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Rubrique Haltes Estivales

Pour les beaux yeux du Makhzen !


Je dois avouer que je n’ai pas bien digéré la mise à l’écart de notre ancien ministre des AE pour lequel, et comme de nombreux Algériens, j’avais beaucoup de respect et d’admiration. Il faisait partie de cette longue lignée de diplomates de haut rang qui ont porté notre politique étrangère à son firmament. M. Lamamra exprimait des positions en parfaite conformité avec la longue histoire de la diplomatie algérienne, toujours soucieuse de défendre le droit et la justice, toujours aux côtés des peuples en lutte contre l’occupation et les agressions impérialistes. Le changement à la tête du ministère des AE coïncidait avec un étrange silence sur les dossiers les plus importants de l’actualité internationale ! Changement de cap décidé plus haut et dont il sera l'exécutant ? On ne sait pas trop. Mais les faits sont là : sur la Syrie, silence radio alors que la position algérienne a été plus qu’honorable sur ce dossier au moment où tout le monde avait misé sur la chute du gouvernement légal et la victoire des agresseurs. Silence sur les massacres au Yémen et les horreurs d’une guerre oubliée : les Arabes, quand ils décident de former une coalition, c’est pour tuer des enfants arabes ! Silence sur les plans impérialo-sionistes visant l’Iran, nourris par les rancœurs des forces rétrogrades arabes. Silence sur les crises proches et lointaines et, même sur le dossier libyen où le nouveau ministre fut très actif sur le terrain, nous passons d’interlocuteur incontournable à un élément de décor dont on rappelle juste les bonnes intentions mais sans participation active aux décisions prises. Pour preuve, cette réunion de réconciliation inter-libyenne à l'Elysée sans l'Algérie ! Léger recul sur la problématique malienne où la France tente également d’écarter l’Algérie. Silence sur le dossier nord-coréen. Silence sur les périls qui pèsent sur le Venezuela ami et visite rocambolesque de son Président. Tout cela ne reflète pas les positions et l’esprit de notre diplomatie et, surtout, ne correspond en rien à la politique prônée depuis toujours par Abdelaziz Bouteflika.
C’est une véritable énigme qui ne trouve aucune explication logique ! Jusque-là, Lamamra arrivait à naviguer avec intelligence et cohérence entre les fondamentaux de la tradition diplomatique révolutionnaire algérienne et les impératifs de la realpolitik. C’est comme si, subitement, l’Algérie n’avait plus de voix sur les mutations qui transforment le monde. Pourtant, tout ce qui arrive maintenant va dans le sens des positions défendues par notre diplomatie qui a combattu les guerres et les agressions et soutenu les peuples en lutte pour leur libération. Les victoires successives contre le terrorisme islamiste donnent raison à la solution militaire mise en pratique dans les années 1990 ! La fin du monde unipolaire et l’apparition de forces d’équilibre, généralement progressistes et proches de l’Algérie, auraient dû renforcer nos positions et nous donner plus de détermination et d’énergie à notre diplomatie. Au lieu de cela, nous nous sommes confinés dans un discours creux qui répète à l’infini les prétendus succès de la «déradicalisation» alors que l’année 2017 aura été marquée par une islamisation féroce de la société et la poursuite de son arriération sociale et culturelle. Je le dis et le répète car je ne suis nullement dans l’obligation de tenir un discours de complaisance qui contredirait ce que je vois et vis à 700 kilomètres de la capitale.
Si mon introduction est si longue, c’est pour dire que je ne suis pas dans les dispositions de quelqu’un qui applaudirait M. Messahel pour ce qu’il a fait ou dit. Et si je le fais aujourd’hui, c’est parce que, justement, le ministre des AE vient de briser cette longue série de silences assourdissants par une déclaration tonitruante sur le Maroc. Bonne pour certains, mauvaise pour d’autres, cet épisode a le mérite de réveiller la diplomatie algérienne de son long sommeil, même si les activités protocolaires n’ont jamais cessé ! Vous allez me dire que la bonne santé d’une diplomatie ne se juge pas aux insultes proférées, ni à l’hostilité verbale contre un voisin. Je crois d'abord qu’il n’y a pas insulte lorsqu’on dit une vérité : oui, le royaume du Maroc est une terre de culture de cannabis et tout un système économique basé sur l’exploitation et l’exportation du kif existe dans ce pays. La presse internationale et même l’ONU reconnaissent ces vérités criantes et il n’y a donc aucune raison d’accabler M. Messahel qui a été finalement moins hypocrite que beaucoup d’autres acteurs politiques.
Parlons de l’hostilité verbale ! Sur ce registre, les responsables marocains détiennent la palme. Le Makhzen a été beaucoup plus loin. Durant la décennie noire, il a permis à des centaines de terroristes de rentrer clandestinement par la frontière ouest. Étrange passivité dans une zone où la vigilance est à son summum ! Par ailleurs, et à chaque crise entre les deux pays, des «opposants» sortent pour demander l’annexion de Tindouf et Béchar qui seraient des terres marocaines usurpées par l’Algérie. C’est devenu une rengaine ! On ne compte plus le nombre de fois où des officiels marocains ont insulté l’Algérie, sali son histoire, porté atteinte à son peuple…Quant à la presse marocaine, elle ne rate jamais l’occasion de dire du mal de notre pays.
Même le roi s’était mis de la partie en automne 2014, lorsque, affolé par les prises de position de l’ancien secrétaire général de l’ONU, il se mit à déverser une haine sans pareille sur l’Algérie, nous faisant réagir dans une chronique du 13 novembre 2014 en ces termes : «Ah ! Si Boumediène était là ! Mohammed VI aurait reçu, dans les heures qui suivent sa virulente attaque contre l'Algérie, une riposte verbale vigoureuse et nette. On est comme ça chez nous, les révolutionnaires : on ne se tait pas devant l'outrage et la diffamation, surtout quand ils proviennent des agents régionaux de l'impérialisme, ses serviteurs zélés et les protecteurs vigilants de ses biens en terre maghrébine. Tout ce que n'est pas le vaillant peuple marocain qui a tissé, par le feu et le sang, des légendes de bravoure et de patriotisme inscrites en lettres d'or dans notre histoire commune. Ce peuple est malheureusement berné par une cause fallacieuse devenue ‘’sacrée’’, celle de l'occupation d'un territoire étranger, et qui demeure, malgré toutes les tentatives d'en masquer la nature, un problème de décolonisation tel que reconnu par les Nations-Unies.»
En fait, c’est là qu’il faut chercher le cœur du problème. L’Algérie aurait été un bon voisin si elle avait cessé son appui au peuple sahraoui, faisant comme tous les Etats de la région, ceux du sud et du nord de la Méditerranée dont beaucoup d’hommes politiques se font acheter par le Makhzen quand ils ne sont pas mêlés à des affaires de pédophilie et à des scandales sexuels ! Mais, malgré un lobbying féroce, certaines consciences libres arrivent à exprimer la voix de la justice et du droit comme c’est le cas pour tous ces parlementaires réunis actuellement à Paris !
Quelle que soit la «faute» attribuée à M. Messahel par ceux qui auraient voulu entendre un langage fleuri et des louanges glorifiant le Makhzen, je continue à croire qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat sauf si l’on veut culpabiliser pour mieux attaquer. Juste un rappel à la fin de cet article : en pleine crise du Rif, la presse algérienne n’a pas appelé au séparatisme, ni fait de ces manifestations l’événement majeur de ses «Unes». Un problème intérieur, avions-nous pensé, avec le souhait que cette agitation ne remette pas en cause la stabilité et l’unité du royaume marocain… Nous n’avons jamais cultivé cette plante vénéneuse appelée traîtrise, ni envers un peuple valeureux qui se trouve être notre voisin, ni envers l’Algérie, notre terre et notre rêve, que certains vendent pour des dirhams et des séjours agités dans des «riads» libertins.
M. F.

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