La revanche en trompe-l'œil des ex-colonisés

En Grande-Bretagne, l’intégration, ça peut aller loin, sir ! Tout fonctionne en vertu de l’efficacité et avec un certain pragmatisme. Si un profil correspond à un travail, on ne cherche pas d’où il vient. C’est ainsi que les ex-colonisés, devenus citoyens ou nés citoyens, semblent accéder à des responsabilités politiques au plus haut niveau. Ce n’est pas partout pareil !
Après le maire de Londres Sadiq Khan, d’origine pakistanaise, un pas de plus est franchi dans la revanche des colonisés de l’ex-puissance coloniale britannique. Pour la première fois de son histoire, la Grande-Bretagne va voir accéder à la haute fonction de chef de gouvernement tout simplement «un non-blanc», comme le titre à profusion la presse. En effet, les Tories, le parti conservateur anglais, vient de désigner Rishi Sunak, l’un des leurs et néanmoins petit-fils d’immigrés indiens, comme futur Premier ministre.
Le maire de Londres, Sadiq Khan, est d’origine modeste. Il est né dans les faubourgs populaires de Londres et a vécu comme les jeunes des banlieues. Ce n’est pas le cas de Rishi Sunak (42 ans), le futur chef du gouvernement. Né à Southampton dans une famille de la classe moyenne, père médecin, mère pharmacienne, cet ancien analyste chez Goldman Sachs est marié avec l’une des femmes les plus riches du pays, fille de la cinquième fortune indienne. Il a par ailleurs suivi le parcours classique de l’élite britannique : université d’Oxford en Angleterre, puis Stanford aux États-Unis. Rishi Sunak a été ministre des Finances de Boris Johnson.
Si Rishi Sunak peut être considéré comme un parfait exemple de l’intégration à l’anglaise, sa fortune qu’il affiche de façon ostentatoire à travers son train de vie et sa luxueuse villa ne fait pas de ce fils d’immigrés un personnage bien sympathique. Une vidéo virale le montre jeune, se vantant de ne pas avoir d’amis dans la classe ouvrière.
Comme quoi, la fracture est ailleurs, entre le riche et le pauvre.
A. T.