. Nous continuerons à informer nos lecteurs sur les suites éventuelles de cette affaire…
D. H
