Depuis l’avènement de l’un des virus les plus meurtriers de l’Histoire récente, l’hécatombe n’a pas épargné les gens de l’art et de la culture, en Algérie comme ailleurs.
Artistes, écrivains, intellectuels, philosophes… le Covid-19 a sévèrement touché le monde de la culture à travers le monde. Le décompte macabre de ces derniers mois fait état de centaines de morts dans les différentes disciplines de création.
En Algérie d’abord où la dernière vague de la pandémie, aggravée notamment par la pénurie d’oxygène et une prise en charge défaillante, a emporté nombre d’acteurs du champ culturel et artistique.
Le chercheur universitaire spécialiste du raï et de la littérature algérienne, Hadj Miliani, figure dans cette accablante chronique nécrologique quasi-quotidienne. Emporté par le virus en quelques jours, il avait soixante-dix ans et une vie entière consacrée à la recherche et à ses étudiants.
Figure emblématique de la culture oranaise et personnage attachant et fantasque, sa joie de vivre et son humour élaboré n’avaient d’égal que sa rigueur et sa passion pour l’art et la littérature. Ses publications au sein du Crasc, ses critiques littéraires et artistiques ainsi que ses différents ouvrages témoignent d’un intellectuel totalement engagé dans la production du sens et l’analyse esthétique.
Quelques jours plus tard, le 22 juillet, c’est une annonce tout aussi affligeante qui s’abat pas loin de là, à Sidi-Bel-Abbès, où le metteur en scène, dramaturge et ancien directeur du théâtre régional Hassen-Assous, rend l’âme, quelques jours seulement après sa contamination par le virus. Sa passion pour le quatrième art et pour sa ville d’adoption et de cœur l’ont incité à ne ménager aucun effort pour redonner vie au TR Bel-Abbès et à dynamiser, de la sorte, la vie culturelle locale, notamment grâce au Festival régional qui se distinguait par sa programmation de qualité et les précieuses découvertes qu’il aura permis au public et aux critiques.
Le 26 juillet, la Kabylie apprenait le décès prématuré de l’un de ses meilleurs enfants : Samir Arkam, jeune informaticien et berbériste dévoué, succombait au Covid-19, laissant derrière lui deux petites filles. On lui doit notamment le travail colossal entrepris pour intégrer la langue berbère dans les plateformes internet et les réseaux sociaux ainsi que l’élaboration d’applications et de claviers en tamazight adaptés aux nouvelles technologies.
Le 11 juillet, le réalisateur Lyazid Khodja, également directeur de la salle de cinéma Cosmos, mourrait à l’âge de 76 ans. D’abord monteur dans de célèbres films algériens dont Hors la loi de Tewfik Farès et Nahla de Farouk Belloufa, il co-réalise en 2004 avec Rachid Benallal L’insoumis, un passionnant bio-pic consacré au poète kabyle Si Mohand u Mhand. Pendant ce temps, aux quatre coins du monde, des dizaines de créateurs succombent au virus, à l’instar d’Elias Rahabani, compositeur, parolier et chef d’orchestre libanais disparu le 4 janvier 2021 à l’âge de 83 ans. On lui doit notamment les paroles et la musique de plusieurs chansons de Fayrouz dont il était le beau-frère.
Le 25 avril, le dramaturge et metteur en scène franco-chilien Oscar Castro succombait, lui aussi, à l’âge de 74 ans laissant derrière lui une œuvre dense tant théâtrale que cinématographique et littéraire : il a en, effet, écrit ou mis en scène une cinquantaine de pièces, publié divers textes et romans et contribué à de nombreux films de grands cinéastes tels que Claude Lelouch, Luis Sepulveda, Thomas Gilou, etc.
Le 5 juillet dernier, le réalisateur et acteur russe Vladimir Menchov s’éteint à l’âge de 81 ans des suites du Covid-19. Figure importante du cinéma soviétique puis russe, il a réalisé une dizaine de films dont La farce (1976), Moscou ne croit pas aux larmes (1979), Amour et pigeons (1984), etc.
S. H.
