PAR SORAYA NAILI On les imite pour les railler. Les snobs ne sont pas en odeur de sainteté. Leurs langage, comportement, gestes, style vestimentaire et suffisance clochent. Décalage avec le commun des mortels. Planqués dans leur tour d’ivoire, les snobs regardent le monde de haut. Méprisants, arrogants, vaniteux, ils considèrent appartenir à une élite sociale et n’entendent pas se mélanger à ceux qui sont en bas de l’échelle.
Mais d’abord, qu’est-ce que le snobisme ? Voici une définition parmi tant d’autres : le snobisme est une admiration inconditionnelle pour les manières, les opinions en vogue dans les milieux considérés comme distingués et qui se manifeste par une imitation servile de leur comportement. On peut être snob à cause de l’éducation reçue dans sa propre famille ou en jouer pour en mettre plein les yeux aux autres. Que pensez-vous des gens snobs ? Nous avons posé la question autour de nous. Témoignages :
Fatiha, 38 ans «Je n’aime pas me retrouver face à des gens snobs. Je les trouve trop imbus de leur personne, trop coincés, trop précieux, trop maniérés. Leur apparente froideur vis-à-vis des êtres simples renvoie une image peu flatteuse d’eux. Ils crânent et se prennent pour des êtres supérieurs. On a juste envie de leur crier : ‘‘Hé! ho ! redescendez sur terre ! Après tout, nous sommes de chair et de sang. De simples mortels qui finiront tous les pieds devant. Venez vous joindre à nous. Vous piquerez de gros fous rires et passerez de bons moments.’’ Les snobs ont la réputation de ne pas être sympas. Ils sont toujours entre eux, fréquentent les endroits huppés, s’habillent avec des vêtements griffés et observent avec mépris les gens qui ne sont pas du même statut que le leur. C’est une sorte de secte.»
Sarah, 29 ans «On m’a souvent collé l’étiquette de ‘‘fille snob’’. J’ai de tout temps entendu des choses à mon sujet du style ‘‘tal3abha’’, ‘‘tatkabar’’ (elle se la joue, elle crâne), pour qui se prend-elle ? Il est vrai qu’à première vue, je peux sembler distante et froide, inaccessible. De par l’éducation reçue par mes parents, j’ai appris à être réservée, à avoir de la retenue. Je suis consciente que cette éducation a affecté mes gestes qui semblent empruntés, mon langage qui est maniéré. Mais je ne le fais pas exprès. Je peux paraître snob, voire antipathique de prime abord, mais les gens qui prennent la peine de venir vers moi changent très vite d’avis. Le masque tombe dès qu’on m’approche. Je ne suis pas une sauvage ni une prétentieuse comme je l’ai souvent entendu dire. Il est important d’aller au-delà des apparences.»
Mahfoud, 43 ans «Cette façon de crâner, de marcher presque en lévitation, de se donner des airs princiers, de prendre le monde de haut, de regarder avec mépris ceux ‘‘d’en bas’’ qu’adoptent les snobinards m’insupporte. D’ailleurs, lorsque la vie les met sur mon chemin, je me fais un plaisir fou de leur rabattre le caquet. Ils ratent tellement de belles occasions de passer des moments sans artifice avec des gens simples. Pauvres peut-être matériellement, mais tellement riches de cœur. Les snobs ne se fréquentent qu’entre eux. Ils ont leur univers parallèle. Un monde trop conventionné, trop coincé. Les snobs ne se rendent pas compte combien ils sont ridicules.»
Nawel, 45 ans «Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac lorsqu’on parle de snobisme. Il arrive qu’on traite une personne de ‘‘bobo’’ ou de ‘‘snob’’ avant de découvrir que ce n’était qu’une façade au final. Lors d’une réception, le hasard a voulu que je me retrouve à côté d’une femme qui affichait un air snob : visage pincé, sourire figé, gestes empruntés. Je me suis dit que j’allais passer une mauvaise soirée. Finalement, au cours du dîner, j’ai engagé la conversation avec elle. A ma grande surprise, j’ai découvert une femme drôle, touchante et sympathique. J’ai compris qu’il n’est pas bon de juger les êtres au premier regard. De par leur éducation et leur milieu, certaines personnes peuvent paraître inaccessibles, dédaigneuses, hautaines. Dans certains cas, il ne s’agit que d’une façade.» Snobs, hautins, inaccessibles, insupportables... et si tous ces adjectifs étaient de trop ? Tenter une approche, établir un dialogue, aller vers l’autre peut parfois révéler des qualités insoupçonnables. Ne jugeons pas. Faisons le premier pas. Et n’oublions pas que tous les goûts sont dans la nature !
