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Rubrique Le Soirmagazine

Enquête-Témoignages Célébration de l’Aïd El-Adha

Entre rites religieux et nouvelles modes
Au fil des ans, les fêtes, quelles qu’elles soient, subissent des changements et des mutations au sein de la société. La fête de l’Aïd El-Adha ou fête du sacrifice ne déroge pas à la règle. Nous avons tenté de cerner quelques points dans ces témoignages édifiants.   

Ghania, 62 ans : «Le mouton est pour l’enfant»
Ghania, grand-mère, fait remarquer : «Ce qui m’a le plus étonnée dans notre société, c’est que maintenant nous faisons le sacrifice pour les enfants et non pas pour Dieu.» Et d’expliquer : «Lorsque que nous étions jeunes, il était vraiment rare que les enfants accompagnent le père, oncle ou grand-père pour l’achat du mouton. Nous restions à la maison, à l’affût de sa venue. C’était une décision importante et l’acquisition se faisait pour se rapprocher de Dieu. Maintenant, nous assistons à un achat comme si c’était un jeu ou un amusement. Si l’enfant pleure ou veut avoir un mouton pour le promener, le papa se démène pour en acheter un. Si un gamin réclame la bête comme ses voisins ou copains, la maman fera en sorte de mettre la pression sur son entourage pour l’avoir. Cela se résume à cela. Et le papa est fier de dire, je l’ai acheté pour rendre heureux ma fille ou mon fils ! Je trouve normal de vouloir faire plaisir à ses enfants, mais cela ne doit pas dénaturer l’aspect sacré et religieux de la chose.»

Mourad, 65 ans : «Les combats de moutons»
Mourad, retraité, déplore : «C’est irréel et inconcevable ce qui se produit en Algérie et en pleine ville. Je trouve que nous reculons en termes de vie citoyenne. Sinon, comment expliquer la situation dans laquelle nous sommes ?» Et pour cause, cet habitant d’El Harrach raconte : «Avant, dans notre ville, nous ne savions pas ce que c’est ce genre de combats. Nous en entendions parler comme si c’était des histoires lointaines dans des montagnes éloignées ; aujourd’hui, en pleine rue, on  fait circuler son vieux mouton tout fier comme s’ il s’agissait d’un gladiateur avec tous les artifices autour du cou. 
C’est honteux. Ce n’est pas normal. Après avoir été une activité clandestine et rare, ce type de combat devient plus courant, presque dans la légalité. Des pages facebook et des vidéos leur sont consacrées en toute impunité. 
Les animaux, sortes de gladiateurs sur pattes, participant aux compétitions, sont dopés pour être transformés ‘’en une machine de combat’’.
Ils suivent un programme spécial et on leur taille, certifient les connaisseurs, régulièrement les sabots et leur tonde la toison, afin qu’ils aient un meilleur appétit et prennent du volume. On leur injecte, aussi, certains traitements et leur donne des vitamines pour qu’ils acquièrent puissance et robustesse. 
Le prix d’un ovin ayant fait ses preuves dans ces duels sanglants, pouvant  parfois déboucher sur la mort de l’un des prétendants au titre de champion, peut varier de 0,6 à 1 million de dinars. Et pour l’Aïd El-Kebir, le nombre de combats augmente et devient plus ostentatoire.»

Aziz, 50 ans : «Barbecue de rigueur»  
Mourad affirme : «s’il n’y a pas de barbecue, il n’y a pas de fête.» Pour lui, il s’agit d’une tendance qui s’est généralisée. «Auparavant, les gens faisaient très attention à cela. Nous partagions le mouton avec les voisins, et ce, dès le premier jour. C’est de moins en moins le cas. Certes, il y a encore des familles qui respectent les préceptes religieux de partage, mais nous assistons de plus en plus à une sorte d’égoïsme. Je prends l’exemple du barbecue. Autrefois, les gens s’interdisaient de le faire dans les balcons ou dans des endroits où l’odeur pourrait provoquer l’envie chez les gens. Maintenant, c’est devenu presque banal. Vous voyez les gens faire la queue pour acquérir tous le nécessaire du barbecue et le font n’importe où, même en pleine rue. 
A la rigueur, je préfère les familles qui se déplacent et se rendent dans les forêts ou à la plage dès le deuxième jour pour faire les grillades. C’est bien, d’un côté, cela leur permet d’allier vacances et fête  religieuse, et de se retrouver. De l’autre, leurs maisons sont fermées, donc les retrouvailles de la grande famille n’ont pas lieu. Ce sont de nouvelles modes qui peuvent être positives si elles sont bien pensées.
 
Yasmine, 20 ans : «L’Aïd en vacances»
Yasmine : «Je suis choquée par le comportement de certains membres de ma famille. Mon oncle, par exemple, a décidé de ne pas être présent parmi nous pour l’Aïd, il ne fera même pas le sacrifice pour ne pas être gêné. Cela a étonné beaucoup de personnes dans ma famille,  d’autres ont essayé de relativiser.» Yasmine, étudiante à la fac de droit,  poursuit : «Je voyais certaines de mes amies ne pas être présentes avec leurs proches pour les différentes occasions religieuses, mais pour que cela soit le cas dans ma famille assez conservatrice, je suis stupéfaite.» Par curiosité, elle s’informe sur internet sur cet aspect. Elle déclare : «En faisant des  recherches sur le Net, je suis tombée sur des propositions d’hôtels dans des pays musulmans qui offrent des packs de l’Aïd El-Adha. J’ai été assez surprise et amusée par cette découverte. Par exemple au Maroc, pour attirer les clients qui disposent d’un revenu confortable et qui ne veulent pas faire le rituel dans un appartement, un établissement de Marrakech propose une formule avec cérémonie du sacrifice. 
Les clients se font livrer leur mouton la veille de l’Aïd à l’hôtel. L’animal sera nettoyé, découpé et conservé dans une chambre froide jusqu’au départ des clients, contre un  supplément. Les gestionnaires  expliquent qu’ils ont intégré cette offre depuis plus de 5 ans et ont réussi à fidéliser leur clientèle, qui revient chaque année. 

 

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