En arpentant les artères de la capitale en cet après-midi ensoleillé de novembre, j’étais ahurie par le nombre impressionnant de personnes qui circulaient dans un va-et-vient incessant, en jouant des coudes. Des jeunes filles, pimpantes, des jeunes hommes aux allures de stars, sur leur 31, prennent d’assaut les innombrables magasins de vêtements, chaussures et autres accessoires de mode. Et je me suis rendu compte que ces échoppes poussaient comme des champignons.
On est surtout attiré par les pancartes affichant «soldes». Il ne faut surtout pas rater le coche. Il est presque vital de décrocher la bonne affaire. On scrute les habits dernier cri, la chaussure, la botte, on cherche la griffe ou plus communément la «marque», on se bouscule, on palabre, on hésite parfois, on suffoque, on est par moment déçu, malheureux car notre taille ou notre pointure est introuvable ! On fait la queue devant les cabines d’essayage et, satisfaits de notre trouvaille, on passe à la caisse. Et on exhibe un large sourire, fières et heureuses de nos acquisitions, en pensant au petit ami qui tombera sous le charme de notre nouvel habit. Je cherche pour ma part les quelques librairies qui se trouvent sur mon chemin ; en fait, ce sont les mêmes, il n’y en a pas eu d’autres. Je rentre dans l’une d’elles ; ici on respire bien, on n’a pas chaud. Il n’y a pas foule.
Quelques personnes aux cheveux grisonnants ou tout blancs, lunettes sur le nez, lisent la première page d’un roman dans un silence religieux. On feuillette les manuscrits, parcourt les rayons à la recherche d’une nouvelle parution ou, parfois, sans choix précis. Mais où sont passées les belles demoiselles et les beaux jeunes hommes? Je ne les vois pas. Mais bien sûr, suis-je bête? Elles écument les commerces d’un autre genre. Quelle ringarde je fais !
