L’aveu involontaire de Catherine Colonna

C’était prévisible, ils le savaient tous, ça ne les a pas empêchés de se ranger derrière Israël. Pas un seul État du monde occidental, pas un dirigeant des grosses organisations politiques et partis de cette sphère, pas un propriétaire de grand média influent ne pouvait ignorer que la vengeance d’Israël aboutirait à rayer de la carte des territoires palestiniens Ghaza et sa population. Nul ne pouvait ignorer que Netanyahou et son gouvernement de boutefeu surferaient sur l’émotion suscitée par l’attaque du 7 octobre pour se donner un blanc-seing international afin de neutraliser ce qui reste de l’incarnation d’une solution politique à la crise, c’est-à-dire deux États.
Tous ceux qui clamaient haut et fort dans le concert dirigé par Netanyahou taxant les opposants au génocide d’antisémites, que la destruction de Ghaza est une mesure destinée à assurer la sécurité d’Israël savaient au fond d’eux-mêmes que c’était faux. Ils savaient que l’objectif était de détruire la bande de Ghaza et sa population. Souvenons-nous que beaucoup de gouvernements, pour ne pas dire tous les gouvernements occidentaux, ne soutenaient même pas l’idée d’une trêve. Quand quelqu’un comme Jean Luc Mélenchon appelait à un cessez-le-feu, on l’accusait quasiment de faire l’apologie du terrorisme.
Deux mois plus tard, l’aveuglement d’Israël est plus flagrant et ses desseins plus précis. Même Catherine Colonna se réveille. Ministre des Affaires étrangères du pays de De Gaulle et de Chirac, elle avait jusqu’alors multiplié les allégeances à Israël et aux États-Unis dans le geste commun d’aggravation de l’injustice à l’égard du peuple palestinien. Dorénavant, le massacre des Palestiniens ne pouvant continuer à recevoir l’onction de l’impunité, elle appelle, elle aussi, à un cessez-le-feu. Surtout depuis que l’on a appris qu’un agent consulaire français avait été tué par Israël lors de bombardements ciblés.
N'est-ce pas un aveu involontaire qu’il ne fallait pas suivre les semeurs de feu de la droite israélienne ?
A. T.