Mémorable ! C'est le moins que l'on puisse souligner du concert envoûtant de Takfarinas, animé samedi soir au stade scolaire de la ville de Béjaïa à l’ouverture de la 16e édition du Festival de la chanson amazighe qu’organise annuellement le comité culturel de la commune de Béjaïa.
La star de la chanson moderne kabyle Takfarinas retrouve Béjaïa où elle ne s'est pas produite depuis près de 6 ans. L’artiste revient grâce à la précieuse contribution de l’ONDA pour un spectacle explosif dans la cité des Hammadites où il a réussi à subjuguer le nombreux public présent à l’occasion de l’événement culturel dédié au défunt chanteur Bouhi Abdelkader, décédé il y a quelques années, mais également à l’une des icônes de la chanson kabyle, Boudjemaâ Agraw avec lequel, faut-il le rappeler, la star de la yal musique kabyle a pratiquement fait ses débuts remarqués au milieu des années 1970 dans le mythique groupe Agraw.
Une véritable marée humaine a déferlé à Béjaïa dans la soirée de samedi. Ils sont venus de partout. Des villages des différentes municipalités de la wilaya pour assister à ce concert événement de l’un des plus grands noms de la chanson algérienne en général et de la chanson kabyle en particulier. Une heure avant le début du concert, les tribunes et le terrain étaient déjà noirs de monde.
De nombreuses familles ont tenu aussi à assister au spectacle. Comme il fallait s'y attendre, la soirée a été remarquablement chargée d'émotion.
Le moment fort reste incontestablement les retrouvailles avec son ancien compagnon du groupe Agraw, Boudjemaâ, après une très longue «séparation».
L’événement culturel dédié également à Boudjemaâ Agraw a été aussi pour Takfarinas l’occasion de se «réconcilier» avec son ancien ami et ex-compagnon du même groupe Agraw. Il faut dire que les deux membres du groupe Agraw qui se sont séparés en 1984 ne se sont plus «croisés» depuis l’hommage rendu en 2005 à Paris au fils du chanteur engagé kabyle, Ferhat Mhenni, Meziane assassiné un année plus tôt pour rappel dans la capitale française.
Boudjemaâ Agraw ne s’est d’ailleurs même pas rendu au concert de Takfarinas durant l’été de l’année 2012 dans le cadre d’une tournée organisée par le ministère de la Culture.
Samedi dans la soirée, le groupe s’est reconstitué l’espace de deux chansons, la première, un tube de Ferhat du groupe Imazighène Imoula, «Ghouri Amdekel» pour souligner «l’amitié» qui existait entre les deux chanteurs, sur un texte de Mohia, et la deuxième, «Lasswar Zenine», hommage aux détenus du Printemps berbère 1980, une chanson du légendaire groupe Agraw. C’est vers les coups de 22 heures que le king de la chanson yal apparaît enfin sur scène.
Le public a été pris d'une émotion qui ne finira pas de monter toute la soirée. C'est avec des applaudissements, youyous stridents et cris de joie que Takfarinas a été accueilli par le public béjaoui. L’artiste entame le spectacle avec sa célèbre chanson Azul.
Durant pratiquement les deux heures trente du concert, dans une communion totale avec son public, l’artiste a repris une vingtaine de chansons de son riche répertoire. «Douga Douga», chanson dans tabagriri, «Arouah», «Ouiza», «Waytelha», «Zaâma», etc. ont été, pour ne citer que ces célèbres tubes repris pour ce spectacle, ont envoûté l'assistance. La chanson «El waldine», dédiée à tous les présents, a suscité une lourde émotion parmi le public.
En somme, la soirée de samedi restera pour longtemps gravée dans la mémoire du nombreux public qui s’est déplacé au stade scolaire en attendant une autre soirée explosive avec un autre monstre sacré de la scène Mohamed Allaoua, programmée pour le mercredi 15 août au même stade scolaire à partir de 22h dans le cadre de la même manifestation culturelle.
Il convient de signaler que le directeur général de l’ONDA a remis des cadeaux et des chèques aux deux chanteurs mis en lumière lors de cette 16e édition du Festival de la chanson amazighe, feu Bouhi Abdelkader et Boudjemaâ Agraw.
A. Kersani
